Terme | Définitions |
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PROTÉE | [Fabre du Bosquet, Concordance, Le Mercure Dauphinois, 2002, p. 43-44] 1 – Prothée est fils de Neptune ou de l’Océan qui désigne la mer des philosophes, Neptune, époux de la nymphe Phénice, dont le nom veut dire purpura color, c’est-à-dire que quand la mer des philosophes est devenue rouge comme celle de Moïse, Neptune a épousé la nymphe Phénice ; cette mer rouge accoucha de Prothée, c’est-à-dire de la terre promise, lequel Prothée ou matière des sages, comme disent Virgile et Philalèthe, se transforme en toutes sortes de choses. C’est cette transformation dont parlent les philosophes lorsqu’ils appellent cette matière, tantôt Dragon, Lion, Serpent, tantôt agile vautour ; l’allusion des métamorphoses de Prothée est prise tant des différentes couleurs que prend la matière que du changement qu’elle éprouve dans le cours des opérations hermétiques. [D’Hooghvorst, E., Le Fil de Pénélope, Beya, 2009, p. 22] 2 – Protée, Proteus, est un mot égyptien hellénisé: Prouti, à la fois le feu magique dompté et le magicien lui-même, ou le Pharaon des contes populaires. C’est lui que nous retrouvons dans les contes magiques, opérant toutes les métamorphoses. Il se change en toutes choses, en lion, en serpent, en arbre, en feu. Il devient un devin qui révèle tout à celui qui parvient à le piéger, le passé et l’avenir. C’est le mercure vulgaire ou universel. Les alchymistes s’efforcent de le fixer comme nous l’avons écrit plus haut, par une astuce aussi secrète qu’admirable. Mais ceci ne se peut faire sans une révélation divine apportée ici par Idothée: «Il fuira s’il me voit ou me devine...». [Héraclite, « Allégories d’Homère », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 157-158] 3 – Le récit sur Protée, que Ménélas étend si amplement, manifeste aussitôt son aspect entièrement trompeur. Rien de plus fictif que ce malheureux habitant d’un îlot égyptien, qui se traîne pour donner sa pleine mesure à un supplice immortel : une vie partagée entre la terre ferme et la mer ; un gîte infortuné où il dort en compagnie de phoques, de sorte que même ses agréments constituent un châtiment ! Sa fille Idothée qui porte préjudice à son père en le trahissant, afin d’aider un étranger ! Ajoutez-y les chaînes dont on le lie, et l’embuscade de Ménélas ! Puis ces multiples métamorphoses qui font adopter à Protée toutes les apparences qu’il veut ! On dirait qu’il n’y a là rien que des fables poétiques et invraisemblables, à moins qu’un hiérophante ne se serve d’un esprit céleste pour expliquer les mystères olympiens d’Homère. En fait, le poète fait allusion à la genèse de l’univers, à l’aïeule d’où le tout prit racine pour en arriver à la condition que nous voyons à présent. Il était une fois, en effet, des temps anciens où rien n’avait reçu l’empreinte d’une forme, et où tout était à l’état latent d’un limon. La genèse n’était donc pas encore arrivée, par des traits distincts, à la perfection de la forme. La terre, foyer de l’univers, n’avait pas de centre fixe et solide ; le ciel n’avait pas établi son mouvement cyclique éternel. Tout était solitude sans Soleil et sombre silence. Il n’y avait qu’une matière confuse, une inertie amorphe. Ensuite, le principe créateur de toutes choses, qui enfante le monde, attira l’empreinte salutaire à la vie et donna au monde (kÒsmoj) son arrangement (kÒsmoj). Il disjoignit le ciel de la terre, sépara la terre ferme de la mer. Puis les quatre éléments, racine et origine de l’univers, reçurent dans l’ordre leur forme propre ; après quoi, selon sa préméditation, Dieu les mélangea [...], alors qu’il n’y avait eu aucune distinction dans la matière informe. Or la fille de Protée s’appelle Idothée (E„doqša) ; à juste titre, puisqu’elle représente la vision (qša) de chaque forme (e„doj). C’est pourquoi Protée (PrwteÚj), bien qu’il soit primitivement (pr…n) une seule nature, se divise en de nombreuses formes façonnées par la Providence : Tout d’abord (prètista), il devient lion à noble crinière ; ensuite, dragon, panthère, grand porc ; il devient eau courante, puis arbre à haut feuillage. Le lion, animal igné, désigne l’éther. Le dragon représente la terre, interprétation due au seul fait que cet animal naît du sol ou de la terre même. L’arbre, dont tout croît et subit sans cesse une impulsion qui l’élève de la terre vers l’air, est un symbole de l’air. L’eau, enfin, est exprimée d’une manière plus manifeste, qui affermit le sens des allusions précédentes : Il devient eau courante. La matière informe porte donc bien son nom de Protée ; et la Providence qui façonne l’aspect de chaque chose, celui d’Idothée. Les deux font que tout se sépare distinctement pour devenir l’univers continu et ordonné. L’île où a lieu ce modelage porte le nom suggestif de Pharos (F£roj), le verbe fšrsai signifiant « engendrer ». [Charpentier A., Les mystères du Panthéon romain. L’ésotérisme de Virgile, S.l.n.d., p. 107 et n°1] 4 – Protée personnifie l'Ether alchimique, ce Premier élément qui est la source des quatre éléments manifestés. Protée est "premier" (gr. Prôteus ou Prôtos) dans l'ordre descendant de la manifestation ; mais il est aussi "le Cinquième" (la Quinte Essence) dans l'ordre inverse, qui vise à remonter jusqu'à l'Unité en partant des quatre éléments. A noter que ce dieu figure aussi le premier des Nombres… voir Géorgiques, IV, 387-424. Voir aussi : Pan 1 |