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Écrit par : Anonyme
Titre :  Le Bahir
Date de parution : 1983
Éditeur : Verdier
 
 

Le Bahir, Le Livre de la Clarté, trad. J. Gottfarstein, Verdier, Lagrasse, 1983, 174 pp.

Gershom Scholem, dans La Kabbale et sa symbolique, (Payot, Paris, 1980, p. 108), écrivait au sujet du Bahir :

« Aux environs de 1180 apparut, personne ne sait exactement d’où et comment, dans le Sud de la France, le premier écrit des kabbalistes, le livre Bahir, certainement l’un des textes les plus étonnants, pour ne pas dire incroyables, de la littérature hébraïque du Moyen Âge. Il contient une collection inimaginablement mal écrite de jugements théosophiques sous la forme de commentaires de la Bible, qui proviennent en grande partie des sources de l’âge talmudique. C’est un tout petit livre de 30 à 40 pages seulement. »

Il faut noter que la définition « le premier écrit des kabbalistes » est sujette à caution, comme le rappelle l’auteur du Fil de Pénélope (t. i, p. 277) :

« De ce qui précède, nous devons conclure que, dans le judaïsme, les seuls possesseurs de la Loi, ce sont les cabalistes. Or le texte de la Mishna [la partie plus ancienne du Talmud] sur lequel nous nous sommes appuyé est antérieur de loin à l’époque à laquelle les historiens pensent qu’aurait débuté la Cabale. »

Du reste, nous venons de le voir, Scholem concède que les commentaires du Bahir « proviennent en grande partie des sources de l’âge talmudique ».

La traduction de Joseph Gottfarstein n’est pas toujours facile à lire, mais reconnaissons que le texte original hébreu y est pour beaucoup. On n’en trouve pas moins des perles disséminées dans cet ouvrage relativement obscur :

« À quoi est-ce comparable ? À tous ceux qui voudraient voir le roi, mais ils ne savent pas où se trouve sa maison et ils demandent d’abord où est la maison du roi et ensuite où se trouve le roi lui-même. » (p. 19)

« Rabbi Bun vint encore à interpréter le verset (Isaïe 45, 7) : “Il forme la lumière et crée les ténèbres”. C’est à propos de la lumière qui est dotée de substance, que l’Écriture emploie le mot yetsirah, “formation”, tandis qu’au sujet des ténèbres qui n’ont pas de substance, l’Écriture se sert du terme beriah, “création”, et ceci en accord avec Amos (4, 13) : “Il forme les montagnes et il crée le vent”. On peut l’expliquer encore ainsi : il s’agirait de la lumière qui a son existence [litt. être] propre, car il est écrit (Genèse 1, 3) : “Et Dieu dit : Que la lumière soit”. Il n’y a d’existence [être] que par acte ; l’Écriture emploie donc l’expression yetsirah [formation]. Mais au sujet des ténèbres qui, elles, ne sont pas “acte”, mais seulement “séparation” et “distinction” [cf. Genèse 1, 4 : “Et Dieu sépara/distingua la lumière et les ténèbres”], l’Écriture emploie le mot beriah [création]. » (pp. 24 et 25)

L’auteur du commentaire sous-entend peut-être un rapport étymologique avec des mots tels que bererah, « séparation », « distinction ». Le verbe baro (« créer ») est d’ailleurs proche de baroh (« choisir », « élire »). On pense aussi au rapport établi entre les verbes latins creo (« créer ») et cerno (« discerner »).

« Une colonne s’élève de la terre au ciel et son nom est le juste, tsadiq. S’il se trouve des justes sur la terre, elle se fortifie, sinon elle s’affaiblit et le monde ne peut subsister. Mais lui [le juste] se charge du monde entier. Car il est écrit (Proverbes 10, 25) : “Le juste est le fondement du monde”. Et s’il s’affaiblit, le monde ne peut plus subsister. Voici pourquoi : si dans le monde ne devait se trouver qu’un seul juste, il suffirait à le maintenir. Car il est dit : “Le juste est le fondement du monde”. » (p. 81)

« Chaque voyelle est un cercle tandis que chaque consonne est un carré. Ainsi les consonnes ne peuvent-elles subsister que par les voyelles, celles-ci sont leur vie. C’est par la voie des tsinourot (conduits) que la voyelle parvient à la consonne grâce à l’odeur des sacrifices. […] C’est ce qui est écrit (Deutéronome 6, 4) : “Écoute, Israël, IHVH, notre Dieu IHVH est Un”. » (p. 92)

« La femme fut prise de l’homme, car le monde d’ici-bas ne saurait subsister sans la femme. » (p. 128)

« Samaël descendit avec toutes ses armées et se mit à chercher sur la terre un complice. Il rencontra le serpent qui avait l’apparence d’un chameau. Il le monta et se rendit chez la femme. » (p. 152)

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