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L’Islam et l’unité de la révélation

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#147

As-Salam ‘alaykum, la Paix soit sur vous !

J’ai récemment entendu dans l’un de mes cours une chose très intéressante sur la Jahiliyya. Ce terme, signifiant « ignorance », désigne plus généralement l'époque pré-islamique, la « période d’ignorance » qui aurait précédé la révélation du Coran au Prophète ﷺ,

Contrairement à ce que l’on croit généralement, l’Islam voit en fait dans cette « ignorance », dans ce polythéisme idolâtrique, le malheureux résultat de la dégénérescence d’un monothéisme ancien, descendant directement d’Abraham, par la filiation d’Ismaël. Celui-ci se serait peu à peu corrompu au fil des années, et il n’en serait resté qu’un amas de superstitions et de barbarie.

Ainsi, la prédication de Muḥammad ﷺ n’aurait rien apporté de neuf à l’ancienne religion, mais l’aurait juste resituée dans son état primordial. Le progrès envisagé entre la période « avant » et « après » le Prophète Muḥammad ﷺ n’est donc considéré qu’à petite échelle temporelle.

Ceci est vraiment intéressant et digne d’être pris en considération, par certains chrétiens notamment, qui s’enorgueillissent de leur révélation et arborent sans cesse une supériorité par rapport au paganisme polythéiste !

Une donnée de ce genre semble être un gage même de qualité et d’authenticité de la révélation elle-même : celui qui prétendrait ajouter quelque chose de nouveau par rapport à la révélation précédente prouverait par là même que son message n’est pas authentique! À ce propos, Louis Cattiaux disait :

« La révélation de Jésus-Christ n’est que le renouvellement du secret de Dieu oublié. Ainsi, chaque prophète maintient la révélation, et chaque Adepte révélé la renouvelle pour la sauvegarde des peuples, mais c’est toujours le même secret bien que les symboles et les rites puissent changer. L’ennui est que les sectateurs, plus ou moins ignorants de la nouvelle révélation, s’imaginent être les premiers à la connaître, ce qui est comique du point de vue de son antiquité. »

(Florilège épistolaire, 29, dans Croire l’incroyable, p. 265)

Dans une autre lettre écrite à Emmanuel d’Hooghvorst, il lui demande :

« Que pensez-vous trouver dans le Message Retrouvé que vous ne sachiez pas déjà par votre religion qui est forcément l’unique, la première, la dernière aussi ?

(Florilège épistolaire, 179, dans Croire l’incroyable, p. 355)

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#148

Notons aussi que le terme Qur’ān, utilisé pour désigner le livre révélé à Muḥammad ﷺ, signifie « récitation, lecture à haute voix »; il se retrouve à plusieurs endroits de manière indéfinie, « un Coran ».

On trouve à plusieurs reprises des versets comme :

« Nous vous avons révélé un Coran en arabe. »

(Par ex. Cor. 12, 2 ; 43, 3).

Ces quelques réflexions me semblent intéressantes, à une époque où force gens voient dans l’Islam une religion intolérante !

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#162

Chère almurida,

je vous remercie pour la justesse de ce message, qui a le don de remettre la mosquée au milieu de l’oasis …

Il est vrai que beaucoup de gens font preuve de « mauvaise foi », que ce soit du côté de ceux qui voient dans l’Islam une forme tardive et exotique de religiosité tribale et archaïque, mais aussi du côté de ceux qui pensent que leur religion est la meilleure car elle est le « dernier cri » en matière de Révélation et que l’éminence du Message muḥammadien implique de dénigrer et d’invalider toutes les traditions précédentes …

Ce n’est pourtant pas faute d’indications claires et évidentes dans le Coran et dans le comportement prophétique sur le fait que l’Islam est en réalité une restauration de l’unique Religion et un rappel de l’unique Message, comme vous le faites remarquer très justement …

Les premiers versets du Coran sont explicites :

« Ceci est le Livre à propos duquel il n’y a pas de doute. Guidance pour ceux qui craignent Dieu. Ceux qui qui croient au Mystère, qui accomplissent la prière et dépensent de ce que Nous leur avons pourvu. Et qui croient en ce qui est descendu sur toi et ce qui est descendu avant toi, et ont l’assurance à propos de Au-delà » (Cor. 2:2-4)

De nombreux passages du Livre rappellent donc cet héritage :

