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La Reconstruction du Temple

Bienheureux celui qui reconnaît son lieu et qui se tient en son lieu.
Salomon dit à ce sujet : « Si l'esprit qui domine le monde
s'élève contre toi, ne quitte pas ton lieu. »
Ecclésiaste, X, 4

Introduction

Il y a quelques années, alors que j'enseignais le texte de l'évangile selon Saint Jean aux élèves du Grex IIus à Schola Nova, j'avais été profondément intrigué par le verset suivant.

La discussion a lieu juste après que Jésus eut chassé les marchands du temple en renversant leurs tables et leurs sièges : Les Juifs lui dirent : « Quel miracle vas-tu nous montrer, pour agir de la sorte ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. » Sur ce, les Juifs lui dirent : « On a mis quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, c'est en trois jours que tu le relèveras ! » Mais lui parlait du Temple de son corps. Lors donc qu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se souvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. [1]»

Si le corps est bien un tombeau (σîμα σÁμα, disaient les Platoniciens), le Temple peut être comparé au corps glorieux qui une fois reconstruit ressuscite de son sépulcre. Les mots résurrection et reconstruction signifiant tous deux redressement.

On pourrait difficilement trouver un sujet plus universel, puisqu'il est central dans le Judaïsme comme dans le christianisme, -on se souvient des chevaliers du Temple, qui avaient pour mission de protéger et de conserver le tombeau du Christ et qui dominèrent le monde chrétien pendant près de quatre siècles- ainsi que dans la franc-maçonnerie. De même, ce thème est présent dans la tradition musulmane, dans le paganisme bien sûr, et dans le Pythagorisme. Son omniprésence dans la plupart des traditions est une des raisons qui m'ont poussé à en faire l'objet de cette modeste recherche.

Toutefois il y a encore un autre élément qui est à l'origine de cet article... un aspect de nature plus sociologique.

Un rapide regard sur les quinze derniers siècles de notre histoire occidentale nous révèle une société européenne qui, à en croire la représentation communément admise, aurait été, dans un premier temps, plutôt inerte, conservatrice, résolument tournée vers le passé, s'appuyant sur une révélation figée et exhaustive. Cette période appelée Moyen Âge aurait ensuite fait place à notre époque moderne, issue de la Renaissance, fière de se tourner vers l'avenir, et convaincue de progresser tellement et dans tous les domaines qu'elle puisse se permettre d'oublier son passé. La première admettant difficilement toute innovation ou nouvelle révélation, la deuxième niant à l'avance tout ce qui pourrait venir d'ailleurs que de sa science parfaite, et hérissant le poil à la seule mention de l'existence d'une tradition primordiale ou d'une vérité possédée ou touchée par d'anciens maîtres.

Ce tableau, peu nuancé j’en conviens, mais cependant ancré dans les mentalités actuelles, reflète bien la nature pusillanime de l'humanité déchue qui méprise ce qui la dépasse et pense collectivement, c'est-à-dire qu’elle suit l'avis du plus fort et ne pense donc pas du tout ! Car, comme l'a dit Pascal, s’il y a peu de certitudes en ce monde, une chose est en revanche certaine : la faiblesse et la folie du peuple. [2]

Toujours est-il que notre bipède occidental, après avoir penché d'un côté par excès de conservatisme, penche à présent de l’autre par excès de progressisme et titube de binarité sans parvenir à rectifier l'axe de sa stature et surtout sans soupçonner là-dessous l'influence d'un diable, prince de ce monde, qui fidèle au sens étymologique de son nom, divise tout (ici en deux) pour mieux régner. Nomen est omen [3]!

C'est probablement pour contrer ce fléau, qui ne date sans doute pas d'hier, que certains prêtres japonais shintoïstes ont eu l'idée de rebâtir leurs sanctuaires à l'identique tous les quarante ans par exemple. Ainsi certains temples sont à la fois vieux de trois mille ans quant à leur architecture et eu égards à ce dont ils sont le symbole, et extrêmement actuels d'autre part par leur solidité et par le fait que chaque geste de leur construction est minutieusement conservé identique.

N'en serait-il pas de même de la tradition primordiale de l'homme ? Ne se perd-elle pas systématiquement après quelques générations si le mystère n'est pas réellement expérimenté par le disciple lui-même? Toute tradition doit ainsi être revivifiée ou réactualisée par une nouvelle parole. N'est-ce pas précisément le sens du mot religion ? Être relié à une chaîne vivante, une kabbale, une torah orale qui permet l'explication des textes plus anciens. Or il faut recevoir le don de Dieu ou de quelque adepte afin de pouvoir maintenir la tradition.

Le verbe allemand erhalten illustre d'ailleurs parfaitement notre propos car il contient ces deux sens : recevoir et maintenir. Le verbe français maintenir est tout aussi explicite : tenir la chose en mains !

Cette réactualisation, même si elle se fait au moyen d'un autre langage, ne vient que corroborer la tradition ancienne. C'est une nouvelle révélation, en ce sens qu'elle donne un nouveau voile, d'autres vêtements pour recouvrir la chose sans la profaner : « Nous parlons un nouveau langage, mais nous redisons l'unique révélation ancienne, car nul n'invente rien dans l'ART de Dieu. La vérité de Dieu peut bien revêtir tous les visages et tous les plumages, sa sainte nudité demeure toujours égale à elle-même. »[4]

Jésus est également très clair à ce sujet :

« Ô fils d'Israël, je suis l'envoyé de Dieu auprès de vous, venant confirmer ce qui, de la Torah, est antérieur à moi. » [5]

De même, Charles et Emmanuel d'Hooghvorst dans leur présentation au lecteur du Message Retrouvé de Louis Cattiaux :

« Les ignorants à la recherche d'une nouvelle révélation seront déçus. On ne trouvera ici qu'un témoignage en faveur de l'ancienne qui nous parle de la chute de l'homme dans ce monde bas, des conséquences physiques et morales de cette chute, et du moyen de sa régénération corporelle et spirituelle, par la voie mystérieuse qui mène à la résurrection. » [6]

Cette ancienne révélation s'est transmise depuis Moïse au travers d'arcanes contenus dans l'arche d'alliance. Celle-ci fut déposée dans le temple, dont la fonction première est de garder la Torah.

En somme, la seule façon possible de maintenir une tradition debout est de la renouveler de temps à autre, ce qui se fait par transmission filiale. C'est ce que nous verrons au travers de cette étude sur le Temple et sa réédification.

Le Christ n'a-t-il pas voulu dire à ses apôtres qu'il serait avec eux et avec tous les suivants à condition qu'il y ait perpétuation des fils ?

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. » [7]

Que notre ignorance, et nos égarements, sans nul doute pénibles à nos lecteurs, nous soient pardonnés, que les nombreuses inepties ou incongruités ici proférées ne nous soient point comptées au jour du jugement ! Le sujet dépassant largement nos compétences, il nous faudrait avoir vu la chose pour pouvoir la commenter et en parler de façon pesante.

Versets de départ

Ouvrons tout d’abord le Message Retrouvé et examinons ce qu’il nous dit du Temple. La réponse est édifiante de clarté et de proximité avec le texte évangélique.

« Il n'y a qu'un temple de Dieu, c'est le cœur de l'homme. Tout le reste est comme un déguisement qui ne contente que les médiocres aveugles et incurables. »[8]

Toutefois, si le temple est bien le cœur de l'homme, il ne peut être reconstruit sans avoir été détruit ou dissous au préalable, et sa reconstruction ne sera pas l’œuvre des mains de l'homme.

« Je détruirai ce temple fait de main d'homme et en trois jours j'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'hommes. »[9]

Là réside apparemment la mission de l'envoyé de Dieu :

« Nous ne sommes pas là pour attendre que les hommes viennent à nous dans des temples morts, nous sommes là pour aller aux hommes et pour y installer Dieu dans leurs cœurs vivants. »[10]

Cherchons à présent dans la science des mots ce que les anciens ont désigné par le mot temple.

Définition et étymologies du mot temple

Nαος, en grec, le mot utilisé dans l'évangile de Jean, exprime la partie intérieure, habitée (de ναιω). Les Naassènes prétendent, quant à eux, que le mot ναοςs'apparente à l’hébreu נחש, serpent.[11] Ce que nous pouvons mettre en rapport avec le python fixé par Apollon qui inspirait la pythie du temple d'Apollon à Delphes. Notons que נחש signifie à la fois serpent et devin.

Le ναος, ou sancta sanctorum, ne peut être sanctifié sans le sang de la victime sacrifiée, de l'hostie, nous apprend Isidore de Séville.[12]

Le mot latin templum est un apport de la culture étrusque. Il désigne l'espace découpé dans le ciel à l'aide des auspices, que les prêtres ont retranscrit sur le sol. Il s'agit d'un terrain sacré, inviolable qui englobe également le bâtiment servant au culte construit dessus. Le caractère sacré et donc séparé du monde est encore plus explicite dans les noms sacrum (de secernere, séparer) et sacellum (son diminutif) désignant aussi le temple. Quant à fanum, que l'on retrouve dans l’adjectif « profane », désignant celui qui est devant le temple, il est apparenté au verbe latin fari, ou au grec φημι, parler. C'est donc une parole qui rend le lieu sacré et c'est même l'objet de ce temple. Il ne s'agit donc nullement d'un amas de pierres mortes. Le nom delubrum, sanctuaire, s'applique à des sanctuaires munis d'une source dans laquelle on se purifiait (diluere) avant d'entrer. La source elle-même est le lieu des régénérés.

Le mot grec τεμενος signifie pour sa part coupé, séparé et délimité. Le même sens est exprimé par l'arabe ھﺭﺍﻡséparé. En hébreu, c'est בית אלהים, la maison de Dieu. בית vient d'une racine sémitique بيت , passer la nuit. Par conséquent, la beit Elohim est le lieu où Dieu passe la nuit. Ne nous est-il pas demandé de pratiquer l'hospitalité ?

