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  • Serge Mayassis | Le Livre des morts de l'Égypte ancienne est un livre d'initiation | Athènes, B. A. O. A., 1955
Écrit par : Serge Mayassis
Titre :  Le Livre des morts de
l’Égypte ancienne est un
livre d’initiation
Date de parution : 1955
Éditeur : B. A. O. A.
 
 

S. Mayassis, Le Livre des morts de l’Égypte ancienne est un livre d’initiation, B.A.O.A., Athènes, 1955, XII + 632 pp.

On peut regretter les nombreuses coquilles présentes dans le texte, et quelques maladresses de rédaction, mais il serait profondément injuste, sur base de ce constat, d’en mépriser le contenu.

Ce que l’auteur a fait est peut-être unique et mérite la reconnaissance de tous les amateurs de l’Égypte antique : un immense travail de synthèse pour dégager, du célèbre Livre des morts, une doctrine cohérente, autant que faire se pouvait. Mayassis a pris en compte tous les écrits utiles à cet effet : les autres textes religieux légués par les Égyptiens ; ceux des anciens Grecs, ou autres, qui se sont instruits au contact de l’Égypte (Orphée, Platon, Jamblique, Hermès Trismégiste, Moïse, Plotin, etc.) ; les différentes traductions et études proposées par des égyptologues sérieux et compétents.

Après une introduction déjà riche en citations, la première partie de l’ouvrage, de loin la plus importante (pp. 55 à 518), est consacrée à un examen minutieux du chapitre XVII du Livre des morts, unanimement considéré comme le plus représentatif. Chaque citation, limitée à quelques phrases, est suivie d’une étude approfondie, en plusieurs paragraphes, des différents thèmes qu’elle contient.

Cette approche thématique rend aussi le livre utile à ceux qui voudraient le consulter sur un sujet précis. Quelques intitulés parmi les 190 paragraphes : «Isis mère», «L’œuf et la création», «Le phénix», «Le loup», «Le chat»…

L’auteur établit souvent des rapprochements entre théologies égyptienne et chrétienne, pertinents au point qu’il est difficile de ne pas reconnaître en la tradition chrétienne un prolongement de l’égyptienne.

C’est une étude sérieuse, parfois un peu ardue, jamais ennuyeuse.

Les nombreuses citations grecques ne sont pas toujours traduites, mais l’auteur en résume toujours les idées maîtresses pour les non-hellénistes.

Les trois autres parties (pp. 519 à 589) constituent respectivement un résumé de la première, un survol de tous les autres chapitres du Livre des morts, et quelques considérations sur l’origine égyptienne des mystères d’Éleusis.

«Le “saint et juste” est donc le mâ-kherou (mâ-khrou), le “juste de voix” ou le “justifié” des initiés égyptiens, et le mak£rioj [“bienheureux”] des initiés grecs.» (p. 81)

«Platon dit encore que pour désigner la substance [oÙs…a], les Anciens se servaient du mot ’Is…a [“Isis”].» (p. 94)

«Il est à noter que Plutarque compare l’âme du défunt qui s’élève, à une bulle en forme de flamme, et de cette bulle, une fois brisée, sort l’âme en forme humaine, alerte et agile.» (p. 106)

«Horus, dit Plutarque, qui est Horus déterminé et parfait, ne détruisit pas entièrement Typhon-Seth, mais il lui enleva sa force et son activité. C’est pour cela, disent-ils (les Égyptiens), qu’à Coptos la statue d’Horus tient dans une de ses mains le membre viril de Typhon. […] Les mythologues (égyptiens), ajoute encore Plutarque, racontent qu’Hermès-Thoth, après avoir ôté à Typhon-Seth ses nerfs, en fit des cordes pour sa lyre. C’est une façon de nous apprendre que lorsque la Raison [lÒgoj] organisa le monde, elle établit l’harmonie en la faisant résulter d’éléments opposés, qu’elle n’anéantit pas la force destructive, mais qu’elle se contenta de la régulariser.» (pp. 114 et 115)

«Les Égyptiens, et surtout ceux de l’Égypte primitive, croyaient que le nom d’une personne était comme son être réel : “Qui dit nom, dit essence, âme” [Maspero]. Ils admettaient que le pouvoir du Créateur consistait à “nommer les dieux, les hommes et les choses”. La mère crée par “faire le nom” et on tue par effacer, par l’inexistence du nom. La mère Mout scelle, d’un sceau, le nom à chaque individu et à l’enfant nouveau-né. “Former” donc le nom de quelqu’un ou de quelque chose, cela équivaut à façonner une image ; elle prend vie dès que la bouche prononce le nom. […] Rendre le nom au défunt, au mort-Osiris, c’est lui restituer la mémoire, le souvenir, et par conséquent sa personnalité. “Le mort-Osiris dit : Je fais que l’homme se rappelle son nom dans la grande Demeure”. “Fais que mon nom me soit donné dans la grande Demeure, et fais que je me rappelle mon nom dans la Demeure de feu.” (pp. 117 et 119)

«Réunis ses os, oh ! Nouit, rassemble ses membres.» (p. 121)

«“Je suis hier et je connais demain. Qu’est cela ? Hier c’est Osiris, demain c’est Râ en ce jour où il détruit les ennemis du Seigneur qui est au-dessus de tout, et où il consacre son fils Horus ; autrement dit, le jour où nous fixons la rencontre du cercueil d’Osiris par son père Râ.” […] Osiris-Hier meurt et ressuscite en Rê-Demain, ce qui veut dire que tout mort osirien ressuscitera en soleil.» (pp. 123 et 125)

