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D’une sombre croyance à la foi lumineuse selon Dante

« Il ne suffit pas que Dieu soit caché en nous, il faut aussi qu’il y brille démesurément, comme l’étoile de notre naissance nouvelle » (MR 9, 25’).

« Le croyant s’affermit de plus en plus dans sa foi, qui l’éclaire et qui le protège » (MR 32, 48’).

Pour les philologues, la racine indo-européenne du mot « foi » serait « beidh » : avoir confiance. De ce radical proviendraient :

* en grec : 
- « peithomai » : avoir confiance, être persuadé, obéir ;
- « pistos » présentant un sens actif : qui a foi en quelqu’un, qui adhère fidèlement, et un sens passif : en qui on a foi, fiable ;
- « pistis » : foi, confiance que nous inspirons ou que nous ressentons, garantie, assurance ;
 
* en latin :
- « fides » (qui a donné « foi » en français) : foi religieuse, engagement solennel, adhésion ;
- « fidelis » : à qui on peut se fier ;
- « foedus » : traité (basé sur la confiance entre parties) ;
- « foederare » : unir par une alliance ferme.

En hébreu, langue sémitique, le mot « Emounah » signifie foi, fidélité, fermeté, véracité ; il s’agit d’une certitude inébranlable, d’une confession plénière. « Omnah » est un pilier, une colonne, un support, une base.

Le verbe « Aman » cumule les sens de :
- élever (un enfant), éduquer, nourrir, bâtir (qal) ;
- croire fermement, se fier à (hiphil) ;

Le mot liturgique « amen » exprime, bien plus qu’une simple croyance : une foi totale, une certitude, une adhésion sans réserve et active à une vérité présentée comme « la Vérité »

En français, les mots « foi » et « croire » ont évolué en s’affaiblissant. Ainsi, dire : « je crois qu’il va pleuvoir » rend plus compte d’une incertitude subjective que d’une adhésion ferme et totale telle qu’est la foi religieuse dont nous allons parler.

On voit que le concept présente un côté statique de certitude, fidélité, fermeté, assurance (en ce compris les sens de traité, alliance, support). A cela s’ajoute un aspect dynamique de croissance, d’édification, d’évolution à partir d’une base solide, vers une perfection inaltérable. Loin de nous endormir résolument sur l’oreiller de la foi, il s’agit pour nous de la gravir comme une montagne et de l’approfondir comme une mine (conf. MR 25, 56-57). C’est ce que nous allons voir dans le Nouveau Testament et dans le commentaire qu’en fait Dante.

*

L’auteur de l’épître aux Hébreux donne de la foi une double définition et un effet en rapport avec la création, qui appellent quelques explications.

«La foi est la substance ( hypostasis) des choses espérées, la démonstration (elegchos) des affaires invisibles ; en elle, en effet, les anciens ont reçu témoignage.

La foi nous fait connaître que les mondes ont été formés par la parole de Dieu de sorte que le visible est né du non manifesté » (Héb. 11, 1-3).

Le deuxième paragraphe nous rappelle que du non-manifesté (Ain Sof), la Parole divine a façonné la hiérarchie des mondes. Toute la métaphysique repose dans cette question : comment la puissance pure, l’infini inexprimable, a-t-il pu passer à l’acte, produire l’enchaînement des mondes manifestés, l’émanation, la création, l’intelligible et le sensible, les êtres finis et pour couronner le tout, l’homme - microcosme qui est le résumé du grand monde et l’image de Dieu?

Mais nous ne nous attacherons qu’à la première phrase qui, avec sa double définition, fait penser à une mère prise par les douleurs de l’enfantement de jumeaux appelés étrangement « substance » et « démonstration ». Nous tenterons de l’aider avec nos faibles moyens, arrimés au mât de la tradition chrétienne (celle du grand fidèle d’amour qu’était Dante).

Le grec « hypostasis » a été traduit par « substantia » dans la Vulgate. Littéralement, ces deux termes expriment ce qui se tient dessous, la base, le fondement, le support. Notre épître suggère donc que la foi est la base, le fondement, le principe de l’espérance ou  des objets espérés.

Nous avons rendu par « démonstration » le grec « elegchos » ; ce terme peut se comprendre de diverses façons à la fois juridiques et logiques : argument (pour réfuter), preuve à conviction (opposée à une accusation), démonstration, raisonnement. Le latin « argumentum », utilisé par Jérôme, présente pratiquement ces mêmes sens.