« Ainsi l'insensé refuse tout, le prudent offre le pain, le croyant donne le repas et l'aumône, mais le sage y ajoute l'hospitalité pour la nuit. »[13]

« N'oubliez pas l'hospitalité, car grâce à elle, certains ont accueilli des anges. »[14]

La maison, beit, comprend le portique ou vestibule, le temple ou saint, היכל (où se trouve le tout, היכא הכל heikha hakol) et le sanctuaire, debir, de la racine דבר parler, qui est la partie inférieure et intérieure ou saint des saints. La hauteur de chacune des parties allait en décroissant.

On rencontre aussi le terme בית הקדש, ou בית המקדש, la maison de sainteté.

En synthétisant les différents termes, on obtient la définition suivante : Le temple est un lieu, délimité et séparé du reste, qui se trouve à l'intérieur et qui, une fois habité par le tout, produit une parole.

Même si le sens symbolique nous intéresse davantage, examinons un instant l'histoire du Temple d’Israël qui participe du mystère.

L’histoire

Le premier Temple de Jérusalem fut construit au Xème siècle avant J.C. sous le règne de Salomon et fut détruit par Nabuchodonosor en -587 le 9ème jour du mois de Av, lors de la prise de Jérusalem par les Babyloniens.

Le second Temple fut reconstruit au retour de l'exil à Babylone entre -536 et -515 sur ordre de Cyrus, roi des Perses. Plus tard, Hérode fit construire une extension (appelée aussi temple d'Hérode) en -19.

Pompée fut le premier Romain qui dompta les Juifs en -63. Il entra dans le Temple par le droit de la victoire : c'est alors qu'on apprit qu’aucune image de divinité ne remplissait le vide de ces lieux, et que cette mystérieuse enceinte ne cachait rien. Les murs de Jérusalem furent rasés ; le temple resta debout.

L'ensemble fut de nouveau détruit par Titus en 70 après J.C. exactement le même jour où le Temple avait été détruit la première fois. Cette destruction résulte de la malédiction prononcée par Jésus-Christ.

« Jésus, sortant du Temple, s'en allait, quand ses disciples s'approchèrent pour lui faire remarquer les constructions du Temple. Prenant la parole, il leur dit : Vous regardez tout cela, n'est-ce pas ? En vérité, je vous le dis : il n'en sera pas laissé ici pierre sur pierre, tout sera détruit. » [15]

Plus tard, au VIe siècle de notre ère, l’empereur Justinien, en référence à Salomon, érige à Constantinople l'église de la Hagia Sophia, la Sainte Sagesse, s'exclamant : « Ô Salomon, je t'ai vaincu. »

La construction par le roi Salomon

Salomon signifie l'accompli, le parfait, de la racine שלם qui donne aussi shalom, la paix.

Tout commença en réalité sous le règne du roi David, son père, à qui le Tout-Puissant demanda de lui construire une maison. David fut cependant occupé à guerroyer pendant l'intégralité de son règne, ce qui empêcha toute édification.

« Tu sais que David, mon père, n'a pu bâtir une maison au nom de Yahweh, son Dieu, à cause des guerres qu'il a menées contre les ennemis qui l'entouraient jusqu'à ce que Yahweh les eût mis sous la plante de ses pieds.[16] Maintenant, Yahweh, mon Dieu, m'a donné du repos de tous côtés. »[17]

Après les incessantes guerres que David mena contre Goliath, Saül, et les Philistins entre autres, qui lui permirent de conquérir Jérusalem, Salomon instaura la paix et permit que le culte ne se célèbre plus près d'un objet mobile comme il l’était autour du tabernacle.[18]

« À Guibéon, YAHWEH apparut en songe à Salomon pendant la nuit, et Dieu lui dit : « Demande ce que je dois te donner »... « Accorde donc à ton serviteur un cœur attentif pour juger ton peuple, pour discerner le bien et le mal. Car qui pourrait juger ton peuple, un tel poids ? »[19]

À Guibéon, dont la racine גבן gibben signifie rendre bossu (comme le latin gibber, bosse, gibbosité !), se coaguler, s'arrondir, se voûter. Est-ce à dire que l'alchimiste Salomon était en train de coaguler le grand œuvre lorsqu'Adonaï lui apparut ? Ou que suite à l’intervention d’Adonaï, il le coagula ?

« Ainsi c'est uniquement l'esprit de Dieu qui démêle en nous et dans le monde, la vérité du mensonge. »[20] Salomon possédait donc l'esprit de Dieu. Ce que confirment les musulmans qui disent que ce sont les Djinns qui ont aidé Suleyman à construire le Temple.

« Parce que tu as demandé cette chose (...), voici que je te donne un cœur sage et intelligent etc. »[21]

Salomon a donc d'abord reçu la sagesse avant de bâtir le Temple. Le Temple est la manifestation extérieure de sa sagesse. Il a été instruit, c’est-à-dire étymologiquement construit par Dieu.

« Celui qui est instruit se maintient dans la solitude, dans le dépouillement et dans la paix de l'être parfait. »[22]

« Dieu donna à Salomon de la Sagesse, une intelligence supérieure et un esprit étendu comme le sable qui est au bord de la mer. La sagesse de Salomon surpassait la sagesse de tous les fils de l'Orient et toute la sagesse de l’Égypte. »[23] Il était donc, comme Moïse, devenu supérieur aux magiciens d’Égypte.

« Et Salomon donnait à Hiram 2000 cors de froment pour nourrir sa maison et 20 cors d'huile d'olives broyées. »[24] Il y a donc un échange et une fréquentation entre la vie d'en haut, חי רם Hiram et Salomon, pendant que le temple se construit.

« Ce fut la cent quatre-vingtième année après la sortie des enfants d'Israël du pays d’Égypte que Salomon bâtit la maison à l’Éternel, la quatrième année de son règne sur Israël, au mois de Ziv, qui est le second mois. La maison que le roi Salomon bâtit à l’Éternel avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur, et 30 de hauteur. Le portique devant le Temple de la maison avait 20 coudées de longueur, répondant à la largeur de la maison, et dix coudées de profondeur sur la face de la maison etc. »[25]

N'y avait-il pas de Temple avant Salomon ?

« À propos de la vision de l'échelle de Jacob, nous lisons que ce patriarche, dans sa fuite à cause de son frère Ésaü, arriva dans un lieu et y passa la nuit. Et un peu plus loin, Jacob, s'éveillant, s'écria : Certes il y a Adonaï dans ce lieu-ci, et moi, je ne le savais pas. Il eut peur et dit : « Que ce lieu est redoutable ! Ce n'est autre que la maison de Dieu, et cette porte est la porte des cieux. »[26] La véritable porte du ciel. C'est cette résurrection, dit-il, qui s'opère en passant par la porte des cieux : quiconque n'entre pas par cette porte, reste mort. » [27]

Cette porte, l'apôtre Paul la connaît, l'ayant entr'ouverte en mystère et ayant dit : « il a été ravi par un ange jusqu'au deuxième et troisième ciel dans le paradis lui-même, où il a vu ce qu'il a vu et entendu des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme de rapporter. »[28] Le Temple de Salomon ne serait que la manifestation extérieure.

Plus tard, après la première destruction, Cyrus, à nouveau sous injonction divine, ordonne que l'on reconstruise le Temple à Jérusalem en -536.

« Cyrus, roi des Perses, qui fit faire de vive voix et par écrit cette proclamation dans tout son royaume : Ainsi, dit Cyrus, roi de Perse : Yahweh, le dieu du ciel, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a ordonné de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Juda. Qui d'entre vous est de son peuple ? [29] Que son Dieu soit avec lui et qu'il monte à Jérusalem qui est en Juda, et bâtisse la maison de Yahweh, Dieu d'Israël ! C'est le Dieu qui est à Jérusalem. »[30]

Il est pour cette raison appelé l'oint du Seigneur, משיח, le messie en hébreu.[31]

Mais revenons au roi Salomon. On voit dans le sixième chapitre du premier livre des Rois que Dieu lui promet une présence.

« Si tu marches selon mes lois, si tu accomplis mes ordonnances... je réaliserai à ton égard ma parole que j'ai dite à David, ton père : J'habiterai au milieu des enfants d'Israël, et je n'abandonnerai pas mon peuple d'Israël. »[32]

Cette présence, c’est la chekinah dont parlent tous les rabbins, celle qui doit nous habiter.

Yahweh a sanctifié le Temple : « Je l'écouterai du ciel, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays. Désormais, mes yeux seront ouverts et mes oreilles attentives à la prière faite en ce lieu. Maintenant je choisis et je sanctifie cette maison, pour que mon nom y soit à jamais, et là seront tous les jours mes yeux et mon cœur. »[33]

Pour que le Temple soit sanctifié, il faut qu'il y ait eu un double sacrifice.

« Le Temple du Seigneur, c'est sa grâce dans notre cœur ; et le sacrifice, c'est son amour pour nous et c'est notre amour pour lui. »[34]

Il faut donc deux choses pour qu'il y ait un temple : l'injonction ou grâce divine et le lieu qui se trouve en l'homme. L'union ne peut se faire sans le sacrifice. L’offrande doit être de nature animale, car les offrandes végétales de Caïn n'étaient pas reçues par Dieu.

La destruction 

C'est le général Titus, un Romain, un édomite, un homme rouge, qui détruit le Temple de Jérusalem. C'est un Ésaü qui reprend le dessus sur Jacob. Ce dernier devra donc revenir pour le supplanter, conformément à la signification de son nom יעקב.

Deux fois le temple fut détruit, et ce fut deux fois le 9ème jour du mois de Av. Ce jour correspond au nerf sciatique auquel Jacob a été blessé lors de sa lutte avec l'ange. C'est la faiblesse prophétique d'Israël.

À la destruction du Temple, le chamir a cessé d'exister.[35] Le chamir est le stylet à pointe de diamant qui permet de graver la Torah dans la pierre.

Il n'y a de parole que dans un temple reconstruit.

Orientation et situation du Temple

Jérusalem, dont le nom signifie «saints fondements», évoque aussi les fondements de l'homme, le sacrum.

