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Écrit par : Nicolas Sed (éd.)
Titre : Le Livre Bahir (Sefer ha-Bahir)
Date de parution : 1987
Éditeur : Archè 
 
 
 

Le Livre Bahir (Sefer Ha-bahir), Introduction, traduction et notes de Nicolas SED, Milan, Arché, 1987.


Les premières feuilles du Livre Bahir commencèrent à circuler en Provence vers la fin du XIIème siècle. Selon une tradition répandue chez les kabbalistes du siècle suivant, ces feuilles furent apportées de l’Allemagne sous une forme incomplète. Ces fragments de rouleaux anciens ou ces feuilles éparpillées de carnets mutilés, les cercles de Catalogne ou d’Espagne les ont acceptés comme les témoins authentiques d’un ouvrage qui fut composé par les sages du Talmud.

Nous sommes en face d’un arrangement de fragments, que les auteurs du XIIIème siècle citent comme le Livre Bahir ou comme le Midrash de Rabbi Nehunya ben Haqanah. (…) Il était en effet en usage de se référer à des écrits de ce genre en citant les premiers mots ou les premières expressions caractéristiques. Or notre recueil commence par une citation du livre de Job où figure justement le mot bahir (« resplendissant »). (…) Rabbi Nehunya ben Haqanah était un des ancêtres les plus vénérés dans les cercles qui transmettaient cette mystique de la lumière et dont les adeptes se nommaient eux-mêmes « ceux qui descendent vers le Char divin » yoredey merkabhah (extraits des pages 7 et 8).

Voici quelques extraits glanés au cours de notre lecture :

IV

L’étymologie du mot béni (barukh) n’est-elle pas celle du mot genou (berekh)  puisqu’il est écrit (Is. XLV, 23) Car c’est devant Moi, que tout genou fléchira ? C’est donc le lieu où tout genou fléchit. (p. 45)

CXXXIII

- Que signifie la « Torah de Vérité » ?
- C’est une chose qui indique le principe véritable des mondes et dont l’action se fait par la Pensée (mahsabhah). C’est elle qui fait subsister les dix Paroles (ma amarot) par lesquelles le monde se maintient dans l’existence, et elle en est une. [Dieu] créa dans l’homme les dix doigts des mains qui correspondent à ces dix Paroles. Lorsque Moïse avait élevé sa main et dirigé doucement l’intention de son cœur (kawanat ha-lebh) vers cette mesure qui s’appelle Israël et qui renferme la Torah de la Vérité et qui est symbolisé par les dix doigts de ses mains, - puisque c’est lui qui fait subsister les dix et s’il n’aide pas Israël chaque jour, les dix Paroles ne peuvent pas subsister, alors voici que (Ex. XVII, 11) Israël était le plus fort. Mais lorsque (Ex. XVII, 11) il laissait tomber ses mains Amalek était le plus fort.
- Est-ce donc Moïse qui rendit Amalek plus fort, étant donné qu’il est écrit (Ex. XVII, 11) :  Et lorsqu’il laissait tomber sa main Amalek était le plus fort ?
- Non, en réalité [Moïse a laissé tomber ses mains] parce qu’il est interdit à l’homme de tenir ses mains vers les cieux au-delà de trois heures. (p. 114)

CXLIX

Rabbi Nehumay dit.
- Nous en déduisons, que [la torah orale] est une lumière (orah) pour Israël et que la lampe (ner) est cette lumière (orah).
- Et pourtant il est écrit (Pr. VI, 23) : Car le commandement est une lampe (ner) et la Torah est une lumière (or).
- Nous disons : La lampe (ner) est le commandement, la lumière [inférieure] (orah) est la Torah orale, la lumière [supérieure] (or) est la Torah écrite. Mais étant donné que la lumière (or) ne subsiste que grâce à la lampe (ner), on a appelé celle-ci (or). (p. 119)

CL

Rabbi Rehumay dit.
- Que signifie le verset (Pr. VI, 23) : Les remontrances et les corrections sont le chemin de la vie ?
- Nous en déduisons que quiconque s’adonne à l’étude de l’œuvre de la création (ma’aseh bere’shit) et de l’œuvre du char divin (ma’aseh merkabah) ne peut éviter de trébucher ; puisqu’il est dit (Is. III, 6) : Et prends sous ta main ces objets de scandale, les choses dont on ne peut triompher qu’en trébuchant. Et la Torah parle des remontrances et de la vie. C’est pourquoi, si quelqu’un veut être méritant dans le chemin de la vie, il doit subir des remontrances et des corrections. (p. 120)

