Écrit par : Louis Cattiaux
Titre :  Art et Hermétisme
Date de parution : 2005
Éditeur : Beya
 
 
 
 

L. Cattiaux, Art et hermétisme (Œuvres complètes), Beya, Grez-Doiceau, 2005, 560 pp.

 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l’œuvre écrite de Louis Cattiaux (1904-1953), nous ne pouvons que recommander avec le plus grand enthousiasme cette édition qui, outre le magistral Message Retrouvé, contient aussi un recueil de Poèmes, des Litanies hermétiques, des Acrostiches du mercure, un Conte sur l’humilité, et last but not least le très précieux essai Physique et métaphysique de la peinture.

Sans exagérer, nous ne voyons quasi pas une ligne de cet ouvrage qui ne mérite d’être citée et mise en exergue. Art et hermétisme fait incontestablement partie du patrimoine philosophique et artistique, non seulement de la France, mais du monde entier. En ignorer le contenu serait aussi inimaginable que déshonorant pour tout amateur de Belles Lettres digne de ce nom.

Non que Cattiaux cherchât à produire de la “littérature” ! Bien que la forme de ses écrits soit manifestement très soignée, le contenu prime, et de loin, sur tout aspect “poétique” ou autrement séduisant.

Le Message Retrouvé rappelle, en termes variés et insistants, la condition humaine telle qu’elle a été décrite par tous les grands maîtres des différentes traditions : l’homme est tombé ou exilé dans un monde qui lui est étranger et hostile. L’organiser fut, est et sera toujours un pis-aller : le malheur, la maladie et la mort ont et auront toujours raison de l’être humain, malgré ses efforts incessants et souvent désespérés pour y améliorer sa survie. En sortir une fois pour toutes, recouvrer la santé, la joie, le bonheur et la vie éternelle, que Dieu est désireux d’accorder – plus que toute autre chose – à l’homme qui l’en prie simplement et sincèrement, à celui qui, dès ce monde immonde, cherche l’entrée qui mène à l’âge d’or : voilà l’intelligence véritable !

Certes, pour ces mêmes raisons, cet ouvrage ne plaira pas à ceux qui misent tout leur avoir et tous leurs espoirs sur ce monde-ci ; aussi ce Message ne leur est-il pas adressé, mais uniquement à ceux qui ne s’y sentent pas à leur place, qui soupçonnent assez nettement l’absurdité et la déchéance irrémédiable du monde qu’ils habitent.

Nous reproduirons ici une série de versets dans lesquels, d’une certaine manière, le Message se présente lui-même :

«Ce livre n’est pas pour tous, mais seulement pour ceux à qui il est donné de croire l’incroyable.» (p. 31)

«Si le livre aide un homme à parvenir jusqu’à Dieu ou à l’approcher, il n’aura pas été écrit en vain.» (III, 96)

«Le Livre départagera beaucoup d’hommes dans le monde, car certains seront confirmés dans la vie, et d’autres seront enfoncés dans la mort.» (VI, 45’)

«Le Livre est consacré à la gloire de Dieu, pour la délivrance des hommes et pour la plénitude des saints et des sages.» (VII, 61)

«Celui qui a rejeté la mort et affermi sa vie en Dieu, lira le Livre en tremblant de surprise et en pleurant de joie.» (X, 11)

«Le Livre est pour le plus subtil et pour le plus épais, car il participe du ciel et de la terre. Chacun y puisera selon sa capacité.» (X, 71’)

«Le livre enseigne à sortir de la mort et à reposer dans la vie, mais combien se passionnent pour ce mystère ?» (XII, 5’)

«Le Seigneur a ensemencé et nous avons produit le Livre pour tous les hommes de dessus la terre, pour tous ceux qui sont et pour tous ceux qui viennent, de toutes races et de toutes nations. Pour tous ceux qui ont de l’intelligence et qui ont mis leur foi dans la toute-puissance de Dieu.» (XIV, 8)

«Allons-nous encore longtemps refuser ou feindre d’ignorer le Livre quand nous nous intitulons croyants de Dieu ?» (XVI, 35)

«Le Livre n’est pas pour les savants du monde, ni pour les satisfaits, ni pour les agités, ni pour les vendus, ni pour les impies, ni pour les sectaires. Il n’est surtout pas pour les hypocrites.» (XVIII, 54)