Isidore confirme qu'un temple est composé de quatre parties correspondant aux quatre points cardinaux, de sorte que le ciel soit divisé en deux parties égales, sinistre et dextre. Et que l'axe central soit comme l'axe de justice de l'arbre séfirotique semblable aux trois croix du Golgotha, la rigueur à gauche et la miséricorde à droite. Tout comme les églises chrétiennes bâties en forme de croix.

Dans le Zohar, on trouve un précieux commentaire sur les quatre points cardinaux, appelés souffles.

« - l'un entre [et éclaire, à savoir le canal de droite, qui est appelé sud] ;

- l'un sort [et n'éclaire pas, à savoir le canal de gauche appelé nord] ;

- l'un est fermé [c'est-à-dire le canal du milieu appelé est ; il n'éclaire que par les miséricordes, qui sont couvertes avant son union avec la femelle] ;

- l'un est ouvert [c'est-à-dire la femelle, qui éclaire par les miséricordes ouvertes au moment de l'union avec la courte face, qui est appelée souffle de l'ouest]. »[36]

C'est l'ouest qui, venant de l'extérieur, vivifie le Temple, comme dans le rituel chrétien de Pâques au cours duquel la lumière est réintroduite depuis l’extérieur de l’Église. C'est le soleil couchant, rouge et parfait, qui transmet le secret au suivant.

Les quatre points cardinaux, en grec, Ἀνατολη Δυσις Ἀρκτος Μεσημβρια, forment l'acrostiche ADAM qui lui-même, par guématrie grecque, exprime le nombre 46, le nombre d'années que les Juifs invoquent pour la construction de leur Temple.[37] Origène admet ne pas pouvoir expliquer historiquement ce nombre[38].

Le Temple de Jérusalem était construit sur le mont Moriah, dont le nom signifie « manifestation du Seigneur ». Là où Dieu se voit. C'est là qu'Abraham fit le sacrifice d'Isaac.[39]

En effet, la porte du jardin d’Éden, s'appuie sur le mont Moriah. Pour cette raison, Jérusalem fut considérée, et pas seulement par les Juifs, comme le centre ou le nombril du monde. Nous y reviendrons plus tard.

 



Les différentes parties du Temple

Les deux colonnes

 Les deux colonnes sont appelées Yakin et Boaz par Hiram : respectivement « il établira » à droite et « en lui la force » à gauche.[40] On trouve aussi les noms suivants qui désignent différents aspects de la réalisation alchimique. Apollon et Artémis, Solve et Coagula, Hué et Kué, Orando et Laborando. Ce sont aussi les deux colonnes d'Hercule qui soutiennent le monde.

« Nous cherchons les deux colonnes du Temple et nous les avons sous nos yeux et sous nos mains, mais nos cœurs sont obscurcis par le péché de la chute et la vérité de Dieu s'est retirée dans le puits de l'abîme. »[41]

Le verset prime nous indique peut-être davantage ce dont il s'agit.

« Sépare ce qui est uni, et les ténèbres te feront voir le commencement de l’œuvre. Conjoins ce qui est séparé, et la lumière te mènera à la fin de l'ouvrage divin qui est le soleil glorieux. »

Le Message Retrouvé est aussi écrit en deux colonnes. Une donnant les sens terrestres, l'autre les sens célestes. Parfois un troisième verset indique le sens alchimique qui unit ciel et terre.

À moins que ces deux colonnes (qui n'en sont en réalité qu'une seule) ne soient celles rencontrées par Moïse dans l'exode :

« Le Seigneur allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée, pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer... »[42]

L'autel

Ara, dit Varron, viendrait d'ardor, car c'est avec l'intention d'y voir la flamme qu'on construit un autel. [43] Cependant Varron ne nous dit pas s’il s'agit ici d'un feu qui cuit ou d'un feu qui rôtit.

L'holocauste est le sacrifice pratiqué dans le temple de Jérusalem, lors duquel on brûle la victime entière (Ðλος καιω).

Le Dies Irae nous indique que le cœur sera d'abord purifié par le feu et ressuscitera par l'eau :

« Cor contritum quasi cinis. »[44] Le cœur brisé et comme réduit en cendres.

Le feu qui demeure perpétuellement allumé dans le tabernacle en est un autre, plus doux qu'il convient d'allumer d'en haut.

« L’Univers et l’atome forment le corps unique de Dieu.

Qui les cuira au feu doux de l'amour? »[45]

 « Par l’Isis allumant l’Osiris méprisé, se lia pensée vive. »

 

Le voile

Dieu enjoignit à Moïse de couvrir l'arche d'alliance d'un voile. [47]

Le voile est l'attribut de la vierge, qui a été elle-même élevée dans le temple.

Plutarque nous livre une inscription qui figurait sur le tombeau d’Isis dans le temple de Saïs en Égypte : « Je suis tout ce qui est, qui fut et qui sera, et nul mortel n'a soulevé mon voile.»

En effet, en soulevant le voile d'Isis, on devient immortel.

Ce voile serait-il comparable au miroir des alchimistes qui s'éclaircit peu à peu ou comme une nuée qui se dissipe ?

La sibylle est parfois représentée voilée, pour signifier que sa parole était exprimée avec pudeur.[48] Pythagore, l'inspiré d'Apollon, parlait à ses disciples à travers un voile, dissimulant ainsi sa doctrine.

Le tabernacle

« Honorons dans le tabernacle de notre cœur la mémoire de ceux qui nous conduisent vers Dieu, et bénissons-les dans le Parfait. »[49]

Le pieux Énée vénère son défunt père Anchise qui le conduit en lui indiquant la voie à suivre. Les païens habitaient avec leurs ancêtres, les mânes et les lares, auxquels ils rendaient un culte quotidien. « Adorons le soleil de vie et ne méprisons pas les cendres des ancêtres. »[50]

« Que chacun honore Dieu dans le tabernacle secret de son cœur et que chacun écoute le prophète intérieur qui le mènera au Très-Unique, au Très-Parfait, au Très-Pur. »[51]

Le tabernacle se dit en grec σκηνη, le lieu où est abritée l'arche d'alliance contenant la Torah. Le nom évoque la présence divine (chekinah) qui doit y résider. Constatons l'étonnante proximité de ces deux racines.

La pierre de fondation et la pierre de faîte

« Nous vous donnons la pierre du couronnement qui achève l'édifice saint et sa lumière illuminera les nations, car la pierre de fondation est comme la pierre de faîte, et la pierre de faîte est comme la pierre de fondation dans l'unité de l'Un. »[52]

La pierre de fondation est un lieu fixe, c'est par elle ou sur elle que commence l’œuvre. Télémaque ne rend-il pas d'abord visite à Ménélas (μενει, λαας, la pierre qui reste), l'adepte l'initiant au début de son œuvre qu'est l'Odyssée ?

La véritable science hermétique n'est-elle pas l'étude du fondement, ερμα ?

Ce fondement est la plupart du temps méprisé par l'homme.

« La pierre que les constructeurs avaient mise au rebut, c'est elle qui est devenue la pierre d'angle. Quiconque tombera sur cette pierre sera fracassé, celui pour qui elle tombera sera écrasé. »[53]

La pierre de fondation est incassable, c'est l'enveloppe charnelle qui l'entoure qui doit être brisée.

L'Église, dit Origène, est construite de pierres vivantes qui constitueront le Temple, c'est-à-dire le corps du Christ[54].

Une fois la pierre fondée s’ouvre malkout, le royaume.

« Il leur dit : « Mais à votre dire à vous, qui suis-je ? » Simon Pierre répondit : « c'est toi l'Oint, le fils du Dieu vivant. » Jésus reprit « Heureux es-tu, Simon Bar-Jona ! Car tu tiens cette révélation non pas de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. » Et moi, je te le dis : « Tu es Pierre et c'est sur cette pierre que je bâtirai mon Église, et les portes de l'Hadès ne l'emporteront pas sur elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu auras lié sur la terre se trouvera lié dans les cieux, et ce que tu auras délié sur la terre se trouvera délié ans les cieux. »[55]

La fin du passage semble être une allusion à la dissolution et à la coagulation, chacune symbolisée par une clef de Saint Pierre. La fin est comme le commencement. Ainsi la construction achevée du Temple permet à un suivant d'en commencer l'érection.

 

 

 

Le temple, lieu du trône

Au Moyen Âge, la Vierge Marie correspondait au trône de Salomon, décrit comme le trône où Jésus s’assied. C'est pour cela qu’elle est appelée Sedes Sapientiae, siège de la sagesse. L'ivoire dans la description biblique du trône représente la pureté, l'or symbolise la nature divine et les six marches représentent les six vertus.

Sapientia venant de sapere, goûter, la sagesse est l'art de savourer la substance des choses (la Vérité). La Sedes Sapientiae est le lieu sur lequel on s'assied pour goûter la divine liqueur. Ceci éclaire l'épisode de Panurge que nous verrons plus tard.

Mais quand la Vierge apprit-elle cette sagesse ?

Marie apprit la nuit : « un sens perdu lui fut rendu, un don d’Ave, un monde su. Et que lut-elle? Le Désir de Dieu. »[56]

La vierge est le plus souvent représentée assise, un livre ouvert à la main, lors de l'annonciation.

Nous retrouvons le symbole de la position assise chez la déesse Isis dont l'attribut principal est un siège ou un trône. Elle en est la plupart du temps coiffée.

Mais il convient de saisir son passage en ce monde :

« Tous les jours, j'enseignais, assis dans le Temple, et vous ne m'avez pas arrêté. »[57]

L'occasion de la saisir leur a donc échappé.

On trouve dans le Fil de Pénélope l'histoire de Rabbi Ismaël Ben Elisha (Talmud Babli).[58]

« Un jour que j'étais entré dans le sanctuaire pour y offrir de l'encens, je vis Acteriel IAH Sebaoth (un ange) qui était assis sur un siège très élevé. Il me dit : Ismaël, mon fils, bénis-moi. »

Le verbe bénir, ברך, ne signifie pas en hébreu, louer, comme on le traduit communément, mais faire descendre, exprimant ainsi l'acte sacerdotal de faire descendre le Dieu d'en-haut dans les saintes-espèces, c'est-à-dire, dans son Temple terrestre. C'est alors que sa miséricorde dépasse sa colère.

