Écrit par : Euripide
Titre :  Le Cyclope - Alceste -
Médée - Les Héraclides
Date de parution : 1947
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 
 
Euripide, Le Cyclope, Alceste, Médée, Les Héraclides, Les Belles Lettres, Paris, 1947, XXXIX + 240 pp.
 

Euripide, de cinq ou de dix ans le cadet de Sophocle, est le troisième grand tragédien grec ; il mourut vers la même époque que son rival, en 406 avant J.-C. De ses 92 pièces, nous n’en avons aujourd’hui que 18.

Ce qu’il fait dire à un de ses personnages, doit probablement s’appliquer au poète lui-même : 

«Nous avons, nous aussi, notre Muse, qui entretient avec nous commerce de sagesse.» (Médée, 1085 et 1086)

Nous avons pris l’habitude de qualifier ce genre d’affirmation de topos, de lieu commun littéraire «obligé». Tout ce qui n’entre pas dans notre cadre de pensée cartésienne est appelé topos, comprenons : serait dépourvu de tout fondement. Ici, le qualificatif prouverait au moins une chose : que ceux qui l’adoptent n’ont jamais rencontré de Muse.

Euripide a été élève, entre autres, d’Anaxagore, de Protagoras, de Socrate ; il avait mieux à proposer que d’amuser son public avec des scènes à rebondissements.

Le Cyclope est le seul drame satyrique conservé de l’Antiquité. Le drame satyrique est d’un genre plus léger que la trilogie tragique qu’il doit conclure. Il met en scène des satyres, compagnons de Dionysos, le dieu du théâtre grec. La pièce d’Euripide est un exemple typique de commentaire du texte homérique : l’épisode d’Ulysse visitant le Cyclope est respecté jusque dans les détails, mais le poète y introduit Silène et d’autres satyres, tombés à leur tour entre les mains du géant monstrueux, et formant alors avec les compagnons d’Ulysse une équipe douteuse et comique. Ainsi, on devinera aisément que le vin servi par l’intermédiaire de Silène n’atteindra pas sans mal le gosier de Polyphème ! Les vers 566 et ss. illustrent pleinement le commentaire qu’Emmanuel d’Hooghvorst propose de la beuverie : «Trois mesures de vin doux, demande l’Éon de ce monde : le rut, le rêve et la ruse» (Le Fil de Pénélope, t. I, p. 42).

La tragédie Alceste raconte comment le vertueux Admète, ayant reçu des dieux la faveur de retarder l’heure de sa mort, si une autre personne accepte de mourir à sa place, est sauvé par le sacrifice généreux et spontané de son épouse. Ému par son deuil, Héraclès, à ce moment-là hôte d’Admète, se propose d’arracher Alceste aux griffes de la mort. Le héros finit par la ramener voilée et silencieuse :

«Il ne t’est point permis d’ouïr sa parole avant qu’elle ait été purifiée de sa consécration aux dieux infernaux, et que pour la troisième fois se soit levée la lumière» (Alceste, 1144 à 1146).

Médée raconte l’effrayante vengeance exercée par l’épouse de Jason, délaissée par lui pour une autre femme. Signalons ici que les chrétiens jugèrent les vers d’Euripide suffisamment inspirés pour en composer un centon intitulé La Passion du Christ (cf. p. XXXIII). N’y lit-on pas :

«C’est chose horrible que le sang d’un dieu tombe sous les coups de mains humaines» (Médée, 1256 et 1257).

Enfin, Les Héraclides relate comment la famille d’Héraclès, persécutée à son tour par Eurysthée, perpétuel bourreau du héros, trouve refuge et salut auprès de Démophon, roi hospitalier d’Athènes :

«L’homme juste est au monde pour le bien d’autrui» (Les Héraclides, 2).

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