Écrit par : Euripide
Titre :  Rhésos
Date de parution : 2004
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 
 

Euripide, Rhésos, Les Belles Lettres, Paris, 2004, LXXX + 80 pp.

 

Il existe des doutes sur la paternité de cette tragédie : on hésite entre Euripide, son fils, Euripide le Jeune, et Sophocle. Mais comme l’écrit Monsieur Jouan, le traducteur : «Au fond, là n’est pas l’essentiel : l’œuvre existe» (p. XV).

Toute la pièce est un développement de l’épisode homérique intitulée Dolonie (cf. Iliade, chant X) : les Grecs, malmenés par les Troyens qui se sont avancés jusque devant le camp naval, envoient nuitamment Ulysse et Diomède pour espionner l’ennemi ; de leur côté, et dans le même but, les Troyens envoient Dolon déguisé en loup. Ce dernier se fait surprendre par les espions grecs, leur livre des informations précieuses, avant d’être abattu. Les deux compagnons s’attaquent ensuite à Rhésos, allié des Troyens fraîchement arrivé de Thrace et endormi parmi ses soldats : ils le tuent et lui volent ses «coursiers d’une blancheur plus éclatante que la neige» (v. 304).

Environ un quart des mille vers du Rhésos a été repris dans le centon byzantin intitulé La Passion du Christ (cf. p. LXXV). Le personnage de Rhésos est en effet de nature divine : fils du fleuve divin Strymon et d’une Muse, il est lui-même comparé à un da…mwn(v. 301), voire à «Zeus porteur de lumière» (v. 355).

Après sa mort, il devient l’objet d’une véritable Pietà, porté et pleuré par sa mère: «Je tiens dans mes bras mon fils et c’est moi qui chante la plainte funèbre» (vv. 948 et 949)

Le destin de Rhésos n’est d’ailleurs pas celui d’un mort ordinaire : «Il n’ira pas dans les sombres profondeurs de la terre. […] Mais caché dans les cavernes de la terre aux filons d’argent, homme-dieu, il restera là, vivant : ce sera le prophète de ce Bacchos qui habita la roche du Pangée, divinité révérée de ceux qui savent.» (vv. 962 à 973)

Pernety a longuement commenté la Dolonie ; en voici deux courts extraits :

«Il faut donc prendre la chose dans un autre point de vue [qu’historique], et remarquer avec Homère, que Rhésus arriva vers la fin du siège, le dernier de tous ceux qui vinrent au secours de Troie… ; que ses chevaux étaient grands, beaux, plus blancs que la neige, et vites comme le vent. […] Tout est parfaitement combiné dans ces fatalités, comme dans Homère, et il n’y a rien de ridicule quand on prend les choses dans le sens allégorique qu’elles ont été dites. Rhésus vient sur la fin du siège, et ne devait pas arriver plus tôt. Ses chevaux étaient blancs, cette couleur en est la preuve, puisque la couleur blanche indique dans la matière le commencement de la fixité, et ne se manifeste que vers la fin de l’œuvre.» (Les Fables égyptiennes et grecques dévoilées, t. II, p. 569)

«La matière étant au noir représente la nuit et le sommeil ; le massacre de Rhésus et des Thraces signifie la dissolution, et la mort de Dolon aussi. […] Après le massacre qu’ils en font, ils emmènent les chevaux blancs de Rhésus ; voilà la volatilisation de la matière, qui se fait après la putréfaction, à laquelle volatilisation se manifeste la couleur blanche.» (ibid., pp. 575 et 576)

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