Écrit par : Anonyme
Titre :  La Bhagavad gîta
Date de parution : 1964
Éditeur : Courrier du Livre
 
 

La Bhagavad gîta, Courrier du Livre, Paris, 1964, 224 pp.

La Bhagavad gîtâ est sans aucun doute l’ouvrage le plus célèbre de toute la littérature hindoue, immense et hélas ! souvent mal connue en Occident. La langue ne devrait pourtant pas être une barrière insurmontable, car le sanscrit est une langue proche de très nombreuses langues européennes, anciennes ou modernes ; mais la plupart des Européens qui veulent chercher la sagesse en Inde ne prennent pas la peine d’étudier une langue qui devrait pourtant être le point de départ de leurs recherches !

La proximité du sanscrit et de quantité de langues européennes (qui justifie l’expression « langues indo-européennes ») se manifeste dans des mots tels que yoga, « union » (latin jugum ; grec zugÒn ; français joug et joindre ; néerlandais juk ; etc.) ; guru, « maître », en fait quelqu’un qui a du poids, de l’autorité (latin grauis, « lourd », « grave ») ; amrita, l’équivalent étymologique de l’ambroisie (a- privatif et mors, mortis, la « mort » ; grec ¥-m(b)rotoj, « immortel ») ; etc.

Frappante aussi est la proximité du terme sanscrit atma ou atman, « soi », « soi-même », et l’hébreu atsmo, qui a le même sens, alors que l’hébreu fait partie des langues sémitiques.

Un motif omniprésent dans la tradition hindoue est celle des réincarnations successives :

« De même qu’un homme jette des vêtements usés pour en revêtir de neufs, de même l’être incarné [ou : l’âme] jette les corps usés et entre en de nouveaux corps. » (II, 22)

Remarquons que la même image, exactement, est employée par Socrate dans le Phédon de Platon. La notion de réincarnation semble se trouver aussi dans le pythagorisme, bien qu’on puisse se demander ce que Pythagore entendait précisément par sa « palingénésie ».

En tout cas, la « réincarnation » entendue au sens d’un retour de l’âme, après la dissolution du corps, dans un autre corps déchu, est un échec – quoi qu’en disent de nombreux théosophes par exemple.

« T’étant pénétré de cette sagesse, ô Pârtha, tu briseras les chaînes du Karma. » (II, 39)

Le Karma est précisément la loi qui contraint les hommes, après leur mort, à revenir dans ce bas monde – qui est un enfer.

« Les sages, unis à la Pure Raison, renoncent au fruit, et, libres du joug des naissances, ils s’élèvent dans la région bienheureuse. » (II, 51)

« Quand ta Raison confondue par les textes des Saintes Écritures, se sera fixée immuable sur la contemplation, alors tu atteindras le Yoga. » (II, 53)

Ceci nous rappelle le verset du Message Retrouvé (XVIII, 67’) d’après lequel « la parole de Dieu humilie d’abord notre raison, ensuite elle communique secrètement sa lumière à l’âme avant d’illuminer l’esprit ».

L’idée de tradition ou de transmission est clairement évoquée dans les versets suivants :

« Le Seigneur béni dit : J’ai déclaré ce Yoga impérissable à Vivasvat ; Vivasvat l’a enseigné à Manu ; Manu l’a passé à Ikshvâku. C’est ainsi que par succession, les rois-sages l’ont obtenu. Mais avec le temps, ce Yoga est tombé dans l’oubli sur terre, ô Parantapa ! C’est ce même antique Yoga que je t’ai révélé aujourd’hui, car tu es Mon disciple dévoué et Mon ami ; c’est là, en vérité le secret du suprême. » (IV, 1 à 3)

« Pour la protection des bons, pour la destruction de ceux qui font le mal, pour le rétablissement ferme de Dharma [Loi, Justice, Vérité], Je renais de siècle en siècle. » (IV, 8)

« Comme les hommes viennent à Moi, de même Moi Je vais au-devant d’eux » (IV, 11).

« Parmi des milliers d’hommes un seul peut-être s’efforce d’arriver à la perfection ; de ceux dont les efforts sont couronnés de succès, il en est peut-être un seul qui Me connaisse dans l’essence. » (VII, 3)

Les passages suivants ont des résonances nettement évangéliques et chrétiennes :

« Je suis le Soi, résidant dans le cœur de tous les êtres. Je suis le commencement, le milieu et aussi la fin de tous les êtres. » (X, 20)

« Si tu étais même le plus grand des pécheurs, tu traverseras la mer du péché dans la nef de la sagesse. » (IV, 36)

« Même si le plus grand des pécheurs M’adore sans partage, il sera considéré comme un juste. » (IX, 30)

« La sagesse est enveloppée de non-sagesse ; c’est ce qui trompe les mortels. » (V, 15)

« En vérité, ceux qui font de Moi leur but suprême et acceptent pleins de foi ce nectar immortel (amrita) dont je t’ai désaltéré, ces disciples dévoués et fervents Me sont chers par-dessus tout. » (XII, 20)

« L’aumône donnée sans attendre rien en retour, dans la conviction qu’un don doit être fait, en un lieu et en un temps convenables et à une personne digne, cette aumône-là est pure. » (XVII, 20)

Concluons :

« Je t’ai révélé la sagesse plus secrète que le mystère lui-même. Médite longuement et agis selon ce que tu auras entendu. […] Tu ne dois jamais répéter cela à quelqu’un qui n’est pas maîtrisé ou qui est sans dévotion, ou bien encore à quelqu’un qui ne désire pas écouter ou qui parle mal de Moi. » (XVIII, 63 et 67)

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