Dans le contexte de notre épître, au sens juridique, il s’agit, dirait-on, d’une enquête, d’une instruction pour établir une certitude sur des faits non établis ; au sens logique, c’est un raisonnement qui aboutit à une conclusion non manifeste au départ. Dans cette deuxième définition la foi est donc vue d’une part, comme une enquête serrée, une sorte d’instruction judiciaire et de l’autre, comme une argumentation, un syllogisme destiné à montrer ou manifester quelque chose d’ignoré à l’origine.

Le XXIVème chant du Paradis de Dante nous livre un profond commentaire de cette double définition de la foi donnée par l’épître aux Hébreux.

*

Après avoir traversé les sept cieux planétaires traditionnels, Béatrice et Dante ont pénétré dans le huitième ciel, celui des étoiles fixes ou des constellations. Ils y rencontrent saint Pierre, sous la forme d’un souffle igné, qui va examiner Dante sur la foi : « Parle, bon chrétien, explique-toi : qu’est-ce que la foi (fede)? » (v. 52-53) (2).

Réponse du Poète :

« … Comme l’écrivit la plume véridique, père, de ton frère aimé, qui mit avec toi Rome dans le bon fil : ‘foi est substance des choses espérées et argument des invisibles’ (Héb. 11, 1) ; telle me paraît être sa quiddité » (v. 61-66).

Le frère aimé désigne Paul qui, avec Pierre, fonda l’Eglise de Rome.

Dante suit la tradition qui attribue la paternité des « Hébreux » à Paul, tradition mise en doute dès les premiers siècles ; on s’accorde aujourd’hui à dire que l’épître a été rédigée par quelqu’un de l’entourage de Paul. Cet aspect ne nous préoccupe pas présentement.

Par  « quiddité », il entend « l’essence, l’être-même » de la foi.

Pierre et Paul, souligne Dante, ont mis Rome dans le bon fil de la foi chrétienne. Comparant audacieusement la chose aux trois colonnes de l’arbre séfirotique, nous avancerons que, la file de gauche (rigueur - gel coagulant) et la file de droite (grâce – dilatation de l’amour) s’unissant, le petit filet central s’élargit généreusement comme les grandes eaux de la mer céleste (cfr. MR 30, 2-2’) ; mais en attendant : « … la loi et le devoir doivent nous guider comme la canne dure et sèche guide les pas de l’aveugle » (MR 19, 36). Le côté littéral et sinistre prédomine. Cependant les lettres pharisaïques de la ROMA dure et sèche retrouvent la bonne file, le bon ordre qui se lit AMOR (lequel ou laquelle AMOR cherche désespérément des fidèles : avis aux amateurs !), lorsque vient l’idiot qui seul a appris à lire le monde à l’envers dans le ciel et qui se trouve donc seul aussi à le voir à l’endroit sur la terre (cfr. L. Cattiaux, Poèmes Zen : l’endroit).  

« Alors j’entendis : Tu penses droitement si tu comprends pourquoi il la mit d’abord parmi les substances, et puis parmi les arguments.

Et moi, alors : Les choses profondes qui me font ici don de leur apparence sont si cachées aux yeux d’en bas que leur être y est en seule croyance (credenza), sur quoi le grand espoir se fonde ; c’est pourquoi elle prend le nom de substance » (v. 67-75).

Les profondes réalités surnaturelles que perçoit Dante au cours de son voyage sont la base, le fondement, le principe invisible de ce qu’espèrent les croyants de ce bas-monde. Leur foi d’en bas, qui n’est encore qu’une croyance (credenza), est la substance qui fonde leur espérance, le socle sur lequel il vont construire, la souche ou la racine d’où doit surgir le bois de vie, la foi obscure (credenza) qui doit passer de l’aveuglement à la clairvoyance.  

« Et sur cette croyance il nous convient de syllogiser sans rien voir d’autre : c’est pourquoi on l’appelle d’argument.

J’entendis alors : Si tout ce qui s’apprend sur terre par doctrine se comprenait ainsi, l’esprit de sophistique n’aurait pas lieu » (v. 76-81).

Les aveugles de ce bas-monde sont bien obligés de poser leur échelle sur cette croyance, cette foi obscure quoique substantielle : ils ont à y édifier l’argumentation, le raisonnement, le syllogisme de bonne facture qui conduit vers les réalités cachées et non vers les chimères des sagesses humaines.

« Ainsi souffla cet amour ardent ; puis il ajouta : L’alliage et le poids de cette monnaie ont bien passé entre tes mains ; mais dis-moi si tu l’as dans ta bourse. Et moi : Oui je l’ai, si brillante et si ronde que rien ne me fait douter de son coin » (v. 82-87).

