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  • Charles d'Hooghvorst | « Déterminisme astrologique et don du ciel » | Extrait du Livre d'Adam, Éditions Beya, 2008

 

 

Déterminisme astrologique et don du ciel

Saint Paul écrit dans l'Épître aux Éphésiens :

Et vous qui étiez morts par vos fautes et par vos péchés, où jadis vous avez vécu suivant l'esprit de ce monde, sous le prince de la puissance de l'air, sous cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la désobéissance [...]. De ceux-là nous étions tous, nous aussi, quand nous vivions jadis suivant les convoitises de notre chair, faisant les volontés de la chair et de nos pensées, étant par nature enfants de la colère, tout comme les autres. Mais Dieu qui est riche en miséricorde [...], alors même que nous étions morts par nos fautes, nous a rendus vivants par le Christ [...]. C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Et cela ne vient pas de vous ; c'est un don de Dieu (Éphésiens II, 1 à 9)1.

On pourrait résumer ce texte de saint Paul en disant que tant que l'homme n'a pas reçu ce don de Dieu, il se trouve sous la dépendance du prince de la puissance de l'air dont l'esprit agit dans l'homme déchu, appelé « fils de la désobéissance ».

Quel est le sens de cette phrase énigmatique ? Et quel est ce prince de la puissance de l'air ? C'est un esprit (pneàma), précise saint Paul.

Pour bien comprendre ce dont il s'agit, nous devons nous référer à la doctrine du destin astrologique, transmise et enseignée par les Grecs et dont saint Paul, nous allons le voir, n'était pas ignorant, de même que la plupart des premiers chrétiens imprégnés de la tradition grecque. Quel est donc cet esprit de l'air qui tient l'homme sous sa dépendance, et quel est ce don de Dieu qui seul peut l'en libérer ?

Platon, dans son traité La République2, parle du mystère de la génération en ce bas monde : après avoir choisi son existence terrestre, l'âme de l'homme reçoit un da…mwn3 propre qui le régira durant sa vie incarnée. Il s'agit de l'esprit astral qui anime l'air ambiant au moment de la naissance, et que l'enfant inspire pour la première fois lorsqu'il vient à la lumière. Cet esprit astral est formé du mélange des influences planétaires qui, à partir de la couronne zodiacale, descendent continuellement dans le monde sublunaire pour se corporifier dans la terre, et pour se fixer dans le sang du nouveau-né au moment de sa première inspiration. Cet esprit, pur au niveau zodiacal, se mélange, dans l'air atmosphérique, aux impuretés qu'il contient, se chargeant ainsi d'une certaine humeur corruptive.

Outre les impuretés corporelles qui sont déjà mêlées à son corps physique, l'homme, au moment de sa naissance, est généré par un esprit astral qui contient aussi en lui les germes de sa future dissolution. Les anciens Grecs appelaient le monde sublunaire le « monde des générations et des corruptions ».

Il s'agit donc bien de cet esprit aérien dont parle saint Paul dans son Épître aux Éphésiens (c'est pourquoi il dit : « alors même que nous étions morts »), et qui n'est autre que celui que décrivent les astrologues, en observant la carte du ciel à la naissance de l'enfant.

Cet esprit astral, ce daïmôn de Platon, « qui agit dans les fils de la désobéissance », c'est-à-dire les fils d'Adam, c'est le destin, ou la « nécessité » des Anciens, qui détermine le tempérament, le caractère et la vie de l'homme de ce monde.

Efforçons-nous à présent de chercher ailleurs la confirmation de cet enseignement, afin d'approfondir et de mieux comprendre les paroles de l'épître de saint Paul.