« Le Messager a cru en ce qui a été descendu sur lui, ainsi que les croyants. Chacun croit en Dieu, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Envoyés. Nous ne faisons pas de distinction entre l’un de Ses Envoyés » (Cor. 2:285)

« Certes Nous t’avons envoyé l’Inspiration comme Nous avons inspiré Noé et les Envoyés après lui : Nous avons inspiré Abraham, Ismaël, Jacob et les Tribus, Jésus, Job, Jonas, Aaron, Salomon, et nous avons donné à David les Psaumes. Des Envoyés dont nous vous t’avons déjà informé et des Envoyés dont nous ne t’avons pas informé. Et Dieu parla à Moïse directement » (Cor. 4:163-164)

Cette connexion à la chaîne des Révélations est d’ailleurs la dernière étape de la prière canonique que les musulmans accomplissent cinq fois par jour, puisqu’ils demandent à Dieu de prier et de bénir « notre maître Abraham et sa descendance » plus de dix fois par jour !

Votre remarque sur le caractère singulier apposé au Coran me semble toute aussi pertinente :
Il apparait en effet, lorsqu’on prend la peine d’écouter ce que la tradition nous rapporte, que le « Coran » ne se limite pas à l’ensemble des cent-quatorze sourates révélées à Muḥammad (SwS), mais semble être une réalité spirituelle qui s’incarne sous différentes formes. L’exemple le plus frappant est sans doute le fait que ‘Â’isha (rA) décrivait la personne du Prophète (SwS) comme étant un « Coran qui marche », ce qui nous entraine loin des conceptions littéraires ou intellectuelles mais nous rapproche plutôt d’une réalité vécue, incarnée et partagée …

Mais, d’un autre côté, il ne faudrait pas prendre son caractère « arabe » pour une simple coloration culturelle et accidentelle de la Parole de Dieu. Ce sujet mérite certainement un développement à part, mais je me contenterai d’évoquer deux aspects intéressants à mes yeux : le fait que le désert du Hijâz et la culture Arabe qui s’y trouvait était comme une « terre noire » reculée, dans laquelle brûlait l’héritage judéo-chrétien, mais aussi iranien et indien, très loin de l’histoire humaine et de ses querelles mondaines internes à ces cultures, en a certainement fait la matrice privilégiée pour procéder à cette opération de « rénovation de l’ancien » dont nous parlons.
Dans la même logique, notons que la langue arabe elle-même est à la fois la plus « jeune » des langues sémitiques, puisqu'elle fut fixée assez tardivement, mais également celle qui a gardé le plus de principes linguistiques anciens, comme par exemple le mode duel abandonné par l’Hébreu et l’Araméen.
Ces éléments ont donc certainement fait en sorte que cette Révélation arabe joue un rôle majeur et singulier dans la diffusion du Message divin sur terre jusqu’à aujourd’hui.

Enfin, je voudrais attirer spécialement l’attention sur le rapport à l’héritage chrétien, parce qu’il me tient particulièrement à cœur et qu’il est probablement d’un certain intérêt pour les chercheurs qui fréquentent ce site. Notons que l’Islam semble avoir été d’abord associé au Christianisme, et à ses « hérésies » comme l’Arianisme ou l’Ébionisme, tant par les juifs que par les chrétiens eux-mêmes, avant de revêtir son « identité » propre jusqu’à aujourd’hui. Plusieurs chroniqueurs rapportent en effet que les Chrétiens d’Orient virent les croyants qui débarquaient avec les armées des Califes comme des frères coreligionnaires venus les libérer du joug dogmatique et de l’hégémonie doctrinale de Byzance. Il faudra attendre les polémiques comme celles de Jean Damascène (m. 749) pour que l’Islam soit définitivement considéré comme une imposture de la « Vraie Foi » par les chrétiens.

Il suffit notamment d’observer que la Vierge Marie (aS) est plus citée dans le Coran (qui lui consacre une Sourate) que dans les Évangiles, pour réaliser qu’un certain héritage chrétien se trouve peut-être plus près de La Mecque que de Rome. À son propos, a tradition nous rapporte que lorsque le Prophète (SwS) conquis La Mecque, il débarrassa la Ka‘aba de toutes les idoles et les représentations figurées qui s’y trouvaient. Mais il donna l’ordre qu’on préserve l’icône de la Vierge à l’Enfant qui était peinte sur l’un des murs intérieurs, et qui resta la seule chose présente dans ce cube de pierres vide durant plusieurs siècles, avant d’être effacée par une rénovation insouciante …

On peut espérer que les Chrétiens et les Musulmans se rendront compte un jour qu’ils ont plus de choses en commun que de différences …

Que Dieu bénisse ceux qui tendent des ponts entre les croyants,
et qu’Il maudisse ceux qui érigent des murs !
Qu’Il facilite la rencontre de ceux qui Le cherchent avec sincérité !