La foi dans la doctrine de vérité est maintenant comparée par Pierre à une monnaie qui se baille de main de maître à main de disciple. « Marie conservait toutes ces paroles (ou ces choses : hébraïsme), les réunissant dans son cœur » (Lc. 2, 19). Les disciples négligents reçoivent d’une main la monnaie authentique et la dépensent aussitôt de l’autre. Dante, comme Marie, la conserve au plus profond de lui-même : c’est son trésor ; il est de bon aloi car l’empreinte gravée en creux qui presse cette monnaie métallique, son coin, est fiable, garanti par le Seigneur du Lieu, le seul qui détienne le droit régalien de battre monnaie.

« Alors j’entendis dans la lumière profonde qui resplendissait : Ce joyau précieux sur quoi toute vertu se fonde, d’où te vient-il ? Et moi : La large pluie de l’Esprit Saint qui est diffuse sur les parchemins anciens et nouveaux est le syllogisme qui me l’a prouvé si nettement qu’à côté d’elle toute démonstration me semble émoussée » (v. 88-96).

Suivant l’exemple de Marie, réunissons les paroles ou encore les paraboles dans notre cœur et comparons-les : en rapprochant Mt. 17, 20  ou Lc. 17, 6  où la foi est comparée à un grain de sénevé, de Lc. 13, 19 où c’est le Royaume qui est semblable à un grain de sénevé, nous devons conclure que la foi est comme le Royaume. La tradition kabbalistique nous confirme la chose car la première sefirah que nous pouvons atteindre est appelée Royaume (Malkout) et est assimilée à la foi, miroir obscur qui doit être éclairci.

Il n’est donc pas étonnant que Pierre compare la foi à un joyau précieux puisque deux paraboles du Royaume le disent semblable à un trésor caché dans un champ et à une perle de grand prix dont l’heureux inventeur vend tout ce qu’il a pour les obtenir (cfr. Mt. 13, 44-46).  

C’est donc la large, ou généreuse pluie de l’Esprit Saint venant abreuver la sécheresse littérale de l’Ecriture qui apporte la démonstration de la richesse du Verbe. Ici la foi est vivifiée et se clarifie.  

Rappelons que le syllogisme est trois-un comme Dieu et comme son image, l’homme, puisque les deux prémisses (majeure et mineure) sont comme le père et la mère de la conclusion. De même, l’Ancien et le Nouveau Testament s’étreignent sous l’ombre de l’Esprit et engendrent la belle conclusion du Logos divin : encore une sainte famille !

« J’entendis ensuite : L’ancienne et nouvelle proposition qui te font conclure, pourquoi les tiens-tu pour parole divine ? Et moi : La preuve qui m’ouvre le vrai, ce sont les œuvres qui suivirent, pour qui la nature n’échauffe pas le fer et ne bat pas l’enclume » (v. 97-102).

La preuve de la vérité des Ecritures, ce sont les œuvres de la foi, œuvres purement douces et naturelles, qui ne passent pas par la violence et les artifices techniques des hommes (tels que ceux du forgeron), œuvres qui sont les fruits de la poussée de la foi issue du fondement du sage. Pindare connaissait ce miracle de la germination :

« Le Sage est celui qui sait tout par croissance naturelle. Ceux qui étudient sont des violents, comme un duel de corbeaux clamant leurs vains piaillements contre l’oiseau de Zeus » (II Olymp. v. 93-98).

Il ne s’agit plus ici des surenchères érudites des théologiens scolastiques, mais des œuvres que suscite le baptême d’eau et d’esprit purifiant et fécondant la lettre - terre scripturaire et naturelle.

*

A la fin du XXIVème chant, Pierre demande à notre Poète de formuler sa profession de foi : « Mais il faut à présent dire ce que tu crois et d’où cela s’offrit à ta croyance » (v. 122-123). Dante y répond par un éloge des Ecritures vivifiées par l’ondée de l’Esprit ainsi que par sa foi en la Trinité ; il ajoute :

« De la profonde condition divine que je touche à présent, le sceau est mis souvent dans mon esprit par la doctrine évangélique.

C’est là le principe, c’est là l’étincelle qui se dilate ensuite en flamme vive et scintille en moi comme étoile au ciel » (v. 142-147).

Voilà une autre manière d’exprimer la double définition de notre épître ; en effet tout peut servir de symbole au sage. La foi est le principe, l’étincelle, c’est-à-dire la substance ; sur ce fondement on va argumenter, apporter la preuve à conviction, élucider ou démontrer l’affaire : en d’autres termes, cette étincelle s’enflamme au sein du fidèle et se transforme en étoile scintillante.  