CLV

- La septième (des dix paroles) est l’orient du monde. De la provient la semence d’Israël, car la moelle épinière s’étend du cerveau de l’homme en allant jusqu’au membre génital ; à partir de la provient la semence, comme il est écrit (Is. XXLIII, 5) : De l’Orient je ferai venir ta semence. Lorsqu’Israël est bon, Je ferai venir ta semence à partir de ce lieu et je créerai pour toi une semence nouvelle. Lorsque Israël est méchant [Je ferai venir pour toi] de la semence qui était déjà venue dans le monde ; comme il est dit (Qoh. I, 4) : Une génération s’en va et une génération vient. Nous déduisons de ce verset qu’elle était déjà venue [auparavant]. (p. 122)

CLXIV

- Que signifie « Satan » ?
- Le sens étymologique du mot « Satan » est mateh (« celui qui détourne ») car il « détourne » le monde entier vers le plateau du démérite. Il est écrit (Gen XXXVIII, 16) « Et il fit un détour (wa-yét) vers elle; la version araméenne interprète cette expression : wa-setah (« et il fit un détour ») vers elle

CLXXVI

- A quoi correspond la « branche de palmier » (lulabh) ?
- A la moelle épinière. C’est le sens de l’expression (Lev. XXIII, 40) : Branche d’arbre de touffus (anaph es abhrot).
- A quoi correspond l’expression : « branche d’arbre de touffus » ?
- Il faut que ses branches couvrent la majeure partie [du lulabh]. Si les branches ne couvrent pas la majeure partie [du lulabh], elles sont inutilisables [pour la fête]. (p. 137)

CLXXXIV

(…) Et lorsqu’Israël est bon, les âmes supérieures méritent de sortir et de venir en ce monde-ci ; s’il n’est pas bon, elles ne sortiront pas. C’est ce que nous disons : Le fils de David ne viendra point tant que toutes les âmes supérieures qui sont dans le tronc (guph) ne seront pas épuisées.
- Que signifie l’expression : « toutes les âmes supérieures qui sont dans le tronc » ?
- Tu dois dire que ce sont toutes les âmes supérieures qui se trouvent dans le tronc de l’homme. Et lorsque les [âmes] nouvelles ont mérité de sortir, alors le fils de David vient. Il mérite d’être enfanté, car son âme supérieure sort neuve au milieu des autres [âmes nouvelles].
- Parabole. À quoi pourrait-on comparer cela ? À un roi qui avait une armée. Il envoya [à ses soldats] des rations de pain très copieuses. Ils étaient nonchalants. Ils ne les mangèrent pas, ils ne les mirent pas en réserve non plus. Le pain moisit et se gâta.

(…)

Un soldat refuse de manger le pain moisi et finit par mourir de faim. On interroge son corps :

« Pourquoi t’es-tu suicidé ? Tu n’as pas seulement gâté ton pain, mais par-dessus le marché tu as tué la matière (homer) de ton corps. Tu as abrégé tes jours ou du moins tu en as été la cause ! Car un fils vertueux aurait pu naître de toi, il t’aurait sauvé toi-même, [il aurait mis fin à] ta ruine, [il aurait sauvé] d’autres personnes aussi, [il aurait mis fin à] leur ruine. C’est pourquoi tes souffrances se multiplieront pour toi de tous les côtés. » Celui-ci fut troublé et répondit : « Que pouvais-je faire puisque je n’avais plus de pain ! Comment aurais-je pu survivre ? » On lui dit : « si tu avais travaillé et peiné dans l’étude de la Torah, tu n’aurais jamais répondu une telle stupidité avec une arrogance pareille. Car tes propos laissent deviner que tu n’as pas travaillé et peiné dans l’étude de la Torah. N’est il pas écrit dans la Torah (Deut. VIII, 3) : Que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de YHWH. Tu n’avais qu’à chercher, approfondir, interroger [pour savoir] quelle est cette substance qui fait vivre l’homme. »
- Et que signifie l’expression « ce qui sort de la bouche de YHWH » ?
- Dis que l’homme vit par la Torah. C’est cela « qui sort de la bouche de YHWH ». [Nos maîtres] ont déduit de ce verset : « L’ignare ne peut guère prétendre à être [vraiment] pieu  (hasid). S’il n’exerce pas la charité envers Lui [c'est-à-dire envers le Créateur], comment pourrait-on l’appeler pieux ? (p. 143 et ss.)