Il faut parvenir à faire descendre Isis pour qu'elle puisse redonner vie à Osiris.

Le même enseignement se trouve dans le Notre Père. « Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié, etc.» Comme le Saint-Béni-Soit-Il chez les hébreux, il doit descendre dans le sanctuaire y retrouver son autre moitié.

  Pour que Dieu ne soit plus irrité, il faut qu'il soit incarné ici-bas. Cela rejoint l'enseignement contenu dans l'Odyssée, le destin d'un irrité (Ὀδυσσευς). YAHWEH est courroucé tant que la ville et le Temple sont dévastés.

Cependant pour posséder la vierge en Sedes Sapientiae, c'est-à-dire avec son enfant sur les genoux, il faut d'abord la recueillir et connaître son lieu :

« Oh ! Qui me donnera de savoir où le trouver, d'arriver jusqu'à son trône ? »[60]

« Où est l'intelligent inspiré de Dieu qui recueillera la vierge errante. »[61] L'errance s'applique aussi à Ulysse dont nous venons de parler.

« Celui-là est béni de Dieu, car il verra la naissance du roi du ciel et son héritage ne lui sera plus jamais ôté. » Il devient sans doute comme Salomon, l'homme de paix, la Salam-andre.

La proximité entre Isis et la Vierge en Sedes Sapientiae est absolument bouleversante.[62] Toutes deux sont symbolisées par le siège ou le trône et tiennent leur fils sur les genoux. Voilà la véritable construction : le fils. La racine hébraïque בנה, construire, qui a donné בן, le fils, conforte cette idée.

Contempler : observer dans le Temple.

L'initié au plus haut grade des mystères d'Éleusis est appelé ἐποπτης, celui qui contemple (ἐφοραω) τα ἱερα, les objets sacrés.[63] De là l’hiérophante est celui qui les montre ou les fait paraître.

Comment peut-on parvenir à cette contemplation ?

« Nous devons nous convertir, c'est-à-dire nous retourner et, au lieu de regarder le dehors où se disperse le passé, contempler le dedans où repose l'éternel présent de la vie. »[64]

Cette métanoïa est-elle métaphoriquement exposée dans la danse sur les mains du roi David ? Ou dans celle de Salomé ?

Cette conversion, résultat d’une tardemah, permet de voir en soi.

Lors de son voyage nocturne, l'Isar’, Muhammad, que la paix soit sur lui, visite aussi le Temple de Jérusalem[65], avant de gravir les échelons d'une échelle qui le mène aux cieux. Il est guidé par l'ange Gabriel.

Mais quel est donc l'objet de cette contemplation ? N’est-elle pas liée à l'absorption d'une substance ? Car la sagesse est donnée à celui qui goûte.

Le temple chez Rabelais:

Bien connues sont les visites d’Énée à la sibylle de Cumes, ou les descentes dans le monde des morts d'Ulysse ou de Dante. Moins connue, en revanche, est l'expédition sous terre de Pantagruel et de ses compagnons à la recherche de l'oracle de la Dive Bouteille découvrant le temple de la prêtresse Bacbuc, pontife de tous les Mystères[66].

Celle-ci, bien cachée sous son aspect paillard, ne manquera pas de faire rire.

Voyons comment le cabaliste Rabelais, abstracteur de quinte essence, décrit le temple. Résumons.

Les compagnons, ayant pour guide la Lanterne, descendent tout d'abord sous terre par les degrés tétradiques (allusion non voilée à la tétractys ou tétrade de Pythagore).

« Combien de marches avez-vous comptées ? » dit notre magnifique Lanterne. « Une, puis deux, puis trois, puis quatre », répondit Pantagruel.

Panurge est pris d'une mâle peur et faillit renoncer à son mariage. En effet, toute l'opération a pour objectif de lui trouver compagne.

Vient ensuite une mystérieuse énigme arithmétique 1+ 2 + 3 + 2+ 32 + 23 + 33 = 54 Au bout de ce nombre fatidique se trouve la porte du Temple.

Les deux portes s'ouvrent alors, non pas d'un horrifiant grincement, mais d'un doux et gracieux murmure répercuté par la voûte du Temple.

Rabelais évoque alors l'herbe Éthiopis (du grec αἰθιοψ, au visage brûlé ou au regard brûlant) grâce à laquelle on ouvre tout. Celle-ci aide les compagnons à pénétrer dans le Temple. Selon Proclus, les Éthiopiens sont ceux qui sont éclairés par la lumière divine[67], ici par dame Lanterne.

On ne peut s'empêcher de penser, sans pour autant être sûr du rapprochement, d'une part à la plante Moly, dont la racine est noire, la clef donnée par Hermès qui permet à Ulysse d'échapper aux charmes de Circé, et d'autre part aux hypogrammes du livre XXV du MR, paroles de Salomon. « Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon. Vous ne me verrez pas à cause de mon teint noir, c'est le soleil qui m'a brûlée. »

Quoi qu'il en soit, après ce passage plus obscur, les compagnons pénètrent dans le temple qui est éclairé par une lampe admirable. Bien qu'il fût souterrain, on y voyait comme en plein midi lorsque le soleil clair et serein éclaire la terre.

Le plein midi rappelle le conseil donné par la nymphe Idothée à Ménélas sur le moment idéal pour s'emparer de Protée, quand le soleil est à son Zénith.[68]

Une lampe inépuisable comme celle que l'ingénieux Callimaque posa sur l'acropole d'Athènes éclairait admirablement la pièce. Rabelais fait allusion à Pallas qui aide les compagnons comme elle assiste Télémaque au début de l’Odyssée.

Aurait-on affaire à un soleil artificiel ?

« Qui donc allumera sa lanterne à l'esprit du Soleil pour aller à la rencontre de l'homme ? »[69]

Au milieu du Temple, sous la lampe susdite, se trouve la belle fontaine métaphysique de forme heptagonale entourée de sept colonnes.

Les sept colonnes de sept pierres précieuses différentes correspondent aux sept planètes. L’histoire fait songer à la découverte des sept chrétiens endormis dans une caverne souterraine à Éphèse.

N'est-ce pas une allusion à l'harmonie des sphères de Pythagore matérialisée dans les sept notes de la gamme et dans les sept tuyaux de la flûte de Pan correspondant aux sept planètes?

« Necnon Threicius longa cum veste sacerdos,

obloquitur numeris septem discrimina vocum,

iamque eadem digitis, iam pectine pulsat. »[70]

« Le prêtre de Thrace, en longue robe, fait parler harmonieusement les sept notes du chant et fait vibrer sa lyre tantôt sous ses doigts et tantôt sous son plectre d’ivoire. »

On trouve dans le Zohar ce commentaire de Rabbi Joseph : Rabbi Joseph ouvrit l'entretien en disant : « Sur quoi leurs fondations reposent-elles ? (Job XXXVIII, 6). Le Saint Béni-Soit-Il a cité ce verset parce que, lorsqu'il a créé le monde, il l'a posé sur des colonnes, les sept colonnes du monde, ainsi qu'il est écrit : « la sagesse a taillé les sept colonnes » (Proverbes IX, 1). Mais on ne sait pas sur quoi reposent ces colonnes, car c'est un mystère impénétrable, caché parmi tous les secrets. Le monde ne fut pas créé tant que le SBSI n'eut pris une pierre unique, et cette pierre est appelée : « pierre de fondation » eben chetiah. Le SBSI l'a prise et l'a jetée dans l'abîme ; elle est tombée de haut en bas et d'elle fut planté le monde. Elle est le point central du monde ...[71]

Les sept colonnes sont les sept séphirots inférieures de Hesed à Malkout.

La prêtresse leur commande alors d'entendre à la sortie de l'eau : « lors entendîmes un son à merveille harmonieux, obtus toutefois et rompu, comme de loin venant et souterrain. En quoi plus nous semblait délectable que si apert eust été et de près ouï. De sorte qu'aultant par les fenêtres de nos yeux, nos esperitz s'estoient oblectez à la contemplation des choses susdites, aultant en restoit-il aux aureilles, à l'audience de cette harmonie. »

Une harmonie telle qu'elle monte jusqu'à la mer de l'autre monde.

L'harmonie est le fait d’établir le lien entre l'aigu et le grave, entre le haut et le bas. C’est mettre le ciel et la terre en vibration, ce qui ne peut se faire que dans l'homme. C'est aussi le ré-assemblage des os du Christ. [72]

Pantagruel et ses compagnons entendent-ils l'harmonie des sphères comme Pythagore le faisait ?

Ensuite Bacbuc ordonna qu'on fît boire les compagnons. S’agit-il d’une liqueur déifique ? (De ce vin, divin on devient.)

Rabelais commente lui-même l'Exode en mettant en rapport la manne céleste reçue dans le désert avec la potion qui sort de la fontaine. « Jadis un capitaine juif, docte et preux, conduisant son peuple à travers les déserts dans une extrême famine, obtint des cieux la manne ».

 Ces paroles et dégustations achevées, Bacbuc demanda : « Quel est celui d'entre vous qui veut avoir le mot de la dive bouteille ? Moi, dit Panurge, votre humble petit entonnoir. »

L'objet servant à verser dans un endroit plus resserré constitue ici le réceptacle à la forme d’un sacrum.

« Ayant pris Panurge à part, elle l'emmena hors du temple par une porte d'or. L'ayant fait asseoir entre deux chaises, le cul par terre, elle lui souffle dans l'oreille. »

Comme la vierge qui était humble, et qui conçut par l'oreille avant d'enfanter le fils de Dieu.

Panurge, le bien appelé, s'acquittera certainement d'une création non moins pesante.