Ou encore, lorsque la loi orale (air-eau-feu, = l’haleine-souffle igné du Créateur) emplit le vase terrestre de la loi écrite, une étincelle jaillit qui enflamme le bon fil, la bonne mèche, comme à la Chandeleur.

Pierre embrasse son disciple, le bénit de son chant et le reconnaît comme un initié : n’est-il pas un authentique fidèle d’amour ? Le discours le réjouit d’autant plus qu’il a lui-même décrit l’astre qui se lève dans le cœur de l’homme de foi :

« … Nous possédons plus ferme le Verbe prophétique auquel vous faites bien de vous appliquer comme à une lampe luisant dans un lieu desséché  jusqu’à ce que le jour ait brillé et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs » (II Pierre 1, 19).

Nous avons traduit le grec « auchmèros » par desséché, ce qui est bien son sens premier ; par extension, ce terme peut signifier poussiéreux, sale, misérable… mais absolument pas obscur ou ténébreux comme l’ont rendu pratiquement tout les traducteurs français (à la suite de Jérôme : caliginosus).  Il n’est pourtant pas difficile de comprendre que sans la pluie de la grâce répandue par l’Esprit, le cœur reste desséché et improductif :

« Quand nous aurons placé un saint livre chez un cœur généreux, nous aurons semé le grain d’or qui germera et qui embrasera le ciel et la terre, mais si le cœur est sec, nous ne devons pas nous décourager, car dans ceux qui l’avoisinent la lumière du Seigneur repose peut-être, attendant la libre rosée de l’Unique pour fleurir et pour paraître au monde de l’amour » (MR 21, 43’).

Cette foi sise dans le cœur, illuminante et illuminée, est aussi célébrée par Paul : « Car le Dieu qui a dit : Des ténèbres resplendira une lumière, c’est Lui qui a resplendi dans nos cœurs pour l’illumination de la connaissance de la gloire de Dieu sur la face du Christ. Ce trésor, nous le possédons dans des vases d’argile, afin que la surabondance de la puissance soit de Dieu et non de nous » (II Cor. 4, 6-7).

Le Fils de Dieu est à la fois celui qui transmet au récipiendaire le pouvoir reçu de son Père et la réalité même de ce pouvoir appelée « astre du matin » :

« Au vainqueur, à celui qui garde mes œuvres jusqu’à la fin, je donnerai pouvoir sur les nations et il les paîtra avec une verge de fer comme on brise les vases de terre cuite ; comme moi aussi j’ai reçu de mon Père, je lui donnerai l’astre du matin » (Ap. 2, 26-28).

« Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous donner ces témoignages sur les Eglises. Moi, je suis la racine et la descendance de David, l’astre éclatant du matin » (Ap. 22, 16).

L’étincelle primitive se transforme en étoile éclatante, ce qui rend inutile le vase d’argile que l’on brise comme le moule d’un bronze fondu : que faire en effet de cette écorce dans le monde à venir ? « Nous prions pour être brisés et pour que nos lumières soient réunies dans l’amour de l’Unique » (MR 9, 26’).

Voilà l’ancêtre et le dernier-né, l’alpha et l’oméga de la maison de David, du Royaume : il est l’astre lui-même, la foi qui croît dans l’espérance pour vivre à jamais dans la gnose ignée de l’agapè, de l’amour rédempteur : « C’est la foi qui permet d’approcher la connaissance de l’amour qui sauve de l’exil de la mort » (MR 28, 37). Il nous faut sortir de la sombre croyance, connaître la clarté de la foi et la verdeur de l’espérance, pour nous unir à LUI dans la perfection aurifique de l’agapè (2).

*

En somme, après sa germination obscure dans la nuit de ce monde, l’astre du matin n’est encore qu’une nouvelle naissance, une initiation, un saint commencement, qui doit s’amplifier en pleine maturité solaire :

« Nous voilà abandonnés et livrés à nous-mêmes dans les ténèbres de l’exil, et ton étoile s’est cachée de nous, et tu t’es retiré dans le ciel » (MR 31, 51’)…   « Mais nous savons que ton jour est proche, car nous sentons ta lumière remuer en nous comme l’enfant qui va naître » (MR 31, 54’). C’est l’expérience que Paul endure avec les Galates : « Mes petits enfants que j’enfante douloureusement à nouveau jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » (Gal. 4, 19).

« L’eau et le feu purgent la création mixte jusqu’à l’étoile du renouvellement et jusqu’au soleil de l’achèvement » (MR 1, 45’).

« … Ô sublime accomplissement de l’innocence qui sait ! » (MR 9, 60’). Innocence procurée par la techouvah du fils prodigue qui pourra enfin accomplir, dans le paradis retrouvé, le chef d’œuvre naturel, surnaturel et sage proposé aux saints : œuvre interrompue par l’instructive mais douloureuse initiative de nos premiers parents qui perdirent ainsi leur innocence.

