Écrit par : Euripide
Titre :  Fragments
Date de parution : 2003
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 
 

Euripide, Fragments de drames non identifiés, Les Belles Lettres, Paris, 2003, X + 190 pp.

 
 
L’antique Diphilos a déclaré sur notre poète : «Euripide, ce poète d’or, a bien exprimé beaucoup de choses.» (p. 15) Ce quatrième et dernier volume des Fragments d’Euripide permet, une fois encore, de vérifier la chose.

Nous aimerions apporter ici une petite contribution à la discussion concernant le commentaire de Jean Lydus, cité à la p. 43 :

«Selon l’entourage de Cincius, Athéna est un esprit divin et immortel. C’est de là qu’Euripide met le nom d’Athéna ['Aqhn©] en rapport avec le mot “immortel” [¢q£naton].»

Wilamowitz pensait qu’il pouvait s’agir d’une allusion aux Phéniciennes, tragédie conservée d’Euripide, où il est question, au vers 235, d’une «déesse immortelle [¢qan£taj]» anonyme ; mais, ajoute la notice du présent volume, «l’identité de la déesse est controversée».

Nous pensons que Lydus fait plutôt allusion, entre autres, à Iphigénie en Tauride, vv. 1492 et 1493 :

«Ô déesse vénérable aux yeux des immortels (¢qan£toij) et des mor­tels, Pallas Athéna ('Aq£na) !»

Les deux mots cités en grec concluent les deux vers, ce qui montre bien qu’il s’agit d’une tournure étymologique voulue, telle qu’on en trouve si fréquemment chez les tragédiens ainsi que chez Homère. Celle-ci remonte d’ailleurs à l’Aède : on la trouve dans Iliade, II, 446 et 447, et dans plusieurs autres chants de la même épopée.

Pour conclure, nous regrettons que la notice juge utile d’ajouter : «Étymologie naturellement fantaisiste», comme si les antiques étymologistes ne méritaient pas d’être jugés d’après les critères qui fondent leur science, en non d’après ceux de la science étymologique moderne qui en sont aujourd’hui bien éloignés.

«Je hais le citoyen qui se montrera lent à assister sa patrie, mais prompt à lui causer de grands torts, plein de ressources pour lui-même, mais à court de moyens pour la cité.» (p. 16)

«Garde toujours fermement ta nature propre, comme l’or dans le feu.» (p. 61)

«Non, crois-moi, Dikè [la Justice] ne t’agressera pas, ne crains rien, elle ne te frappera pas au foie, ni toi ni aucun coupable parmi les mortels, mais en silence, s’approchant à pas lents, elle saisira les méchants à son heure.» (p. 66)

«Oui, il existe, dût-on se moquer de ce dire, Zeus, ainsi que les dieux qui voient les misères des mortels.» (p. 70)

«L’esprit [ou : l’intellect, Ð noàj], en chacun de nous, est un dieu.» (p. 81)

«A-t-on dans sa jeunesse négligé les Muses : on a perdu son passé et tué son avenir.» (p. 84)

«Quand au cours du temps, elle [Danaé] eut grandi et acquis une beauté sans égale en Grèce, Zeus le père, captivé par des attraits irrésistibles, désira partager sa couche en secret. Ne réussissant pas à la convaincre ouvertement, il recourut à une ruse de cette sorte : il se transforma en poudre d’or [¥puroj crusÒj, litt. “or non travaillé par le feu”, “or cru”], sachant qu’il s’agissait là d’un bien désirable pour les mortels, et à travers le toit il se coulait [·eÚseien] dans les mains de la jeune fille. Elle, dans l’ignorance de la ruse cachée, reçut dans son sein le dieu qui se glissait [coulait] en elle [e„sreonta].» (pp. 124 et 125)

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