«Le fruit que j’ai enfanté, dit Isis, est le soleil.» (p. 164)

«Voici ce que raconte un prêtre sur la consécration : “Je me suis présenté devant le dieu étant un jeune homme excellent, tandis qu’on m’introduisait dans l’horizon du ciel [= dans le temple]… Je suis sorti du Noun [l’Eau primordiale] et je me suis débarrassé de ce qu’il y avait de mauvais en moi ; j’ai ôté mes vêtements et les onguents comme se purifient Horus et Seth. Je me suis avancé devant le dieu dans le saint des saints, tandis que j’éprouvais de la crainte devant sa puissance.” Voici comment Horus et Seth se purifient : “Par la salive sortie de la bouche d’Horus, Seth s’est purifié et il a délié tout mal qu’Horus lui fit ; Horus, par le crachat sorti de la bouche de Seth, s’est purifié et il a effacé tout mal que Seth lui fit”.» (p. 182)

«Regarde ! Le dieu a honte de moi, mais fais que mes fautes se lavent et qu’elles tombent sur les deux mains du dieu de la Justice et de la Vérité. Détruis complètement le péché qui est en moi avec ma méchanceté et ma souillure, oh ! dieu de Justice et de Vérité. Fais que ce dieu soit en paix avec moi ! Détruis complètement les obstacles qui sont entre toi et moi.» (p. 183)

«Lorsque l’âme est dépouillée de son corps, on y aperçoit tous ses traits naturels et toutes les modifications qu’elle a subies par suite des manières de vivre auxquelles l’homme l’a pliée en chaque circonstance. Le juge peut alors constater que dans l’âme, même d’un Grand Roi, prince ou dynaste, il n’y a pas une seule partie saine, qu’elle est toute lacérée, ulcérée, cicatrisée, par les parjures et les injustices dont sa conduite y a chaque fois laissé l’empreinte, que tout y est déformé par le mensonge et la vanité et que rien n’y est droit, parce qu’elle a vécu hors de la vérité.» (p. 197)

«Celui qui te place dans son cœur, oh ! Rê ! tu le divinises plus que tous les dieux.» (p. 205)

«La chair des immortels est en or.» (p. 212)

«Mes jambes sont à moi éternellement. […] Je marche sur mes jambes.» (p. 223)

«Les quatre fleuves souterrains correspondent aux quatre éléments et centres selon deux contrastes, deux oppositions ; Pyriphlégéthon correspond au feu et à l’orient, Cocyte à la terre et à l’occident, l’Achéron à l’air et au sud, et l’Océan à l’eau et au nord.» (p. 268)

«Je suis entré à Ro-Sétaou [“Entrée des Mystères”] et j’ai vu les choses secrètes (cachées) qui y sont. J’y étais enveloppé d’un suaire, mais j’ai trouvé un chemin pour moi-même.» (p. 290)

«Ce livre est un grand mystère. Ne permets pas que l’œil de l’homme le voie, car il y aurait danger si quelqu’un d’étranger le connaissait. Cache ce livre !» (p. 313)

«Maât [“Vérité”] est dans mon corps.» (p. 315)

«C’est elle (Sothis-Isis) qui vous guidera sur les routes magnifiques qui sont dans le ciel, dans le champ des roseaux.» (p. 317)

«Le taureau Apis est né d’une vache fécondée par un rayon de lumière solaire.» (p. 327)

«La parole créatrice, Hou, est dans ta bouche. La compréhension, Sia, est dans ton cœur.» (p. 328)

«Si un homme voit en songe ses cheveux devenir longs : c’est bon ; il signifie que sa face s’éclaircira.» (p. 359)

«Cette nuit où Isis s’accroupit pour faire l’acte de résurrection en se lamentant sur son frère Osiris. – Isis et Nephtys pleurent le mort-roi qui revit.» (p. 365)

«Chassé est ton mal ; effacé est ton crime, par ceux qui manient la balance, au jour où on compte les œuvres.» (p. 406)

«Quiconque a vu sait ce que je dis.» (p. 439)

«Le chat est Rê lui-même et il est nommé “Miou” en raison de la parole du dieu Sa […] : “Il ressemble (miou) à ce qu’il a fait” : ainsi son nom est “Miou”.» (p. 441)

«Délivrez-moi du dieu du mal qui vit des entrailles des grands.» (p. 568)

«La lecture, à la momie, de certains chapitres de notre Livre par le prêtre-lecteur, pendant la cérémonie funéraire, constitue un simulacre d’initiation hâtive, au moment suprême où l’âme non initiée quitte la terre.» (p. 576)

«Oh ! Soleil en ton nom de Rê, tu ouvres les mystères d’Ammah [région réservée aux dieux] et le cœur des dieux se réjouit. Oh ! rends-moi mon cœur. Je suis un défunt en état de perfection ; je suis [sain et] sauf comme toi ; tes chairs, comme les miennes, sont saines.» (p. 578)

«Livre donnant la perfection au défunt au sein de Rê, lui donnant la prééminence auprès d’Atoum, le faisant grand auprès d’Osiris, fort auprès du résident de l’Amenti, le rendant redoutable auprès des dieux. – […] Ne laisse voir ceci à aucun homme autre que le roi ou le Kher-heb [prêtre]. Ne le laisse pas voir à un esclave allant et venant. Tout défunt pour qui aura été fait ce livre, son âme sortira le jour avec les vivants, par lui, et prévaudra parmi les dieux. Il ne lui sera fait d’opposition par personne, en vérité. Les dieux l’approcheront et le toucheront, car il sera comme l’un d’entre eux.» (pp. 8 et 9 ; cf. 580 et 581)

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