Nous en trouvons une première confirmation dans le Corpus Hermeticum d'Hermès Trismégiste, père de la tradition grecque :

Tous ces daïmones (ou génies qui régissent le destin) ont reçu en lot plein pouvoir sur les affaires de la terre et sur les désordres qui s'y produisent, et ils provoquent toutes sortes de troubles, et en général pour les cités et les peuples, et en particulier pour chaque individu. Car ils cherchent à remodeler nos âmes dans leur intérêt et à les exciter, installés dans nos muscles et nos moelles, dans nos veines et nos artères, dans le cerveau lui-même, et pénétrant jusqu'à nos propres entrailles. Car, une fois que chacun de nous est venu à naître et a été animé, il est pris en charge par les daïmones qui sont de service à cet instant précis de la naissance, c'est-à-dire par les daïmones qui ont été placés sous les ordres de chacun des astres.

Car les daïmones se remplacent mutuellement d'instant en instant : les mêmes ne restent pas en fonction, mais ils servent à tour de rôle4. Ces daïmones donc, après avoir pénétré à travers le corps dans les deux parties de l'esprit, le tourmentent, chacun dans le sens de sa propre activité. Seule [...] l'âme, échappant à la souveraineté des daïmones, demeure stable, prête à devenir le réceptacle de Dieu5.

L'intellect, ô Tat, est tiré de l'essence même de Dieu [...]. Dans les hommes, cet intellect est Dieu [...]. [...] En réalité, c'est sur toutes choses que domine l'intellect, c'est-à-dire le moi de Dieu, sur la fatalité, sur la loi et sur tout le reste ; et rien ne lui est impossible, ni d'établir l'âme humaine au-dessus du destin [...]6.

Si donc, dans sa partie essentielle ou âme, un homme reçoit la lumière du rayon divin par l'intermédiaire du Soleil (de tels hommes, à eux tous, sont en bien petit nombre), en ce cas les daïmones sont réduits à l'impuissance, car nul, ni des daïmones ni des dieux, n'a de pouvoir d'aucune sorte contre un seul rayon de Dieu7.

Nous trouvons ici exprimé par la sagesse des Grecs, le mystère de la grâce des chrétiens, le don de Dieu dont parle saint Paul, qui transcende le destin astrologique. Et Hermès termine :

Quant aux autres hommes, ils sont tous tirés à hue et à dia, corps et esprits, par les daïmones, et ils aiment, ils chérissent les activités des daïmones en eux. [...] Ainsi donc le gouvernement de notre vie terrestre est tout entier au pouvoir des daïmones, par l'intermédiaire de nos corps : et c'est ce gouvernement qu'Hermès a nommé Destinée8.

Voilà donc expliquée par Hermès, la phrase de saint Paul :

Et vous qui étiez morts [...] jadis [...], suivant l'esprit de ce monde, sous le prince de la puissance de l'air, sous cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la désobéissance [...].

Le destin astral conduit bien à la mort physique et psychique. Sans le don de Dieu, l'homme en ce monde est un mort en sursis.

Voyons à présent un Père de l'Église chrétienne, qui précise davantage ce que la tradition grecque nous a expliqué à propos de ces deux générations, celle de l'esprit astral et celle de l'Esprit divin.

Clément d'Alexandrie (IIe siècle), comme Hermès, s'exprime en astrologue averti, mais aussi en connaisseur de l'enseigne-ment du grand docteur qu'était saint Paul :

Le destin est la rencontre de Puissances nombreuses et opposées : celles-ci sont invisibles et n'apparaissent point ; elles règlent le cours des astres et gouvernent par eux. Car, selon que chacun de ces astres se trouve arrivé à la première place, étant élevé dans le mouvement collectif du monde, il lui échoit la domination sur les êtres engendrés à ce moment décisif9 comme s'ils étaient ses enfants. Ainsi donc, par les étoiles fixes et les planètes, les Puissances invisibles véhiculées par ces astres régissent les générations et y président [...].