C’est alors que la restauration des échanges entre les sept sefirot inférieures rétablit l’unité du Nom divin, les trois supérieures retrouvant leur juste place. Le plérome, ce Dix-Un, déverse à nouveau sur la création ses grandes eaux qui donnent essence, substance et subsistance vitales. Cela ne peut se faire sans la sage participation du véritable Vicaire, Seigneur et gardien de la création, dont tant d’imposteurs grotesques, encouragés par l’insatiable besoin d’idolâtrie des foules avides de directives, prennent la place afin d’être inondés de pouvoir, de lucre et de vaniteuse autosatisfaction.

« Ô Seigneur de liberté (Hokmah), donne-nous l’intelligence suprême (Binah) qui est l’obéissance à ta sainte volonté (Keter), afin que ta création (Beriah) nous soit soumise par l’amour que nous avons pour elle, comme nous te sommes soumis par l’amour que tu as pour nous (unité gauche-droite, bas-haut).

Ô Seigneur (Tiferet) de fondation (Yesod) donne-nous la foi (Malkout) toute-puissante qui coagule (Gevourah) et qui dissout (Gedoulah) ta sainte lumière de vie (Chefa), afin que nous soyons établis seigneurs et gardiens fidèles de ta création merveilleuse (Beriah) dans l’éternité (Netsah) de ta gloire (Hod) » (cfr. MR 40, 2-2’) (voir éventuellement la note facultative de J.A. Devos-Hornett).

Il va de soi que les seigneurs et gardiens fidèles ne sont autres que les praticiens du fin amor, les discrets fidèles d’amour que nous aimerions voir se découvrir un peu plus.

Le non-manifesté ne forge-t-il pas ici, par son Verbe bien affilé, la chaîne des mondes dont le Juste est l’aboutissement le plus parfait ? Voilà notre foi : Amen ! (cfr. MR 1, 68 et 10, 41’).

« Ô croyants de Dieu, que votre espérance germe et que votre foi refleurisse, car le Seigneur vous voit briller à travers l’exil de la mort.

N’avons-nous pas donné un fruit merveilleux, comme un bon arbre planté par le Seigneur dans la terre d’exil ? Ceux qui mangeront de ce fruit retourneront dans le paradis de Dieu, et ils n’en ressortiront plus grâce à leur expérience de la mort » (MR 34, 69’-70-70’).

« Prions d’abord avec humilité et avec persévérance dans les ténèbres de la foi. Ensuite, nous louerons avec abandon et avec reconnaissance dans la lumière de l’amour. Enfin, nous adorerons avec dépassement et avec intégration dans l’unité de la connaissance » (MR 12,67).

J.M. d’Ansembourg

(Février 2012)

NOTES

(1)   Cette étude a été publiée pour la première fois en 2012 sur le site de www.beyaeditions.com dans la rubrique « documentation – tradition chrétienne ».
(2) Dans cet article, nous utilisons l’édition bilingue de « La Divine Comédie », texte original, traduction, introduction et notes de Jacqueline Risset, GF-Flammarion 1990 ; trois volumes. Travail remarquable avec traduction très fidèle au texte de Dante. 
En outre,  avouons que nous avons cédé à la tentation de rapporter de-ci de-là quelques opinions (hélas ! peu nuancées) de notre ami Jean-Aymar Devos-Hornett.
(3) Pour l’agapè voir « Le Quiproquo des Amours » (même auteur), dans « Le Miroir d’Isis » n°s 2 et 3 « Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ».

         Note facultative de Jean-Aymar Devos-Hornett :

      Petit dialogue surpris dans la ligne de trolley-bus de Couillet-Queue (Hainaut, faubourg de Charleroi) :
- Croyez-vous à l’astrologie ? 
- Mais non, voyons : c’est totalement irrationnel !
- Essayez, pourtant, vous verrez !
 
- Croyez-vous que les sefirot éclairent le MR ?
- Impossible, voyons : Cattiaux ne connaissait pas la Kabbale !
- Essayez pourtant, vous verrez !  
 
- Aimez-vous le Caco-Colic ?
- Certes non ! C’est infect : la preuve en est que je n’en ai jamais bu.
- Evidemment ! Avec une preuve aussi objective, votre foi est imparable ...

P.S. Le même J.-A. D.-H. a proposé d’intituler cet article : « Du prêt-à-porter romain à la haute-couture du Cosmopolite », mais nous avons énergié protestement (comme auraient dit les deux Dupondt).

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