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  • Euripide | Hélène, Les Phéniciennes (tome 5) | Paris, Les Belles Lettres, 1950
Écrit par : Euripide
Titre :  Hélène -
Les Phéniciennes
Date de parution : 1950
Éditeur : Les Belles Lettres

    

Euripide, Hélène, Les Phéniciennes, Les Belles Lettres, Paris, 1950, 227 pp.

 

Tout le monde connaît l’histoire du rapt d’Hélène par Pâris, cause d’un effroyable massacre qui a valu, à cette fille de Zeus, d’innombrables imprécations. Beaucoup moins connue est l’autre version de l’histoire, celle qui la disculpe entièrement.

Le poète Stésichore, frappé de cécité par sainte Hélène pour avoir, comme tant d’autres, médit d’elle, se rétracta et recouvra la vue après avoir solennellement déclaré qu’elle n’avait jamais mis le pied sur le sol troyen.

Selon l’historien Hérodote, Homère connaissait l’autre version, celle qui fait atterrir Hélène en Égypte où elle bénéficie de la protection du roi Protée, pendant qu’autour de Troie, l’armée grecque se bat inutilement pour un fantôme substitué à l’épouse de Ménélas. Au retour de la guerre, ce dernier finira par la retrouver, intacte et innocente, dans le pays du Nil.

On peut lire la même chose à la fin de l’Électre (cf. tome IV), où Euripide écrit :

«C’est du palais de Protée, en Égypte, que revient Hélène, et elle n’est jamais allée en Phrygie. Zeus, pour susciter la discorde et le carnage parmi les humains, avait envoyé à Ilion un fantôme (edwlon) d’Hélène.» (Électre, vv. 1280 à 1283)

C’est ce récit-là, celui qui lui rend justice, que le poète développe pleinement dans son Hélène : l’héroïne se trouve en Égypte, tandis qu’ailleurs, son vain spectre (edwlon) ou nuage (nefelh), formé d’éther (a„q»r) par Héra, est l’enjeu d’une guerre stérile.

En notre siècle où, actuellement, les actes d’atroce violence et les rumeurs de guerre s’amplifient, il n’est peut-être pas inutile de citer un long extrait de cette tragédie, aux allures prophétiques :

«Qu’est-ce que Dieu ?... qu’est-ce qui n’est point Dieu ? Qu’y a-t-il entre ces deux termes ? Quel mortel prétendra le savoir à la fin de ses longues recherches, quand il voit les dieux se porter dans un sens, et puis dans un autre, et puis changer encore par des sursauts capricieux, inattendus, contradictoires ? Ô mon Hélène, tu naquis fille de Zeus, puisque ton père ailé t’a engendré dans le sein de Léda. Et depuis, la rumeur de la terre hellénique t’a proclamée infidèle et traîtresse, femme sans justice et sans dieu ! Ah ! je ne trouve plus de certitude, du moins parmi les mortels… Je n’ai trouvé la vérité que dans la parole des dieux.

Vous êtes insensés, vous qui cherchez la gloire dans les combats, parmi les armes belliqueuses, croyant, dans votre ignorance, y trouver un remède à la misère des humains. Car si c’est l’émulation dans le massacre qui doit décider des querelles entre les cités des hommes, la discorde sera sans fin, cette discorde à qui les Priamides [les Troyens] doivent d’être à présent les hôtes des souterrains séjours. Elle n’a point quitté les foyers priamides, alors qu’on aurait pu apaiser, en traitant, ô Hélène, ta querelle. Mais hélas, à présent les hommes sont là-bas sous la garde d’Hadès, et des flammes ardentes comme la foudre de Zeus se sont ruées sur les murailles. Les malheurs, les malheurs ont fondu, et la plainte funèbre a surgi des malheurs.» (Hélène, vv. 1137 à 1164)

Le nom d’Hélène (`Elenh) a été rapproché de celui du sel (¤lj; l’auteur du Fil de Pénélope écrit au sujet de Protée, le roi qui protège Hélène :

«Nous avons fait allusion plus haut à ce sel d’or mené par lente décoction en son âge d’éloquence. La chaleur du sud et sa sécheresse expriment cette lente cuisson […]. Le Nil très saint des Égyptiens est ce mystérieux Pactole coulant en or lourd, qui féconde la terre et enrichit celui qui la possède. Il convenait donc à Ménélas d’y venir.» (t. I, p. 28)

«En dépit des efforts qu’il [Ménélas] put faire, il n’eut rien de ce qu’il désirait conquérir, tandis qu’aujourd’hui cet objet si cher vient de lui-même – quel heureux coup du sort ! – se mettre en son pouvoir.» (Hélène, vv. 718 et 719)

Les Phéniciennes traite le même sujet que Les Sept contre Thèbes d’Eschyle, avec quelques épisodes supplémentaires. La pièce emprunte son nom au chœur composé de femmes venues de Phénicie, de passage à Thèbes au moment où la guerre éclate (Thèbes est une ville d’origine phénicienne). On y lit cet enseignement d’inspiration pythagoricienne :

«Mieux vaut, mon enfant, honorer l’égalité („sÒthj), qui pour toujours attache les amis aux amis, les cités aux cités, les alliés aux alliés. Car l’égalité est pour les humains un principe de stabilité, tandis que contre le mieux pourvu le moins bien partagé entre toujours en guerre et donne le signal des jours d’inimitié. C’est l’égalité („sÒthj) qui a fixé aux humains les mesures et les divisions des poids ; c’est elle qui a défini le nombre ; la nuit à la paupière obscure et la clarté du soleil suivent d’un pas égal le cercle de l’année, sans qu’aucun des deux en veuille à l’autre de sa victoire.» (Les Phéniciennes, vv. 535 à 545)

En note, le traducteur Henri Grégoire cite avec à-propos ces mots de Platon :

«Les savants [les pythagoriciens] affirment que le ciel et la terre, les dieux et les hommes sont liés ensemble par l’amitié […]. L’égalité géométrique (¹ „sÒthj ¹ gewmetrik») est toute-puissante parmi les dieux comme parmi les hommes.» (Gorgias, 507e et ss.)

En latin, les amici, «amis», sont étymologiquement ambo aequi, «tous deux égaux».

Cette égalité géométrique semble avoir été souvent confondue avec l’égalité arithmétique.

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