[...] Ainsi donc les douze signes du Zodiaque et les sept astres qui se déplacent sur eux, tantôt en conjonction, tantôt en opposition, astres ascendants ou astres cadents [...], ces astres, mus par les Puissances, révèlent le mouvement de la substance10 aboutissant à la génération des êtres vivants et l'évolution de l'ensemble des aspects. Et ces astres comme ces Puissances sont d'espèces différentes : bénéfiques ou maléfiques, dextres ou senestres, dont la conjoncture produit l'engendré ; chaque être, par ces influences, a sa génération à un instant qui lui est propre, l'élément dominant étant réalisateur des conditions de la nature, en partie au commencement de la vie, en partie durant la réalisation.

À cette dissension et à cette bataille des Puissances, le Seigneur nous arrache et nous apporte la paix en nous retirant du front de combat des puissances [...]11.

Clément continue en comparant cet esprit astral au mauvais pasteur, auquel fait allusion l'Évangile de Jean12, qui s'enfuit en abandonnant ses brebis lorsqu'il voit approcher le loup, c'est-à-dire la mort. Par opposition au mauvais pasteur, le Christ s'intitule le Bon Pasteur, parce que son esprit communique la vie à ses brebis13. Clément d'Alexandrie poursuit :

C'est pourquoi le Seigneur est descendu pour apporter la paix, celle du ciel [c'est-à-dire la grâce céleste], à ceux qui sont sur la terre, ainsi que le dit l'Apôtre : « Paix sur la terre et gloire dans les hauteurs » (Luc II, 14). C'est pour cette raison qu'un astre (¢st»r) étranger et nouveau s'est levé, détruisant l'ancienne ordonnance des astres, brillant d'une lumière neuve qui n'est pas de ce monde et traçant de nouvelles voies de salut, comme l'a fait le Seigneur lui-même, Guide des hommes, lui qui est descendu sur la terre, afin de transférer, de la fatalité [du destin] à sa providence, ceux qui ont cru dans le Christ.

Mais que la fatalité existe, pour tous les autres, c'est ce que montre la réalisation des horoscopes ; et une preuve manifeste en est encore la spéculation de l'astrologie.

De même donc que la naissance du Sauveur nous fait sortir du devenir et de la fatalité, de même aussi son baptême nous retire du feu et sa passion, de la passion [l'esprit astral qui est comme un feu dévorant], afin que nous puissions le suivre en toutes choses. Car celui qui a été baptisé en Dieu a avancé vers Dieu et reçu le pouvoir de fouler aux pieds scorpions et serpents, les puissances mauvaises.

Et le Sauveur enjoint à ses Apôtres : Allez et prêchez ; et ceux qui croient, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans lesquels nous sommes régénérés en devenant supérieurs à toutes les autres puissances14.

C'est en ce sens que le baptême est appelé mort et fin de l'ancienne vie, puisque nous renonçons aux principautés mauvaises, et vie selon le Christ, seul maître de cette vie. La puissance qui produit la transformation du baptisé ne s'exerce pas sur le corps, car c'est le même homme qui remonte de l'eau, mais sur l'esprit (yuc»). Il n'est pas plutôt remonté du baptême qu'il est appelé serviteur de Dieu et maître des esprits impurs : et alors que ceux-ci l'obsédaient peu auparavant, voilà maintenant qu'ils frémissent de crainte devant lui.

Ainsi donc, jusqu'au baptême, la fatalité est réelle ; mais après le baptême, les astrologues ne sont plus dans la vérité. Ce n'est d'ailleurs pas le bain seul qui est libérateur, mais c'est aussi la gnose : Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? Vers quel but nous hâtons-nous ? D'où sommes-nous rachetés ? Qu'est-ce que la génération ? Et la régénération15 ?