« Bacbuc se tenait près de lui agenouillée, quand de la sacrée bouteille sortit un bruit semblable à celui que font les abeilles jaillissant de la chair d'un jeune taureau tué et préparé selon la manière qu'inventa Aristée, ou semblable à celui que fait une flèche quand se débande l'arbalète ou que fait une forte pluie d'été tombant soudainement. Trinch, vertu Dieu, elle est cassée. » (…)

(…) « Les philosophes, prêcheurs et docteurs de votre monde vous paissent de belles paroles par les aureilles, ici nous realement incorporons nos perceptions par la bouche. C'est pourquoi, je ne vous dis pas : lisez ce chapitre, voyez cette glose, je vous dis : goûtez ce chapitre, avalez cette belle glose. Jadis un ancien prophète de Judée mangea un livre et fut clerc jusqu'aux dents. »

Il s'agit d’Ézéchiel. « Il me dit : Fils de l'homme, mange ce que tu trouves, mange ce rouleau, et va, parle à la maison d'Israël ! J'ouvris la bouche, et il me fit manger ce rouleau. Il me dit : Fils de l'homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne ! Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel. Il me dit : Fils de l'homme, va vers la maison d'Israël, et dis-leur mes paroles ! ».[73]

Jean dans son Apocalypse semble vivre la même expérience, le goût du miel est identique.[74]

Rapprochons ce passage de l'introduction au Message Retrouvé d'Emmanuel d’Hooghvorst écrite en 1995 : « Ce livre est le message d'un vin bu sagement en riant. C'est une mancie pasteur des amis d'un vivant. Isis, lumière cachée à la science sans cuisson, s'enfanta ce fruit. »

« Trois fois grande bouteille,
De vin divin on devient
Ô Dieu, père de Jésus
Qui changea l'eau en vin
Fais lanterne de mon cul
Pour luire à mon voisin
Jamais trépied de la Pythie
Par son sommet ne nous rendit
Réponse plus sûre et certainement
Et je crois qu'en cette fontaine
Il fut proprement apporté
De Delphes ici transporté. »

La Trismégiste Bouteille a transmis son secret au disciple qui à présent prophétise de son instrument. « Je serai comme harpe du Père », s'exclame Panurge rempli d’une fureur enthousiaste. La lyre d'Apollon a vaincu la flûte de Marsyas car elle permet d’harmoniser un chant et que ses cordes, faites ici-bas sont le symbole de la mesure acquise dans ce bas-monde. Le verbe d'Apollon per quem concordant carmina nervis[75], dit Ovide.

Il lui a fallu la conduite d'une bonne lanterne. « Car tous les philosophes ont estimé que deux choses étaient nécessaires pour aller très sûrement et convenablement jusqu'au bout du chemin de la connaissance divine et mener à bien la chasse à la Sagesse : Guide de Dieu et compagnie d'homme. Ainsi chez les philosophes, Zoroastre prit Arimaspe pour l'accompagner dans ses pérégrinations, Esculape Mercure, Orphée Musée, Pythagore Aglaophème : chez les princes et gens de guerre, Hercule dans ses plus difficiles entreprises eut particulièrement pour amis Thésée, Ulysse Diomède, Énée Achate, vous autres en avez fait autant en prenant pour guide votre illustre dame Lanterne. [76]»

« Nul ne peut y venir seul, dit-on, il faut toujours être deux : le maître et le disciple. »[77] Les disciples de Pythagore voyageaient toujours par deux, suivant le précepte : ἀλλος ἐγω. Les Juifs apprennent toujours par deux dans la Ieshiva.

Il convient d'être toujours deux en cette entreprise, comme Virgile guida Dante.

Car comme dit le proverbe persan : « une seule main n'a pas de voix » (yek dast sedâ nadarad).

 

Un autre exemple de Temple : La Ka’ba des musulmans

« Lorsque nous établîmes le temple (baïta) comme rendez-vous et comme refuge assuré pour les hommes, nous avons dit : choisissez le séjour d'Abraham (maqom Ibrahima) comme lieu de prière. Et nous avons fait alliance avec Abraham et Ismaël, afin qu'ils purifient mon Temple, pour tous ceux qui viennent tourner autour, pour ceux qui s'y attachent, pour ceux qui s'y inclinent et qui s'y prosternent. » [78]

Le séjour d'Abraham se dit maqom en arabe. C'était un petit temple qui existait avant la prédication de Mahomet, dans la Ka’ba de la Mecque. La Ka’ba est donc le lieu d'Abraham. Une des stations d'Abraham était, d'après les Musulmans, la Mecque[79].

« Lorsqu’Abraham eut élevé avec l'aide d'Ismaël les fondations du Temple, disant : Toi, notre maître, reçois ceci de nous, car tu es celui qui entends et qui voit tout. »[80]

La tradition musulmane appelle ce temple, baït Allah, en hébreu Beitel. La baït Allah, c'est la Ka’ba. La racine de ce mot veut dire avoir le sein formé (pour une jeune fille qui devient pubère), donner une forme cubique, jointure aux articulations des os, cube, dé. C'est la pierre cubique des Francs-Maçons, qui est le temple.

La signification du mot Ka’ba s'apparente à l'hébreu יצר, former dans un moule. La yetsirah est le troisième degré dans la création après atsilout et beria, mais avant asia. Ce stade correspond à la pierre cubique avant qu'elle ne soit taillée.

« Il arriva au mont Arafat : c'est là que l'homme et la femme se sont reconnus. Il y a un jeu de mots à propos du mot Arafat, tiré du verbe arafa, savoir, reconnaître, à la forme réfléchie taarafou, ils se reconnurent. C'est cela le pèlerinage à la Mecque. Trouver le sens irréfutable du Coran, c'est se reconnaître. Cela se passe comme d'habitude, sur une montagne, comme cela s'est passé sur le Sinaï ou sur le Golgotha. La montagne a toujours un sens sacré. La vraie religion, c'est faire ce pèlerinage et se retrouver, retrouver l'unité de l'homme (Tahwîd) et l'unité de Dieu. Et nous revenons à l'affirmation du Livre, notre Seigneur est un. »[81]

C'est le sens du mot religion (religare).

 

Un antre sous la montagne ou un temple bâti sur elle ?

On s'est étonné de constater que certains temples se trouvaient sur une montagne, d'autres en revanche comme celui décrit par Rabelais à la fin du Quint Livre se trouvent sous terre.

La réponse nous est sans doute indiquée par le début de la divine comédie où Dante tente de gravir la montagne lorsque la voie lui est barrée par trois animaux sauvages. En effet, il convient de descendre d'abord !

Dans l'île d'Aiaïé où habite Circé, Ulysse doit son sauvetage à une rencontre préalable avec Hermès, qui a lieu dans le creux d'un vallon, d'une cavité. C’est dans ce ravin que Mercure lui indique la plante moly.

Moly, cette racine noire dont la fleur est blanche, signifie épuisée. Il faut être à bout de forces pour s’en emparer. Y a-t-il un rapprochement à faire avec le personnage biblique de Léa, dont le nom évoque également la lassitude ?

Immanquablement nous pensons aussi à Joseph qui fit descendre le peuple d'Israël en Égypte, pour l'enrichir aux dépens de Pharaon et d'en sortir glorieux pour remonter vers la terre promise.

Rappelons-nous aussi que celui qui restaure le Temple, le Christ, est né lui-même dans une grotte, ou dans une crèche, un endroit très humble, avant d'entrer triomphalement dans la haute ville de Jérusalem.

Y aurait-il d'abord une initiation dans un antre, comme celle que le maître de Samos reçut en Crète, puis une manifestation publique ?

 

Le lieu central

Parmi les nombreuses questions qu'il pose à Ahura Mazda, Zoroastre se demande : « la terre en bas et les cieux en haut, qui les empêche de tomber ? »[82]

Nous avons lu dans les commentaires de la tradition juive[83] que le Saint-béni-Soit-Il a tenté vainement de créer le monde par la rigueur et par la clémence, mais que celui-ci s'est écroulé. Le monde ne s'est maintenu que par la justice, ou plus précisément par le juste.

« Je me suis couché et me suis endormi, je me suis réveillé, car Yahweh est mon soutien. »[84]

Le juste doit à son tour être maintenu debout par ses disciples afin que la tradition perdure. C'est ce que firent Aaron et Hour en soutenant les bras de Moïse, ce qui permit à Israël de vaincre Amaleq[85].

Dieu est un lieu qui se dresse comme une colonne : c'est le sens du mot hébreu םקםmaqom.

De quoi s’agit-il précisément ?

« Adam s'était assis (ישב), méditant dans son cœur. Malheur à moi ! Disait-il : peut-être le serpent viendra-t-il m'induire en erreur le soir du sabbat et me blesser au talon... Alors une colonne de feu lui fut envoyée pour l'éclairer et le garder de tout mal. Adam regarda cette colonne de feu et son cœur se réjouit. Il se dit : Maintenant je sais que le maqom est avec moi. Il étendit la main vers le feu lumineux et il bénit le créateur de la clarté ignée. Après avoir retiré la main du feu, Adam se dit : à présent, je sais que le jour saint a été séparé du jour profane, car le feu du sabbat est un feu qui ne brûle pas. Et il dit : Béni soit celui qui a séparé le saint du profane. »[86]

C’est la venue du maqom qui crée le Temple, c’est-à-dire la séparation entre le sacré et le profane.

« Cette colonne de feu guidant les gnostiques est aussi une colonne de ténèbres, une nuée qui égare les impies à leur poursuite[87], c'est-à-dire ceux qui veulent pénétrer les mystères de la gnose sans avoir été introduits dans la sainteté du sabbat. »[88]

Les Grecs comme les Hébreux tenaient leur temple pour le centre du monde, respectivement à Delphes et à Jérusalem. L'une comme l'autre sont appelées omphalos mundi, le nombril du monde. Ce cordon ombilical reliant ciel et terre n'est autre que le juste, pilier du monde.[89]

Il est absolument primordial qu'il y en ait un sur terre. Comment mangerait-on sans boulanger pour nous nourrir ? S'il n'y a plus de juste, Dieu peut alors détruire la ville, comme il le fit à Sodome et à Gomorrhe.

