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  • Le Livre de l'Échelle de Mahomet | Paris, Le Livre de Poche, 1991
Écrit par : Anonyme
Titre :  Le Livre de l'Échelle de Mahomet
Date de parution : 1991
Éditeur : Le Livre de Poche
 
 

Le Livre de l'échelle de Mahomet, G. Besson (e.a.), Paris, Le Livre de Poche, 1991 ("Lettres Gothiques").


Le début de la dix-septième sourate du Coran, d’ailleurs appelée « Le voyage nocturne », fait allusion un à une ascension céleste du Prophète : celui-ci aurait été appelé et escorté par l’ange Gabriel, qui l’aurait emmené à Jérusalem puis dans les différents cieux. Voici ce que l’on y lit : « Loué soit celui qui a transporté son serviteur, pendant la nuit, de l’Oratoire sacré à l’Oratoire le plus lointain, autour duquel nous avons répandu notre bénédiction, afin de lui faire voir nos signes : Il est celui qui entend et qui voit » (Coran, 17, 1).

Bien que l’allusion coranique soit très mince, on trouve des récits plus détaillés de ce voyage dans les hadîth, faits et gestes du Prophète, ainsi que dans la littérature arabe en général.

Au XIIIe siècle de notre ère, un traducteur/compilateur décide de faire connaître cette histoire en Occident ; il semble qu’il ait traduit et compilé plusieurs sources arabes pour nous offrir le Livre de l’échelle de Mahomet.

À entendre le traducteur, voici quel était son intention :

« Ainsi seront connues les attaques insensées de Mahomet contre le Christ, non moins scandaleuses que dérisoires, et comparées à ces mensonges, la vérité de la religion du Christ plaira davantage. Car la lumière est rendue plus perceptible par la connaissance des ténèbres, et la nature de tout ce qui s’oppose à elle est plus évidente » (p. 79)

Cependant, on ne trouve dans le récit aucune de ces prétendues attaques. Le traducteur aurait-il utilisé un procédé semblable à celui d’Hippolyte de Rome au IIIe siècle pour dénoncer et réfuter les hérésies chrétiennes ? Aurait-il prétendu attaquer pour pouvoir décrire légitimement ? C’est l’impression qui ressort de la lecture de ce récit passionnant.

***

Voici comment se présente l’histoire. Une nuit, Gabriel se présente à Mahomet :

J’avais beaucoup veillé, méditant sur la loi de Dieu, et après cette veille j’avais commencé à dormir un peu ; voici que vint à moi l’ange Gabriel : il se montra à moi sous cette forme, son visage était plus blanc que le lait ou la neige, ses cheveux étaient plus rouges que le corail le plus rouge. Il avait un front très vaste, une bouche très belle et bien dessinée, des dents blanches et brillantes ; il était revêtu d’habits plus blancs que toute chose au monde, très richement rehaussés de perles et de pierre précieuses. Il portait deux ceintures dont l’une entourait sa poitrine au-dessus des seins, l’autre des reins, comme les hommes la portent d’habitude. Sa ceinture était faite de l’or le plus pur et admirablement ouvragé ; chacune d’elle était plus large qu’une grande paume. Ses mains étaient rouges comme le feu, ses ailes et ses pieds plus verts et brillants qu’aucune émeraude. (p. 99)

Gabriel l’emmène faire un long voyage, d’abord jusque Jérusalem, puis à travers les différents cieux. Pour ce, il lui fait chevaucher Alborak, une étrange créature :

... plus grande qu’un âne et plus petite qu’une mule. Elle avait un visage humain, ses cheveux étaient de perles et son toupet d’émeraude, etc. (p. 101)

Gabriel l’emmène ensuite visiter les sept cieux. Chacun d’eux est habité par un prophète : 1. Jean et Jésus, 2. Joseph, 3. Énoch et Elie, 4. Aaron, 5. Moïse, 6. Abraham, 7. Adam. Chaque ciel est aussi fait d’une pierre précieuse différente.

Durant leur voyage, Gabriel et Mahomet rencontrent différents anges ; voici la description de l’un d’entre eux :

Je m’en allai plus loin, et en chemin, je vis un ange si grand qu’il avait la tête au-dessus du ciel et les pieds dans l’abîme. Cet ange avait des cheveux fort longs, qui lui couvraient les épaules ; il avait aussi des ailes de toutes les couleurs, et ces couleurs étaient les plus belles qu’un homme ait jamais vues. Cet ange était fait comme un coq. Dieu lui avait révélé toutes les heures auxquelles les prières devaient se faire. Quand c’était le moment de prier, une voix venait du ciel disant : « toi créature qui obéit à Dieu, je t’ordonne de louer Dieu. » Aussitôt, cet ange disait à haute voix : « Béni soit Dieu, le très saint roi des anges, des âmes et toutes les créatures. » A ces mots, les coqs qui sont sur la terre, entendant ce qui avait été dit par l’ange, chantaient tous sur l’heure, et en chantant, louaient Dieu, disant dans leurs chants : « Vous hommes qui obéissez à Dieu, levez-vous et louez-le, puisqu’il exerce son pouvoir sur toute chose, a tout fait et tout créé ». (p. 119)

Gabriel présente Mahomet à toutes les personnes ou anges qu’il rencontre et chaque fois, reconnaissant le Prophète, ils demandent s’il a déjà reçu sa mission ; ce à quoi Gabriel répond par l’affirmative.

Ensuite, Mahomet monte jusqu’au trône de Dieu lui-même et s’entretient avec lui.