Nous trouvons donc chez Clément d'Alexandrie la même idée que celle exprimée par saint Paul : la descente de l'« étoile » libère l'homme de l'ancienne ordonnance des planètes, c'est-à-dire du joug des puissances, du poids du destin astral. Clément d'Alexandrie, pour parler de l'étoile des Mages, emploie le mot grec ¢st»r, qui possède un sens bien précis pour ses lecteurs grecs : il signifie « étoile » en général, « lumière », mais il peut aussi s'appliquer à l'étoile Sirius. Or cette étoile, qui appartient à la constellation du Grand Chien (au 13e degré du signe du Cancer), était appelée Sotis par les Égyptiens, qui l'avaient consacrée à la grande déesse Isis. L'étoile des mages représente donc la « Dame aux mille noms ».

Ce n'est certes pas un hasard si saint Paul affirme dans le texte déjà cité : « C'est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Et cela ne vient pas de vous ; c'est un don de Dieu ».

En effet, la grâce représente pour les premiers chrétiens exactement ce que l'étoile Sotis représentait pour les Égyptiens, c'est-à-dire la grande Dame du Ciel, Isis, celle qui a dit :

Je suis la Nature, mère de toutes choses, dominatrice des éléments, source première des générations, divinité suprême, reine des mânes, inspiratrice des cieux, visage immuable des dieux et des déesses : les voûtes lumineuses du ciel, les brises salubres de la mer, les silences sinistres des enfers, c'est ma volonté qui les gouverne. Ma puissance est unique, bien que l'univers me vénère sous diverses formes, selon des rites variés, et sous de multiples noms16.

Pour les premiers chrétiens donc, l'étoile de Bethléem, la grâce ou le baptême représentent le même symbole, qui se réfère au mystère de la régénération, mystère qui semble avoir été perdu de façon relativement précoce dans l'Église. Le baptême rituel que nous connaissons n'en est plus que l'image. N'est-ce pas aussi saint Paul qui a dit :

Il se trouve sur la terre des prêtres chargés de célébrer un culte qui n'est qu'une image et une ombre des choses célestes, comme Moïse en fut divinement averti lorsqu'il dut construire le tabernacle : Regarde, dit le Seigneur, tu feras tout d'après le modèle qui t'a été montré sur la montagne (Épître aux Hébreux viii, 5).

Voilà pourquoi les premiers chrétiens, dont certains connaissaient le secret transmis au commencement, parlent un langage que nous ne comprenons plus ou que nous comprenons mal. En effet, nous en sommes arrivés à prendre l'image ou le symbole pour la réalité opérative et expérimentale dont ils sont les signes.

Dans cette optique, il est facile de comprendre pourquoi, à l'origine, les Pères de la tradition chrétienne ont jeté le discrédit sur la science astrologique, la jugeant inutile, nocive et même démoniaque. Ceux qui par l'opération effective de la grâce baptismale ont été transférés du pouvoir du destin astral ou astrologique à celui de la grâce ou de la providence, comme nous le dit Clément d'Alexandrie, ceux-là n'ont plus que faire de leur horoscope. Par contre, ceux qui n'ont pas bénéficié de ce don ne peuvent évidemment prétendre être délivrés du joug de leur destin.

Pour les premiers, c'est la grâce céleste, l'âme du monde, comme disaient les Grecs, qui les guide, les purifie et les illumine ; elle les régénère en esprit une fois pour toutes.

La grâce céleste est une eau vive, que les philosophes hermétiques appellent « eau ardente », car elle contient la force ignée qui anime l'univers. Elle seule peut libérer l'homme de son destin astrologique. Ainsi du point de vue du croyant, la science astrologique est nocive si elle lui fait oublier que Dieu dans sa providence, maître des astres, est plus important que les planètes et leurs transits.