Il convient toutefois de ne pas confondre le pilier ou le moyeu qui transcende la sphère et qui la supporte comme étant son axe, avec ce qui s'oppose au mouvement divin, qui empêche de tourner juste. L'omphalos, point central et fixe du monde, est aussi le canal nourricier de celui-ci par lequel s'écoule la vie. Cet écoulement semble décrit avec insistance par Platon dans le Cratyle (411-421) où toutes les vertus ou biens du monde tirent leur origine étymologique du mouvement et de l'écoulement (ῥεω) et tous les maux de l'obstruction ou entrave de celui-ci.[90] Ἀρετη par exemple, la vertu, provenant de αει et de ῥεον, est ce qui coule toujours. Et a contrario, βλαβερον, ce qui est nuisible, est ce qui nuit à l'écoulement des choses (βλαπτον τον ῥουν). Quant au juste, c'est ce qui traverse (διεξιον) l'univers d'un bout à l'autre. Il est très prompt et très subtil pour que rien ne puisse l'arrêter. C'est bien cet écoulement qui est à l'origine de la parole prophétique, ρημα, la parole, venant de ῥεω.

Tityre, méditant, c'est-à-dire faisant couler par un petit tuyau la muse de la matière, connut sans nul doute de quoi il s'agit.[91] On trouve dans la tradition hébraïque un paragraphe enseignant que la colonne centrale de l'arbre séfirotique, qui n'est autre que le canal de la justice, est appelée fleuve.[92]

L'enseignement de Socrate sur le mouvement et l'écoulement et sur son obstruction, peut sembler à première vue contradictoire avec la doctrine rabbinique qui nous montre Jacob, le juste, pilier du monde, demeurant assis et donc immobile face aux épreuves.

Mais Cornutus nous donne une explication probante à propos du soutien du monde qu'est Atlas, qui résout notre problème.

« Le monde est représenté par Atlas, car il produit infatigablement (ἀταλαιπωρως) des choses qui se font selon les principes inclus en lui ; de même, il soutient le ciel, et il « tient les longues colonnes (κιονας de κιω se mouvoir) », c'est-à-dire les puissances des éléments qui provoquent les mouvements, tantôt ascendants, tantôt descendants, par lesquels sont maintenus le ciel et la terre. On le dit ὁλοοφρων parce qu'il se soucie de tout l'univers (περι των ὁλων φροντιζειν) et pourvoit au salut de toutes ses parties. Il a engendré les Pléiades, ce qui signifie qu'il a donné naissance à tous les astres, qui sont plutôt nombreux (πλειονα). Il est identifié à Astrée et à Thaumas. D'une part, en effet, il ne s'arrête pas (οὐτε ἰσταται) et il est absolument sans repos, même s'il paraît avoir un mouvement aussi fondé et fixe que possible ; d'autre part, il inspire un grand émerveillement (θαυμασμος) à ceux qui s'arrêtent à son arrangement. »[93]

Lors de la première expérience qu'il fit à Louz, Jacob vit des anges qui montaient et descendaient. Il dressa la pierre sur laquelle il avait dormi et en fit une maison de Dieu.

Il lutta ensuite en face à face avec Dieu à Péniel avant de s'établir dans le séjour de ses pères.[94] Le וישב (vaieshev) nous montre que Jacob put trouver un lieu fixe et stable dans ce monde-ci. Immédiatement après, le texte biblique parle de sa descendance : Joseph.

Comme dans le mythe grec narrant la naissance d'Apollon, la fixation correspond à la naissance. À Délos, quatre colonnes se dressèrent pour fixer l'île flottante (qui portait deux noms : Asteria la non solide et Ortygia la tournoyante), juste avant que Latone n'enfantât Artémis, qui elle-même aida à la naissance d'Apollon. Celui-ci, à peine né, pourfendit le serpent python de ses flèches.

 

Pourquoi le Temple a-t-il été construit sur une montagne ? Que signifie la montagne ?

La montagne est le point d’intersection entre le ciel et la terre.

Dans le but d’en dire un peu davantage, nous ne résistons pas ici au plaisir de recopier intégralement l'émouvante description de la montagne et de l'expérience qui se produit à son sommet, que nous livre Eugène Philalèthe :

« Il y a une montagne située au milieu de la terre ou au centre du monde (il s'agit bien de notre sujet), qui est à la fois petite et grande. Elle est douce, et aussi dure et pierreuse au-delà de toute mesure. Elle est éloignée et à portée de main, mais par la providence de Dieu, invisible. En elle sont cachés de très amples trésors que le monde n'est pas capable d'évaluer. Cette montagne, de par l'envie du Diable qui s'oppose toujours à la gloire de Dieu et au bonheur de l'homme, est entourée de bêtes très cruelles et autres rapaces, qui en rendent l'accès difficile et dangereux.[95] C'est pourquoi jusqu'ici – parce que le moment n'était pas encore venu – le chemin qui y mène ne pouvait être ni cherché, ni trouvé. Maintenant enfin, le chemin peut être trouvé par ceux qui en sont dignes, mais par le travail personnel et les efforts de chacun.

À cette montagne, vous vous rendrez en une certaine nuit, quand elle viendra, très longue et très obscure ; veillez à vous y préparer par la prière. Insistez pour trouver le chemin qui mène à la montagne, mais ne demandez à personne où se trouve le chemin. Suivez uniquement votre Guide, qui s'offrira à vous et vous rencontrera en chemin. [96] Mais vous ne le reconnaîtrez pas. Ce Guide vous amènera à la Montagne à minuit[97]lorsque toutes les choses sont silencieuses et obscures. Il est nécessaire que vous vous armiez d'un courage résolu et héroïque, de peur que vous ne soyez effrayé par ces choses qui arriveront, et ainsi que vous ne retombiez. Vous n'avez besoin ni d'épée, ni d'aucune autre arme physique : invoquez simplement Dieu sincèrement et cordialement. Quand vous aurez découvert la Montagne, le premier miracle qui apparaîtra est celui-ci : un vent très véhément et très grand qui ébranlera la Montagne et fera voler en éclats les rochers. À votre rencontre viendront aussi des lions, des dragons, et autres bêtes terribles, mais ne craignez aucune de ces choses. Soyez résolu et prenez garde à ne pas vous retourner, car votre Guide qui vous a amené jusque-là, ne souffrira qu'aucun mal vous advienne. Quant au trésor, il n'est pas encore découvert, mais il est très proche. Après ce vent viendra un tremblement de terre qui renversera toutes les choses que le vent a laissées, et il les aplatira toutes. Assurez-vous de ne pas tomber. Le tremblement de terre passé, il s'ensuivra un feu qui consumera la crasse de la terre et découvrira le trésor. Vous ne pouvez pas encore le voir. Après toutes ces choses et vers l'aube, il y aura un grand calme, vous verrez l'étoile du jour se lever, l'aurore apparaîtra, et vous apercevrez un grand trésor. La chose la plus importante et la plus parfaite qu'il renferme, est une certaine teinture exaltée avec laquelle le monde – pourvu qu'il soit au service de Dieu et digne de tels dons – peut être teinté et transformé en or très pur. » 

 

La Maison-Dieu

Nous recopions aussi un extrait de l'étude des lames du Tarot faite par Emmanuel d'Hooghvorst, nous croyons y voir notre sujet, la vivification du Temple, décrit en termes alchymiques.

« Ce terme (la Maison-Dieu) évoquerait plutôt l'idée d'un tabernacle, qu'une réserve d'or vulgaire menacée de ruine. (...) Nous voyons en réalité une tour dont le toit se soulève sans difficulté comme un couvercle. Il n'est pas question ici de tour foudroyée. C'est tout simplement l'athanor des alchymistes au moment où se produit ce qu'on appelle la première conjonction qui est le don de Dieu. (...) Les deux personnages, loin d'être précipités du haut de la tour sont en réalité deux fols dansant sur la tête comme des enfants joyeux. C'est la danse, dite de Salomé, ou danse de David devant l’Arche. » [99]

Selon Origène, Salomé serait un modèle à suivre pour les chrétiens ! Est-ce en raison de la danse qu'elle fit sens dessus-dessous ou plutôt de la décollation de Jean-Baptiste qu'elle exigea ?

(...) « Ce qui pénètre dans la tour c'est ce nitre coruscant qui va devenir le Mercure des Philosophes. (...) C'est là le noble sang bleu, qui va peu à peu se figer en miel de charité. »[100]

On pourrait dire en quelque sorte que l'arche d'alliance que David fit amener à l'intérieur de la ville de Jérusalem est semblable au mercure entrant dans l'athanor. La cuisson et la manifestation extérieure n'étant réalisées que plus tard par Salomon, le parfait.

Comment parvenir à pénétrer dans le Temple ?

Il ne semble pas que la chose soit si facile qu’on se l’imagine communément.

« Comment condamner ceux qui n'entendent pas la vérité du Seigneur, quand il nous a fallu tant de peines pour pénétrer dans le temple de Dieu et tant de temps pour découvrir son cœur vivant ? »[101]

Il ressort de ce verset que le mystère du Temple est lié depuis le début, à la parole, puisque la vérité doit s’entendre. Et pour ouïr, il faut s’abstraire du tohu bohu ambiant.

« Krist dut chasser les marchands du temple avant de pouvoir s'y faire entendre. Ferons-nous pas aussi le vide en nous pour entendre la voix du Seigneur ? » [102]

« Soyons comme des orphelins qui cherchent fiévreusement leur Seigneur le jour et la nuit, et puis devenons comme des outres vides qui attendent d'être emplies du nectar des cieux. » [103]

Nous devons chasser les marchands, ceux qui, sous l'action de Satan, nous vendent un monde de rêve, meilleur et facile pour demain, nous privant ainsi du vide nécessaire à la manifestation du Seigneur.

Les deux versets suivants nous donnent un enseignement sur la façon d’obtenir ce vide.

« Si nous ne vidons pas le corps par le jeûne, l'esprit par la prière et l'âme par la contemplation, comment le Seigneur pourra-t-il nous combler de sa présence, triple et unique ? »[104]

 « Il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes. Il est écrit, leur dit-il : ma maison sera appelée maison de prière, mais vous en faites, vous, une caverne de brigands. » [105]

Cette conversion ou renversement transforme la caverne des brigands en tabernacle prêt à recevoir la bénédiction. Par brigands, on pourrait comprendre les astres qui ont dépouillé l'homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, lorsque le malheureux s’est incarné dans la ville basse.

