Écrit par : Platon
Titre : Protagoras
Date de parution : 1984
Éditeur : Les Belles Lettres
  
 
 
Platon, Protagoras [Œuvres complètes, t. III, 1], Les Belles Lettres, Paris, 1984, 86 pp.

 
Protagoras est un célèbre sophiste, en grec sofist»j, terme expliqué étymologiquement comme sofîn ™pist»mwn, «savant en choses sages» (312c). Le dialogue engagé avec Socrate, et auquel assistent nombre d’autres personnages plus ou moins connus (Hippias, Prodicos, Alcibiade, etc.), porte sur la question de savoir si la vertu s’enseigne.

L’écrit contient notamment le récit mythologique, proposé par Protagoras, de l’origine des races animales et humaine, pourvues de leurs qualités respectives par Épiméthée, celui qui «réfléchit après», et le prudent Prométhée, celui qui «réfléchit avant» (320c et ss.).

Il montre aussi une facette peu connue des Lacédémoniens, ou Spartiates, dont on ne retient en général que le militarisme poussé à l’extrême, alors que «l’éducation lacédémonienne donne des fruits excellents en matière de science et de discours» (342d). En effet, «beaucoup d’observateurs, dans le passé comme de nos jours, ont compris que laconiser [c.-à-d. faire comme les Laconiens ou Lacédémoniens] consistait bien moins à cultiver la gymnastique que la philosophie» (342e).

Enfin, le dialogue renferme un commentaire remarquable de Socrate sur un poème de Simonide, commentaire qui illustre parfaitement la différence entre la manière dont les Anciens interprétaient leurs propres œuvres poétiques, et celle dont les Modernes veulent souvent les comprendre (338e et ss.). Le traducteur, Alfred Croiset, ne manque d’ailleurs pas d’exprimer à plusieurs reprises en note son désaccord avec l’exégèse socratique.

«J’affirme, quant à moi, que l’art de la sophistique est ancien, mais que ceux des anciens qui pratiquaient cet art avaient coutume, pour éviter l’odieux qui s’y attache, de le déguiser et de le dissimuler sous des masques divers, les uns sous celui de la poésie, comme Homère, Hésiode ou Simonide, les autres sous celui des initiations et des prophéties, comme les Orphée et les Musée ; quelques-uns aussi, à ce que je vois, sous celui de la gymnastique, comme Iccos de Tarente, et de nos jours, ce sophiste égal aux plus grands, Hérodicos de Sélymbrie, et autrefois de Mégare ; de même, la musique a servi de déguisement à votre compatriote Agathocle, qui était un grand sophiste, ainsi qu’à Pythoclide de Céos et à beaucoup d’autres. Tous ces hommes, je le répète, par crainte de l’envie, ont abrité leur art sous ces voiles divers.» (316d et e)

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