CLXXXVI

- Que signifie le « Trésor de la Torah » ?
- Puisqu’il est écrit (Is. XXXIII, 6) : La crainte de YHWH, c’est son trésor, c’est pourquoi l’homme doit d’abord craindre les cieux et ensuite seulement il étudiera la Torah. (p. 147)

CXC

- Que signifie la « Crainte de YHWH » ?
- C’est la « Première Lumière ». Car Rabbi May dit : Il est écrit (Gen. I, 3) : Et Elohim dit : Que la lumière soit ! Et il y avait eu, Lumière.
- L’écriture n’ajoute pas [à cet endroit] : « Il fut ainsi ! »
- En réalité, de là nous déduisons que cette lumière était très grande et qu’aucune créature ne pouvait la contempler. Le Saint, béni soit-Il, la mit en réserve pour les justes de l’époque messianique. C’est la mesure [dont dépend] toute la « marchandise précieuse » (sehora) qui se trouve dans le monde. (p. 150)

CXCVI

- (…) puisqu’il est écrit (Ps. CIX, 22) : Mon cœur est blessé au-dedans de moi. David parla ainsi : « Bien que je ne l’aie pas anéanti, le mal n’habite plus en Toi » (Ps. V, 5).
- Grâce à quoi David l’a emporté sur lui ?
- Grâce à l’étude [de la Torah] qu’il n’interrompit ni le jour ni la nuit. Et il avait attaché la Torah en haut. Car chaque fois que l’homme étudie la Torah pour elle-même [c'est-à-dire d’une manière désintéressée], la Torah d’en haut s’attache au Saint, béni soit-Il. C’est ce que nous disons : De toute façon l’homme doit étudier la Torah, même s’il ne s’agit pas d’une étude désintéressée. Car par l’étude qui n’est pas désintéressée il parviendra à l’étude qui est pour elle-même. (p. 155)