Au vide succède la fréquentation.

« Ce fut au bout de trois jours qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la loi (en eux), les écoutant et leur posant des questions. ... » « Ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon père ? » [106]

Être dans le Temple signifie être auprès du père. La fréquentation intime de l'Unique rend notre foi agissante et notre amour miraculeux.

Vivifier et illuminer le Temple :

Le Temple n'est cependant qu'un amas de pierres mortes si la chekinah n'y réside point.

« Tout nous est possible, Seigneur, quand tu parais en nous, mais lorsque tu te retires, nous voilà plus impuissants et plus stupides que les pierres du chemin. »[107]

La lettre hébraïque beth, la maison, symbolise malkout, la demeure du monde[108], le lieu où le roi se manifeste. Le point dans la lettre beth est le symbole de la présence divine dans celle-ci.

Dans le christianisme, le problème est identique. Que serait l'hostie sans la présence réelle donnée par le prêtre ? En effet, c’est le prêtre qui donne le caractère sacré (sacerdos) à l’hostie.

Toute église est érigée sur les reliques ou ossements d'un saint. Cet os peut donc être vivifié par un joueur de la flûte. Et qui est ce joueur de flûte ? C'est le Verbe divin, nous dit Saint Hippolyte.

« L'être enfanté par lequel tout a été fait (Jean, I, 3) a reçu des Phrygiens le nom de joueur de flûte. » [109]

C'est le Verbe divin qui, uni à un support terrestre, ici un os, produit ce son pur.

Le berger Tityre joue également du roseau, faisant ainsi couler la sagesse d'en haut (meditaris avena). Tout comme le dieu Pan, qui était également joueur de flûte.

On trouve même chez Ovide : stantem tibicine villam.[110] La maison se tenant debout par le joueur de flûte !

« Nous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé. »[111] , lit-on dans Saint Matthieu. Par contre le roi David dansa de toute sa force devant l’Éternel au son des trompettes, lorsque l'arche d'alliance fut transférée chez lui avec des cris de joie. [112]

La venue de l'éon, l'éternel, le עולם des hébreux qui, comme aevum en latin signifie aussi moelle épinière, se manifeste par la poésie, la création prophétique, qui vivifie les os.

« Si l'or vulgaire est un soleil mort, l'art poétique fait parler les tombeaux, et même comme ici, il les fait chanter. » [113]

Nous retrouvons dans le conte suivant transcrit par les frères Grimm un enseignement similaire à travers l'histoire d'un os chanteur qui révèle la vérité. En voici la trame :

Un roi avait promis sa fille à qui débarrasserait le pays d'un très nuisible sanglier. Deux frères partirent dans le bois, l'aîné de l'Occident, le cadet de l'Orient. Le cadet rencontra rapidement un petit homme qui lui offrit une lance toute noire. C'est grâce à celle-ci qu'il tua le sanglier. Voulant porter la dépouille au roi, il croisa la route de son frère qui l'assassina et l'enterra sous un pont. Des années plus tard, un berger passant par-là, aperçut un petit os blanc dont il entendait se tailler une embouchure pour son cornet. En soufflant dedans, l'os se mit à chanter :

Hélas! mon bon berger, 
Tu souffles dans mon petit os.
Mon frère m'a tué,
Puis il m'a enterré sous ce pont,
Pour m'enlever le sanglier sauvage,
En échange duquel le roi avait promis sa fille.[114]

Le temple est rendu vivant par un son mais aussi par une lumière.

Une fois par an, à une date bien choisie par les architectes, le soleil pénétrait jusqu'au saint des saints pour illuminer l'effigie du dieu.

« Cette lumière venue d'en haut, dit Hippolyte à propos des Séthiens[115], ce « νους », est un dieu parfait : descendu d'en haut, de la lumière incréée et du souffle, dans la nature humaine comme dans un temple. » Cette lumière semble être liquide, comme en témoigne une représentation sur les pylônes du portique de Phlya en Attique, où l'on voit un vieillard à cheveux blancs, ailé, le membre viril en érection, poursuivant une femme à la chevelure bleu sombre, κυανοειδη, qui s'enfuit. Sur le vieillard, il est écrit : φαος ῥυεντης, lumière coulante. Sur elle, l'inscription mystérieuse et non élucidée περεηφικολα, désignant l'eau ténébreuse. [116]

À propos de cette lumière coulante, on ne peut s'empêcher de penser à la phrase d'Emmanuel d'Hooghvorst évoquant le rayon de miel coulant dans un arbre creux et au παντα ρει d'Héraclite d’Éphèse contemplant son vase. Quant à l'arbre creux, siège de la sage chouette Athéna, il fait songer à notre Temple, notre antre, entrée de la ville de Louz.

Cependant, lorsque la parole perdue est retrouvée, beaucoup n'en supportent pas l'éclatante vérité.

« Et il enseignait journellement dans le Temple. Les grands prêtres et les scribes cherchaient le moyen de le faire périr ; de même les notables du peuple. Mais ils ne trouvaient pas ce qu'ils auraient pu faire, car le peuple entier était suspendu à ses lèvres. »[117]

Hiram, dont le nom signifie la vie d’en haut, fut, lui, assassiné. Ses disciples sont à la recherche de son corps et de sa parole perdue. La recherche de cette parole perdue est elle-même guidée par une muse. C’est l’origine du mot grec que beaucoup de philosophes ont fait dériver de μαιομαι : rechercher.

 

De la nécessaire destruction.

Sans la dissolution, une terrible sclérose s'installe.

« Nous n'avons déjà plus de place dans ce monde où les cœurs se durcissent comme le fer et comme le ciment des temples morts. »[118] Le fer est le gel des métaux.

La dissolution précède la coagulation.

Comment Énée aurait-il pu fonder la haute Rome, s'il n'était auparavant sorti de la ville basse, Ilion, en flammes ? Lorsque la ville (ou le Temple) est reconstruite, l'adepte possède la force (ῥωμη) et peut transmettre à son tour.

La tour de Babel

On connaît la légendaire attitude pacificatrice du bon Dieu, celui-là même qui divise une famille de cinq[119], qui apporte le glaive[120], ou qui exige la haine des enfants envers leurs parents[121], qui envoie cette fois la discorde se répandre parmi les ouvriers qui érigeaient la tour de Babel. Celle-ci fut pour les hommes la porte de toute calamité.[122]

Deux différences fondamentales existent entre l'érection de la tour de Babel et celle du temple. La première, c'est que le temple fut le résultat d'une injonction divine à son bien-aimé, le roi David et non de l'intention des hommes[123] de vouloir construire un pilier pour le monde par leurs propres mains. La seconde est que les bâtisseurs de Babel avaient en vue de se fabriquer un nom, alors que dans le Saint Temple se prononce le nom de Dieu.

 

Pourquoi en trois jours ?

Origène nous met en garde de comprendre « le troisième jour », car il est bien écrit « en trois jours »[124].

On trouve une réponse dans les Sept instructions aux Frères en St-Jean. « Le Christ a dit que le Temple serait détruit en trois jours, puis relevé. Il parlait de son corps et de sa résurrection d'entre les morts. Mais dans le même moment, il parlait du corps entier de l'homme premier qui par sa chute fut détruit comme corps spirituel et qui, après trois jours, trois alliances, trois morts, ressuscitera dans la gloire lumineuse de la Jérusalem Céleste. Le premier jour commence à la sortie du PARDES, et finit à Moïse. C'est l'époque de l'alliance des patriarches au centre de laquelle se situe la traversée des morceaux en guise de serment. Ceci figure la transformation du corps dans la ténèbre de la caverne. On y voit se dresser Babel et se confondre les langues. L'Arche flotte au-dessus des eaux déchaînées. C'est le rassemblement des dieux épars, des tribus dispersées, et leur exil en Égypte. Le deuxième jour commence à la sortie d’Égypte et c'est la Pâque. L'alliance des prophètes est scellée par le Dieu unique dont le nom est révélé au seul prophète et législateur Moïse, sauvé des eaux dans une arche en osier. Israël se connaît, marche vers la Terre Promise, fonde Jérusalem et construit le Temple, malgré l'exhortation d’YHVH à David. Ce Temple sera détruit, reconstruit, détruit encore, tandis qu’Ézéchiel en exil proclame le Temple spirituel dont il donne plan et mesures. »[125]

L'explication d'Origène nous paraît moins historique et plus fondée.

Il distingue trois moments de la résurrection qui sont les trois jours : la venue de Jésus dès le premier jour dans le paradis de Dieu – où s'accomplit la promesse au bon larron[126] – l'apparition à Marie Madeleine, et le retour auprès du Père.

 

Le nom de Pythagore :

Le nom même de Pythagore est l'objet du Temple : l'annoncé de la Pythie ou le discours du pythien. Du serpent python fixé s'échappe une parole qui deviendra un or pesant. C'est la fixation du serpent qui convertit Eva en Ave. Alors commence la gestation de la vierge. L'Ave Maria est bien une bénédiction, ou parole bien dite. Les circonstances de la naissance d’Apollon, que nous avons rappelées plus haut, sont identiques : la fixation d’un serpent !

Il n'y a que dans le Temple que la Sainte Parole, le saint nom du tétragramme puisse être prononcé.

Dans de nombreuses histoires, l'énigme à résoudre est un nom à prononcer[128]. L'union des consonnes et des voyelles met fin à l'action de Satan.

 

Les trompettes de Jéricho

C’est par le siège de Jéricho, la ville la plus basse du monde, que Josué guidant le peuple d’Israël prit possession de la Terre Sainte promise. Ce fut l’aboutissement d’un long périple pour lui et pour Israël.

Pourtant, lorsque l’on évoque les murs qui s’écroulent, on pense davantage à la Jérusalem céleste et non à Jéricho. C’est en réalité la même ville.

En effet, si nous sommes à la circonférence d'un cercle dont le centre est un feu similaire à l'océan de feu qui nous entoure, il est normal que lorsque l’on atteint le point le plus bas, on soit aussi dans l’éther. C’est le sens de Jérusalem Céleste, qui signifie Fondements Saints dans les cieux.