Au XIIe siècle, nous trouvons le même enseignement chez Raymond Lulle. Dans son Arbre de la science, il considère hérétique « aquell qui ha major temor de Géminis e de Càncer que de Déu »17. Le terme « hérétique » pourrait paraître certes excessif, mais il faut replacer cette parole de Lulle dans son contexte historique. Car cette affirmation est plus profonde qu'il n'y paraît à première vue, si nous l'examinons dans l'optique qui nous occupe. En effet, Dieu est bien cette « volonté » qui habite l'âme du monde, qui donne le mouvement aux astres. C'est donc en elle que le vrai croyant a avantage à mettre sa confiance, plutôt que dans les planètes et signes astrologiques qui n'en sont que les instruments imparfaits et aveugles au niveau du monde sublunaire. C'est une question d'intelligence, mais aussi de foi, puisque c'est cette dernière seule qui peut donner accès au « don de Dieu », dont saint Paul nous a parlé au commencement.

Les premiers chrétiens, donc, disaient vrai lorsqu'ils affirmaient que le baptême affranchit l'homme du déterminisme astrologique, qu'il donne le pouvoir de « fouler aux pieds les puissances mauvaises », c'est-à-dire le destin astral. Il y a ici matière à profonde et lucide réflexion. Actuellement, sommes-nous bien certains, nous qui sommes baptisés, de bénéficier de ce pouvoir ? Sommes-nous réellement libérés de la domination du « Prince de la puissance de l'air » ? Tous ceux qui se sont donné la peine d'expérimenter l'astrologie, peuvent en douter sérieusement.

Ainsi donc, l'Église ne se trompait pas en déclarant que le baptême effaçait les effets du péché originel. Mais actuellement elle parle en images, et n'est plus à même de transmettre cette réalité baptismale à laquelle tant saint Paul que Clément d'Alexandrie ou Hermès Trismégiste font allusion. Le joug du destin astrologique continue à peser encore bien lourd sur ses membres : « Mais que la fatalité existe - dit Clément d'Alexandrie - pour tous les autres, c'est ce que montre la réalisation des horoscopes ».

Avant d'en terminer avec cet extrait de Clément d'Alexandrie, nous voudrions mettre davantage en exergue une phrase déjà citée : « La puissance qui produit la transformation du baptisé ne s'exerce pas sur le corps, car c'est le même homme qui remonte de l'eau, mais sur l'esprit (yuc») ». Ceci semble signifier que cette régénération produite par le baptême n'a d'effet que sur l'esprit et non sur le corps. Il s'agit de la régénération spirituelle, et non encore de la régénération corporelle qui peut en être l'achève-ment18.

Nous avons vu ce qu'enseignaient les Grecs sur la question du destin astrologique et sur celle du destin divin de l'homme. Nous avons constaté que la primitive Église semblait en parfait accord avec ceux-ci.

Il nous reste encore à interroger la tradition judaïque. Nous allons y trouver le même enseignement.

C'est le grand exégète Rachi, celui dont les commentaires accompagnent les éditions de la Bible hébraïque, qui nous donne l'explication qui va suivre, à propos du patriarche Abraham.

Abraham était originaire d'Ur en Chaldée, terre où les sages étaient d'excellents astrologues. Il avait donc, selon la tradition orale des Hébreux, une parfaite connaissance de la science des astres. Il avait vu dans son horoscope qu'il ne pouvait avoir de descendance. C'est pourquoi au chapitre XV de la Genèse, Abraham demande au Seigneur :

Que me donneras-tu, car je n'ai pas de fils ? Le Seigneur le conduisit dehors et lui dit : Regarde le ciel et compte les étoiles ; ainsi sera ta descendance (cf. Genèse XV, 5)19.

Rachi commente ce verset de la manière suivante :

Cela signifie : Sors de ton destin, de celui qui est écrit dans les étoiles (c'est-à-dire ton horoscope) ; tu as vu par l'étude des astres que tu n'auras pas de fils, mais ne médite pas sur cela, sur la science des astres, médite plutôt sur le secret de mon Nom20.

Le Seigneur dit que, par le pouvoir de son Nom sacré qu'il lui donne, Abraham pourra sortir de son destin astrologique et, malgré ce qui y est écrit, être le père d'une multitude.