CXCIX CC

- L’âme supérieure (nesamah) de la femme provient de la femme et l’âme supérieure du mâle provient du mâle. Ainsi, lorsque le serpent suivit Eve, il dit « Puisque son âme supérieure provient du côté septentrional, je la séduirai rapidement »- En quoi consistait cette séduction ?- Il a forniqué avec elle.Ses disciples l’interrogèrent.- Dis-nous comment s’est passée cette affaire.- Il leur répondit : Sama’el, le scélérat, complotait avec toutes ses armées d’en haut contre son Maître. Puisque le Saint, béni soit-Il, dit (Gen. I, 28) : Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, il dit [à son tour] : « Comment pourrions-nous le faire tomber dans le péché et faire chasser de devant Lui ? » Accompagné de toutes ses puissances, il descendit et chercha sur la terre un compagnon semblable à lui. Il rencontra le serpent. Celui-ci avait la forme d’un chameau[1]. Il monta sur lui et s’en alla vers la femme pour lui dire (Gen. III, 1) : Est-ce que Dieu vous avait dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? [il se dit] « Je poserai encore des questions et j’insisterai, afin qu’elle soit déroutée. » Elle dit : « Il ne nous interdit que le fruit de l’arbre qui se trouve au milieu du jardin. ‘Elohim a dit : N’en mangez pas et n’y touchez pas de peur de mourir. »
Elle exagéra en ajoutant deux choses.
*Elle dit : « Du fruit de l’arbre qui se trouve au milieu du jardin » ; or il ne s’agissait en réalité que [du fruit] de l’arbre de science.
*D’autre part elle dit : « N’y touchez pas de peur de mourir ».
Que fit Samaël, le scélérat ? Il alla toucher l’arbre.
L’arbre cria et dit : « Scélérat, n’y touche pas ! Puisqu’il est dit (Ps. XXXVI, 12) : Que le pied de l’orgueilleux ne m’atteigne pas, et que la main des méchants ne me fasse pas fuir ! Les voilà tombés, ceux qui combattent l’iniquité ! Ils sont renversés et ils ne peuvent se relever. »
Il alla dire à la femme : « Je viens de toucher l’arbre et je ne suis pas mort. Touche-le toi aussi. Tu ne mourras pas. »
La femme alla et toucha l’arbre. Elle aperçut l’ange de la mort qui vint à sa rencontre. Elle dit : « Malheur à moi ! Maintenant je vais mourir. Le Saint, béni soit-il, fabrique une autre femme et la donne à Adam. Eh bien, je vais l’entraîner pour qu’il en mange avec moi ! Si nous mourons nous mourrons tous les deux ; si nous avons la vie nous aurons la vie tous les deux ». Elle prit des fruits de l’arbre et en mangea et en donna à son époux aussi. Ses yeux à lui s’ouvrirent et ses dents furent agacées (Jer. XXXI, 29).
Il s’adressa à elle : « Que m’as-tu donné à manger, que mes dents en soient agacées ? Ainsi les dents de toutes les générations seront agacées »
[Dieu] s’installa au tribunal de la Vérité ; puisqu’il est dit (Ps. IX, 5) : [Tu es assis sur le trône] en juste juge.
Il convoqua Adam et lui dit : « Pourquoi m’as-tu fui ? » Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et mes os se mirent à trembler. J’ai eu peur car j’étais dévêtu et je me suis caché (Gen. III, 10) ; car je me trouve dévêtu devant Celui qui m’a fabriqué, dévêtu de ce qui a été ordonné, dévêtu à cause de ma propre action ; comme il est dit (Gen. III, 10) : Car je suis dévêtu et je me suis caché.
- Quel était le vêtement d’Adam ?
- Une peau d’écailles ; lorsqu’il mangea des fruits de l’arbre, il dévêtit sa peau d’écailles et se vit nu ; comme il est dit (Gen. III, 11) : Qui t’a appris que tu es nu ?
Adam dit devant le Saint, béni soit-Il : « Maître de tous les mondes, lorsque j’étais seul, n’est il pas vrai que je n’ai point péché contre Toi ? En réalité, c’est la femme que Tu as fait venir auprès de moi, c’est elle qui m’a détourné de tes paroles. » Puisqu’il est dit (Gen. II, 12) : La femme que tu as mise avec moi.
Le Saint, béni soit-Il, dit à la femme : « Il ne te suffit pas d’avoir péché, mais qui plus est, tu as entraîné au péché Adam aussi. »
Elle répondit devant Lui : « Maître de tous les mondes, les serpent m’a trompé pour que je commette le péché devant Toi. »
Dieu fit venir tous les trois et prononça un jugement qui comportait neuf malédictions et la peine capitale. Il précipita Sama’el et son clan loin des lieux de sainteté, des cieux, Il coupa les pieds du serpent et le maudit plus que toutes les bêtes des champs et plus que tous les animaux domestiques. Il décida à son sujet qu’il se dépouillerait de sa peau tous les sept ans. Et Sama’el sera puni : il deviendra le Prince du côté d’Esaü, le scélérat, lorsque le Saint, béni soit-Il, détruira le règne d’Edom - que cela nous arrive rapidement et de nos jours ! Il l’humiliera d’abord ; puisqu’il est dit (Is. XXIV, 21) : En ce jour là YHWH visitera dans les hauteurs l’armée d’en haut [et sur la terre les rois de la terre.] La réprobation, la mort et le châtiment ; tout ceci lui arrive, car elle a ajouté au commandement du Saint, béni soit-Il. Pour cette raison on dit : Quiconque ajoute, retranche !
Et Dieu éclairera nos yeux par la lumière de sa Torah. Il placera dans nos cœurs sa crainte. Il nous justifiera devant Lui. Celui qui éclaire les cœurs éveille le cœur de l’intelligence et fait briller les yeux d’une splendeur éclatante. (p. 141 et ss.)

[1] Luc 18, 24-25 : « Qu'il est difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu. Car il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu ».

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