À la fin de l’œuvre, après 40 ans d'exil, le Temple extérieur n'est plus nécessaire. Lorsque Josué arrive en terre promise, il fait tomber les murs de Jéricho par le son des trompettes, après en avoir fait sept fois le tour.[129] Elles annoncent la gloire du corps glorieux totalement régénéré. Est-ce une image de l'athanor qui se rompt à la fin sous l'impact du métal sonnant ? C'est l'arrivée dans la terre promise.

Les cornes retentissantes évoquent le sacrum. Le mot hébreu, שופר, trompette évoque la beauté et la perfection, celle du corps glorieux métallique achevé.

Lorsque l'unité avec Dieu, qui était perdue depuis la chute, est retrouvée, que la religion est accomplie, les symboles et les séparations ne sont plus utiles.

« Plus de lettres, plus de chiffres, plus de serrures, plus de portes, plus de murs, plus de prisons, plus de tombeaux et plus de morts pour celui qui trouve, qui mûrit et qui mange l'unité de l'unique. »[130]

La Ka’ba, elle aussi, sera aussi détruite à la fin des temps. [131]

« Tuba mirum spargens sonum per sepulcra regionum, coget omnes ante thronum. Mors stupebit et Natura, cum resurget creatura, judicanti responsura.[132] »

« La trompette, répandant un son admirable parmi les sépulcres des pays, rassemble tous les hommes devant le trône. La Mort sera saisie de stupeur, comme la Nature, quand ressuscitera la créature, pour comparaître devant le juge. » « C'est pourquoi aussi, le voile du Temple s'est déchiré, non seulement parce que le temple sera désormais en l'homme, et le Saint des Saints, mais parce qu'au dernier jour, il n'y aura plus de Temple, même dans l'homme, puisque l'homme total sera en la Jérusalem Céleste. C'est pourquoi, les hommes ressuscitent tandis que la terre tremble, car c'est la préfiguration de la fin matérielle du monde chuté et de la résurrection générale des hommes. »[133]

« Je vous le dis en vérité, quand le fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d'Israël. »[134]

Que ce renouvellement se perpétue, comme Louis Cattiaux le souhaitait en disant : que ma joie demeure...

 A. Feye


[1] Jean 2, 18
[2] Cfr Pascal, Pensées, 2 fragment 24
[3] Le nom est un présage.
[4] Louis Cattiaux, Le message retrouvé, XXXIII, 42
[5] Coran, 61, 6
[6] Emmanuel et Charles d'Hooghvorst, Présentation au Message Retrouvé, 1956
[7] Matthieu 28, 19
[8] MR XXXV, 66'
[9] Marc, XIV, 58
[10] MR XXIV, 40
[11] Hippolyte de Rome, Philosophoumena ou réfutation de toutes hérésies. Notice sur les Naassènes.
[12] Cfr Isidore de Séville, Étymologies, XV, 4
[13] MR XXXIV, 19'
[14] Hébreux, XIII, 1-3
[15] Matthieu, 24, 1
[16] Bien que les mots hébraïques soient différents, l’expression rappelle l’histoire de Jacob qui supplanta son frère Ésaü.
[17] I Rois, 5, 17. La fin du vers biblique rappelle le vers 6 de la première bucolique de Virgile : Ô Meliboe Deus nobis haec otia fecit. Et qui est ce Dieu ? Urbem quam dicunt Romam. Dans les deux cas, la paix semble permettre l’érection d’une ville ou d’un Temple.
[18] Cfr Origène, commentaire sur Saint Jean, p. 547
[19] I Rois, 3, 5
[20] MR XV, 39
[21] 11 et 12
[22] MR X, 30
[23] I Rois, 5, 9
[24] I Rois, 5, 25
[25] I Rois, 6, 1-10
[26] EH, Fil de Pénélope, Beya, p. 341.
[27] Hippolyte de Rome. Philosophoumena, 5.
[28] Cf. II Cor., XII, 2-4
[29] Il y a donc un peuple de Dieu qui ne se limite pas au peuple de Juda.
[30] I Esdras, 1, 2
[31] Isaïe 45, 1
[32] I Rois, 6, 11
[33] II Chroniques 7, 16
[34] MR XIX, 47'
[35] Sotah 48a Talmud de Babylone
[36] Zohar 216a, 118
[37] Pseudo-Cyprien, De montibus Sina et Sion 4, CSEL III, 3, p. 107-109
[38] Origène, Commentaire sur Saint Jean, XXXVIII, 254
[39] Fil de Pénélope p. 274 note 2
[40] I Rois, 7, 21
[41] MR XXI, 19 et 19'
[42] Exode XIII, 21
[43] Lingua Latina V, 38
[44] 17ème et 18ème strophes du Dies Irae : « Oro supplex et acclínis, cor contrítum quasi cinis, gere
 curam mei finis. Lacrymósa dies illa, qua resúrget ex favílla judicandus homo reus. »
[45] MR III, 58
[46] Emmanuel d’Hooghvorst, Aphorisme n°3
[47] Exode 40, 3
[48] Hans van Kasteel, le Temple de Virgile, p. 30
[49] MR X, 10'
[50] XIV, 9' voir aussi XXVII, 9'
[51] MR XVIII, 62
[52] MR XXVI, 47'
[53] Luc, XX, 14
[54] Cfr Origène, Commentaire sur Saint Jean, X, 266 et 268
[55] Matthieu XVI, 15
[56] Aphorisme 13
[57] Matthieu 26, 55
[58] Fil de Pénélope p. 286 (ancienne édition).
[59] Cfr Psaume 79
[60] Job. MR, Hypogrammes du livre XXIV
[61] MR XXXIII, 29 et 29'
[62] On s'étonne dès lors du zèle chrétien à détruire les représentations d'Isis dans les temples égyptiens par exemple. Le fanatisme, au contraire d’une vraie cabale, ne semble pas avoir besoin de l'aide de qui que ce soit pour se transmettre !
[63] Hippolyte, ibidem p. 151
[64] MR XV, 56
[65] Cfr Coran, Sourate 17
[66] Rabelais, Quint Livre, XXXXV jusqu’à la fin.
[67] Questions Homériques p. 413
[68] Fil de Pénélope p. 33 (ancienne édition)
[69] Fil de Pénélope I, p. 24
[70] Énéide VI, 645-647
[71] Charles d’Hooghvorst, Livre d’Adam, p. 50
[72] Cfr Origène, Commentaire sur Saint Jean, X, 236
[73] Ézéchiel III, 3
[74] Cfr Apocalypse 10, 7
[75] Ovide, Métamorphoses 518
[76] Rabelais, Quint Livre, XLVII, 45
[77] Fil de Pénélope, p. 102 première édition
[78] Coran 2, 125 Cours d'Hébreu tome 2 p. 81
[79] Cfr Genèse, 12
[80] Coran, 2, 127
[81] EH, cours d’hébreu
[82] R.P. Masani, Zoroastrisme, p. 35
[83] Fil de Pénélope, p. 247
[84] Psaume III, 5
[85] Exode 17, 12
[86] Fil de Pénélope p. 277 (ancienne édition)
[87] Voir Exode XIV, 19 et 20.
[88] Fil de Pénélope, p. 277
[89] Cfr Proverbes X, 25
[90] On trouve notamment la pensée, φρονησις ; le courage, ανδρεια ; l'amour, ερος parmi tant d'autres, qui expriment tous le mouvement ou l'écoulement.
[91] Virgile, Bucolique 1, vers 2
[92] EH, cours d'hébreu, tome III, p. 51
[93] Questions Homériques, p. 55
[94] Genèse XXXVII, 1
[95] Cfr Dante, Divine Comédie, I, 31-54 Une panthère, un lion et une louve barrent la route de Dante juste avant qu'il ne rencontre Virgile.
[96] Cfr Dante, Divine Comédie, I, 79
[97] Panurge se rend lui dans une salle éclairée comme à midi.
[98] Philalèthe, p. 308
[99] Fil de Pénélope, p. 218 (ancienne édition)
[100] Ibidem
[101] MR XV, 47
[102] MR IX, 28
[103] MR XIX, 65
[104] MR XIV, 49
[105] Matthieu 21, 12-17
[106] Marc, 2, 46
[107] MR XVIII, 62’
[108] Charles d'Hooghvorst, Livre d'Adam p. 53
[109] Hippolyte, ibidem, p.154
[110] Ovide, Fastes, IV, 695
[111] Matthieu 11, 17
[112] Cfr II Samuel, 6, 14
[113] Fil de Pénélope, p. 108 (ancienne édition)
[114] Gebrüder Grimm, Kinder-Hausmärchen, KHM 28, der singende Knochen
[115] Hippolyte, op. cit., p. 186
[116] Cfr Hippolyte, op. cit., p. 191
[117] Luc, 19, 47
[118] MR XXI, 72
[119] Luc 12, 52
[120] Matthieu 10, 34
[121] Luc 14, 26
[122] Étymologie arabe de Babel, Bâb kul baliya, la porte de toute calamité. Abou 'Ara
[123] Cfr Genèse 11, 4 « Allons, bâtissons-nous une ville avec une tour qui atteigne le ciel, pour nous faire un nom et ne pas être dispersés sur la face de la terre. »
[124] Origène, Commentaire sur Saint Jean, X, 242
[125] Sept Instructions aux Frères en Saint Jean, p. 41
[126] Luc, 23, 40
[127] Origène, Commentaire sur Saint Jean, X, 245
[128] Le conte Rumpelstilzchen par exemple. Gebrüder Grimm, KHM 55. Ou le mythe d'Ulysse chez Polyphème qui obtient un nom, μητις, sagesse, alors qu'il est entré dans sa caverne en tant qu’οὐτις, personne.
[129] Les évêques effectuent une septuple circonvolution semblable lorsqu’ils sanctifient l’autel d’une nouvelle église.
[130] MR XXII, 50'
[131] Al Boukhari
[132] Dies Irae
[133] Sept instructions aux Frère en Saint Jean.
[134] Matthieu, 19, 38

 

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