Cette bénédiction que reçoit le patriarche ne dépend pas des astres, mais procède d'au-delà des astres, de Dieu même.

Les hommes soupirent après les étoiles sans savoir que le soleil roule sous leurs pieds et repose quelquefois dans leurs mains d'aveugles. 
« La pierre brute deviendra prière, et la prière deviendra pierre précieuse ».

Tous voient le ciel à découvert. Quelques-uns utilisent l'influence des étoiles. Une poignée capte la lumière de la lune. Mais un seul incarne la vie du soleil très parfait21.


1. Nous avons mis en italiques les mots qui annoncent les réflexions qui vont suivre.
2. La République, livre X, 614b et ss.
3. Nous avons préféré conserver le mot grec tel quel, et ne pas le traduire par « démon ». Daïmôn signifie : « divinité inférieure », « génie », « destin ».
4. Les planètes, se déplaçant continuellement, modifient à chaque instant leur influence ici-bas, et donc l'esprit astral.
5. Corpus Hermeticum, Belles Lettres, Paris, 1945, trad. A.-J. Festugière, t. II, traité XVI, 14 et 15.
6. Ibidem, t. i, XII, 1 et 9.
7. Ibidem, t. II, traité XVI, 16.
8. Idem.
9. Le moment de la naissance.
10. L'esprit astral.
11. Extraits de Théodote, Cerf, Paris, 1948, §§ 69 à 72.
12. X, 1 à 18.
13. C'est sans doute pour ce même motif qu'un des traités d'Hermès s'intitule Poimandrès, « pasteur des hommes », le bon pasteur.
14. Il faut donc croire qu'à l'origine les apôtres avaient reçu le pouvoir de transmettre ce « don de Dieu » qui affranchit du cycle des générations et corruptions, c'est-à-dire de la fatalité astrale.
15. Extraits de Théodote, op. cit., §§ 74 à 78.
16. Apulée, Les Métamorphoses ou L'Âne d'or, Garnier Frères, Paris, 1883, XXI 5, pp. 370 et 371.
17. « Celui qui a plus grande crainte des Gémeaux et du Cancer que de Dieu ».
18. Cf. MR XXXVI, 13 et 13' : « Les plus instruits parmi les étudiants des saintes et sages Écritures interprètent les mystères divins comme les symboles de la rénovation spirituelle de l'homme égaré dans ce monde. Combien parmi ceux-là comprennent que ces saints mystères décrivent aussi la régénération corporelle de l'homme crucifié ici-bas ? »
19. À propos de : « Le Seigneur le conduisit dehors et lui dit : Regarde le ciel et compte les étoiles », cf. « Tractatus Aureus », dans E. d'Hooghvorst, Le Fil de Pénélope, t. II, Table d'émeraude, Paris, 1998, pp. 141 et 142 : « [...] Les autres philosophes recommandent aux disciples de l'art de rechercher en eux-mêmes les racines minérales. C'est pourquoi ils disent : Connaissant les principes de ta naissance, la semence ou matière première dont la pierre est composée ne te sera plus cachée désormais. Cette locution semblera, certes, absurde à l'homme grossier et ignorant des arcanes naturels car il ne pourra imaginer dans son cerveau aucune similitude ni parenté que pourrait avoir la semence de l'homme, qui est animée, avec les corps, inanimés selon le dire de certains ignorants, des métaux et des pierres. Mais si je te faisais sortir avec Abraham de ta maison crasse et corporelle et si je t'amenais à contempler les astres spirituels reposant cachés en toutes choses, tu ne serais plus si réfractaire à notre sentence mais bien au contraire tu y pénétrerais des deux pieds. Ouvre donc les yeux et considère notre ciel philosophique mirifiquement orné d'une multitude infinie d'étoiles ».
20. Pentateuch, Rashi's Commentary, Dr. A.-M. Silbermann, Londres, 1946, p. 60.
21. MR III, 33 et 33'.

 

 

 

 

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