«Le Livre n’est pas pour ceux qui se croient sauvés, mais pour ceux qui veulent être sauvés.» (XXVII, 12)

«Les incroyants disent : “Ce Livre n’est rien”, mais nous disons ceci : “C’est un monument que les croyants du ciel et de la terre visiteront avec vénération, alors que le nom des négateurs aura disparu pour toujours dans la mémoire de Dieu et des hommes”.» (XXI, 4)

«Le Livre est comme l’arche qui porte et qui transmet le secret de l’Unique. Beaucoup le porteront, mais peu le pénétreront.» (XXIII, 61’)

«Si on nous demande ce qu’est le Livre, répondons : une pierre sur laquelle les croyants s’appuient fermement, et une source à laquelle ils puisent sans cesse.» (XXVIII, 27)

«Les croyants qui liront le Livre seront transportés de joie et ils propageront autour d’eux la nouvelle, car le Seigneur disparu dans le ciel revient sur la terre et son règne approche certainement.» (XXXI, 3’)

«Le Seigneur Dieu nous a inspiré un Livre prodigieux et magnifique, nous ne craignons pas de le dire.» (XXXIII, 3)

«Non, ceci n’est pas un Livre pour les repus de monde qui se sont installés à demeure dans le cloaque de la mort. C’est un Livre pour les affamés du ciel qui cherchent en pleurant leur patrie perdue.» (XXXV, 41 et 41’)

«Ne parlant pas de la nécessité des choses mondaines ni de l’urgence des choses du siècle, le Livre ne sera ni reçu ni entendu par ceux qui s’organisent dans l’agonie du monde, ni par ceux qui y croupissent. Parlant de la nécessité des choses célestes et de l’urgence de la chose éternelle, le Livre sera reçu et entendu par ceux qui cherchent l’issue de leur prison obscure et par ceux qui espèrent le salut de Dieu.» (XXXVIII, 10 et 10’)

«Ce livre est le message d’un vin bu sagement en riant. C’est une mancie pasteur des amis d’un vivant. Isis, lumière cachée à la science sans cuisson, s’enfanta ce fruit.» (p. 21)

Dans l’œuvre poétique, citons «Au remède», tiré des Poèmes de la résonance :

«M’étant fourré le doigt dans l’œil, / Je vomis la raison, / Et tout redevint clair / Dans ma maison.» (p. 457)

Quant à Physique et métaphysique de la peinture, Cattiaux, lui-même créateur de peintures colorées et sublimes, y remet en évidence ce que nombre d’amateurs d’art, sincères ou hypocrites, ont oublié voire volontairement escamoté parmi les notions essentielles dans le domaine de la création picturale, du point de vue de l’artiste et de celui de l’observateur critique. L’auteur dénonce avec précision les supercheries, l’incompétence, l’amateurisme, etc. partout où ils se manifestent, et remet en honneur le goût de l’œuvre picturale accomplie, non de manière générale mais en donnant de nombreux conseils et informations directement pratiques.

L’ouvrage s’adresse et est accessible, non seulement aux peintres, mais à tous ceux qui aiment la peinture, voire les autres arts.

«L’art n’a jamais désespéré ou tué que ceux qui s’y vouèrent tout entiers. La science, par contre, extermine tout le monde, sans distinction. “L’art est l’arbre de la vie, comme la science est l’arbre de la mort”, a dit William Blake. Nous commençons seulement à savoir combien cette parole est vraie.» (p. 506)

«“La grandeur d’une société, voire sa prospérité, sont en proportion de l’attention qu’elle accorde aux arts et aux artistes”, a dit William Blake.» (p. 508)

«Toutes les institutions dégénèrent et périssent sous le flot des médiocres.» (p. 520)

«“Depuis un siècle, tous les jugements officiels se sont révélés faux”, a écrit Raymond Cogniat, ça devrait donner à réfléchir à ceux qui jugent, et pour dix papiers commerciaux, ils pourraient se payer une fois la joie de dire ce qu’ils pensent vraiment, quitte à se contredire ce jour-là. Il y a encore heureusement pas mal de critiques indépendants en France, malheureusement ils ne jouissent que d’une audience très restreinte par le fait même de cette indépendance.» (p. 521)

 

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