Écrit par : Platon
Titre : Les Lois
Date de parution : 1976
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 

Platon, Les Lois (XI-XII), Épinomis [Œuvres complètes, t. XII, 2], Les Belles Lettres, Paris, 1976, 165 pp.

Dans les manuscrits, les douze livres des Lois sont toujours accompagnés de l’Épinomis, ou «Après-Lois», considéré parfois comme le livre XIII. Il n’est pas absolument certain qu’il soit de Platon ; l’insistance sur l’importance du nombre donne à cet écrit des accents pythagoriciens.

La citation initiale a un parfum paracelsien :

«Quel peut jamais être cet unique objet, que l’intellect médical sait, quant à lui, clairement définir ?» (Lois, 963b)

«Si nous enlevions le nombre à la race humaine, nous n’arriverions jamais à aucune sagesse.» (Épinomis, 977c)

Les scientifiques subodorent certes l’unité reliant entre eux tous les phénomènes étudiés, et ils la recherchent avec acharnement. Il n’est pas pour autant certain qu’ils aient, au sens platonicien, «les yeux toujours fixés sur l’unité», ni qu’ils demandent à Dieu la grâce de la percevoir ; aussi sont-ils obligés, dès lors, d’«invoquer la Fortune [ou le Hasard, tÚch]» :

«Il faut que toute figure, tout système numérique, toute combinaison harmonique, enfin le concert de toutes les révolutions sidérales révèlent leur unité à qui s’en instruit méthodiquement, et cette unité apparaîtra si, je le répète, on apprend correctement, les yeux toujours fixés sur l’unité, – car alors, à la réflexion, il apparaîtra qu’un lien naturel unique relie tous les phénomènes ; mais si l’on s’applique à ces études de quelque autre façon, il faut, nous le redisons, invoquer la Fortune. Sans ces connaissances, en effet, jamais, dans les cités, on ne verra jamais personne devenir heureux ; là est la méthode, là l’éducation, là les sciences ; pénibles ou faciles, il faut passer par là. Il n’est pas permis, d’ailleurs, de négliger les dieux, au moment où sur eux tous, nous a été manifestée avec méthode la révélation salutaire. Et celui qui a ainsi compris tout cela, je le proclame le véritable sage.» (Épinomis, 991e et 992a)

Le chercheur qui ne trouve pas ici-bas la sagesse, peut néanmoins espérer partager le sort du sage :

«J’affirme, à la fois par jeu et sérieusement, que lorsqu’un tel homme [le sage] accomplira par la mort sa destinée, si, comme nous l’assurons, il reste vivant après son trépas, il ne participera plus, comme à présent, à des sensations multiples, mais, en possession d’un sort unique, de multiple qu’il était devenu un, il sera heureux, au comble de la sagesse et en même temps de la félicité, qu’il vive, bienheureux, sur un continent ou aux Îles ; cet homme-là jouira éternellement d’une telle condition, et quiconque aura, sa vie durant, pratiqué ces recherches, en homme d’État ou en simple particulier, recevra des dieux un sort pareil et identique.» (Épinomis, 992b et c)

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