Dernière édition: par ibn al-3adam.
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#208

ibn al-3adam écrit: Notons que l’Islam semble avoir été d’abord associé au Christianisme, et à ses « hérésies » comme l’Arianisme ou l’Ébionisme, tant par les juifs que par les chrétiens eux-mêmes, avant de revêtir son « identité » propre jusqu’à aujourd’hui. Plusieurs chroniqueurs rapportent en effet que les Chrétiens d’Orient virent les croyants qui débarquaient avec les armées des Califes comme des frères coreligionnaires venus les libérer du joug dogmatique et de l’hégémonie doctrinale de Byzance. Il faudra attendre les polémiques comme celles de Jean Damascène (m. 749) pour que l’Islam soit définitivement considéré comme une imposture de la « Vraie Foi » par les chrétiens.


Jean Damascène n'en considérait pas moins l'islam comme une hérésie chrétienne, ce qui reste curieux à nos yeux de Modernes qui jugeons souvent du passé sur base du présent...

Pouvez-vous reproduire quelques citations des chroniqueurs auxquels vous faites allusion? Ce n'est «que» un aspect historique de la question, mais il m'intéresse!

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#220

Très cher Athanase Lynxe,

votre remarque est très juste et vient tout à fait renforcer le sentiment que j'essayais de partager. Comme vous le dites, les catégories figées avec lesquelles nous pensons aujourd'hui nous empêchent complètement de comprendre le passé dans toute sa complexité et sa subtilité.

Au sujet de l'identité "chrétienne" de l'Islam, j'entendais justement cette semaine le Professeur Platti (O.P.) rapporter que les découvertes épigraphiques récentes renforçaient l'importance du lien entre le Christianisme éthiopien et le milieu arabe du VIIe siècle. On sait notamment que le Christianisme éthiopien est resté très proche du Judaïsme pré-rabbinique et assez prudent avec la doctrine trinitaire, mais surtout — ce qui est beaucoup plus intéressant pour nous — qu'il fut visiblement le gardien de certaines Sciences fort anciennes, comme l'atteste la paternité amharique du Livre d'Enoch ...

On pourrait donc imaginer que certaines Sciences judéo-chrétiennes ont été protégées des querelles institutionnelles méditerranéennes dans les fameuses églises rupestres éthiopiennes, et qu'après leur passage par l'Arabie elles ont resurgi dans le Christianisme sous la forme de "l'Islam" ... Mais ce n'est là qu'une supposition toute spéculative ...

Quant aux chroniques qui relatent l'accueil enthousiaste des monophysites et des chalcédoniens (exaspérés par l'imposition de la doctrine monothéliste, la taxation et l'enrôlement militaire de Byzance), je ne les ai malheureusement pas en première main, mais je me contente de rapporter ce qui est affirmé par certains historiens actuels, qui se basent surtout sur des chroniques arabes à ce sujet, dont le Futûh al-Buldân d'al-Baladhûrî. Je n'ai donc jamais pris le temps de consulter les sources elles-mêmes, ce qui serait plus sage. Il serait d'ailleurs intéressant de voir si cela est évoqué par Théophane le Confesseur ou d'autres chroniqueurs chrétiens également ...

Je vous tiendrai au courant si je trouve des éléments là dessus.

Que Dieu vous garde !

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#221

ibn al-3adam écrit: Je vous tiendrai au courant si je trouve des éléments là-dessus.


Je vous remercie de votre réponse, qui me donne envie de me replonger dans le Livre d'Enoch, lu il y a longtemps, mais dont je ne garde plus aucun souvenir... :unsure:

C'est avec plaisir que je lirai ces témoignages des chroniqueurs. Ne vous sentez surtout pas obligé de faire la recherche à ma place, mais si vous tombez dessus à l'occasion, je suis preneur!

Je vous retourne votre aimable vœu.
Sincèrement,
A.L.

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