Gabriel et Mahomet visitent alors le paradis, qui est longuement décrit, avec ses fleuves et ses délices.

Gabriel décrit ensuite le monde, les sept terres qui le constituent et le mont Kaf qui l’entoure. Il explique comment Dieu a partagé ses dons dans la création, passage que nous reproduisons :

Sache, Mahomet, que, lorsque Dieu créa les cieux et les terres, il partagea comme suit sa grâce entre les cieux : il en fit dix parts, et il en donna neuf aux anges qui sont dans le huitième ciel où se trouve son trône. De la dixième part restante, il fit dix autre parts, et il en donna neuf aux anges qui sont dans le septième ciel (etc. pour les autres cieux) Du dixième qui restait, il fit aussi dix autres parts, et il en donna neuf aux anges qui sont dans le premier ciel. De la dixième part restante, il en fit encore dix autres, et il en donna neuf aux esprits qui sont dans le feu et qu’on appelle éléments. De la dixième part qui restait, il en fit dix autres dont il en donna neuf aux djinns qui sont dans l’air près du feu déjà cité et au-dessus de l’air que nous voyons. Du dixième restant il fit encore dix autres parts et il en donna neuf aux oiseaux. De ce qui restait il fit dix autres parts dont il donna neuf aux poissons. Aux hommes, il donna assez de sa grâce pour leur permettre de reconnaître toute chose et de les distinguer entre elles.

Puis Dieu créa le mal sur la terre, et le partagea comme suit entre les êtres : de la sottise il fit dix parts et il en donna neuf à des êtres qu’on appelle Gog et Magog. De la dixième part restante, il créa l’envie, dont il fit dix parts, et il en donna neuf aux peuples d’Arabie. Avec le dixième qui restait, il créa la luxure, puis l’ayant partagée en dix, il en donna neuf aux peuples de l’Inde. De la dixième part qui subsista, il créa le mensonge, dont il fit dix parts et en donna neuf aux Juifs. Puis du dixième restant, il créa encore l’arrogance dont il fit dix part et en donna neuf aux Chrétiens. De la dixième part qui subsistait, il créa l’avarice, il en fit dix parts et en donna neuf aux peuples de Perse. De dixième qui restait, il créa l’ignorance, dont il fit dix parts et il en donna neuf aux peuples d’Éthiopie. De la dixième part qui restait il créa l’orgueil, il en fit dix parts, il en donna neuf aux Berbères. Il partagea le reste entre le monde entier, puis il créa les plaisirs, il en fit dix parts et il en donna neuf aux femmes, partageant le reste entre les autres habitants du monde. Après cela, il créa encore aussi le paradis dont il fit dix parts, il en donna neuf à ceux qui suivent ta loi, la dixième qui restait il la partagea entre tous les autres. (p. 291-293)

Gabriel fait alors visiter l’enfer à Mahomet : il est décrit avec ses démons et ses flammes, ses scorpions géants et ses supplices infinis.

Il passe enfin à la description apocalyptique du jugement ; il explique un moyen fort intéressant de racheter ses fautes :

Chaque homme aura deux seaux semblables à ceux qui servent à porter l’eau. Chacun de ces seaux sera aussi grand que l’espace qu’un homme pourrait couvrir du regard. Dans l’un des seaux, l’homme mettra ses bonnes actions, dans l’autre les péchés commis. Et quand il arrivera à la balance, il versera le seau de ses bonnes actions dans le plateau de lumière, et l’autre seau dans le plateau de ténèbres, il se tiendra entre les deux, et si ses péchés pèsent plus lourd que ses bonnes actions, il ira du côté des ténèbres, si ses bonnes actions pèsent plus lourd que ses péchés, il passera du côté de la lumière. « Je te dis encore, Mahomet, que Dieu fera tant pour toi que si quelqu’un – quelle que soit sa loi – a commis tous les péchés qu’il a pu, sans avoir jugé bon de rien faire de bien, mais peut du moins s’arranger pour avoir un écrit dans lequel figure Le halla hilalla, Muaghmet razul Alla, ce qui veut dire : « il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu et Mahomet est son messager » et s’il jette cet écrit dans le plateau de lumière, cet écrit sera à lui tout seul plus lourd que tous ses péchés qui seront dans l’autre plateau. Tous ces péchés et tout ce qui sera écrit sur le registre universel sera aussitôt si bien effacé qu’on ne pourra rien en lire et qu’il n’en restera nul souvenir pour Dieu. (p. 305-307)

Après tout cela, Mahomet redescend sur terre, chevauche Alborak comme à l’aller, et se retrouve dans son lit, d’où il avait été pris. Le lendemain, il raconte à ses proches tout ce qu’il a vu, mais peu de gens le croient, malgré la vérité manifeste...

***

Les nombres semblent être de première importance dans ce livre, et particulièrement le nombre sept : il y a sept cieux, sept terres... Les distances sont toujours données en « temps qu’un homme mettrait à parcourir » ; le nombre qui revient le plus souvent est 70.000, qu’il s’agisse d’années de marche, de langues qui louent Dieu, ou du nombre d’heures par jour où elles le louent !

L’ouvrage contient, en annexe, certains des originaux arabes dont le Livre de l’Échelle semble inspiré ; il est précédé d’une longue introduction très instructive.

Ce livre est très précieux car, outre son caractère synthétique sur l’islam, il est un témoignage de premier choix pour la connaissance de l’islam dans l’Occident médiéval, à l’heure où seul le Coran et quelques traités de philosophie arabe avaient été traduits en latin.

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