Écrit par : Platon
Titre : La République (I-III)
Date de parution : 1981
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 

Platon, La République (I-III) [Œuvres complètes, t. VI], Les Belles Lettres, Paris, 1981, CLIV + 140 pp.

Le sous-titre de l’ouvrage est : «De la justice, dialogue politique». De fait, dans le premier des dix livres dont se compose La République, Socrate s’efforce de définir la notion de justice. Dans le deuxième, il aborde avec ses principaux interlocuteurs, Glaucon et Adimante (frères de Platon), la question de la justice régnant dans la cité idéale. Le troisième parle notamment de l’éducation des gardiens de cette cité, au moyen d’espèces bien déterminées de poésie, musique, gymnastique.

Platon a choqué de nombreux lecteurs, jadis comme aujourd’hui, en exilant de sa République les poètes auxquels il se réfère d’habitude avec tant de vénération :

«Il semble donc que, si un homme habile à prendre toutes les formes et à tout imiter [par exemple, Homère] se présentait dans notre État pour se produire en public et y jouer ses poèmes, nous lui rendrions hommage comme à un être sacré, merveilleux, ravissant ; mais nous lui dirions qu’il n’y a pas d’homme comme lui dans notre État et qu’il ne peut y en avoir, et nous l’enverrions dans un autre État, après avoir répandu des parfums sur sa tête et l’avoir couronné de bandelettes. Pour nous, il nous faut un poète et un conteur plus austère et moins agréable.» (398a)

Le platonicien Proclus a longuement expliqué cette attitude surprenante de Platon, dans son Commentaire sur la République, où il montre qu’en réalité, l’admiration du philosophe pour le poète est restée intacte ; nous y renvoyons le lecteur curieux.

Contentons-nous de citer ici deux autres extraits du troisième livre de La République qui, outre qu’ils évoquent l’Âge d’or, ont des implications hermétiques. Après avoir expliqué que tous les citoyens sont nés de la terre, Socrate ajoute :

«Vous qui faites parties de la cité, vous êtes tous frères, […] mais le dieu qui vous a formés a mêlé de l’or dans la composition de ceux d’entre vous qui sont capables de commander ; aussi sont-ils les plus précieux ; il a mêlé de l’argent dans la composition des gardiens ; du fer et de l’airain dans celle des laboureurs et des autres artisans. Comme vous sortez tous de la même souche, vous aurez pour l’ordinaire des enfants qui vous ressembleront ; mais il peut se faire que de l’or naisse un rejeton d’argent, et de l’argent un rejeton d’or, et que les mêmes variations se produisent entre les autres métaux. Aussi le dieu enjoint-il aux magistrats tout d’abord et avant tout de surveiller les enfants, et de prêter l’attention la plus curieuse au métal qui entre dans la composition de leur âme ; et, si leurs propres enfants ont quelque mélange d’airain ou de fer, d’être sans pitié pour eux, et de rendre à leur nature la justice qui leur est due, en les reléguant parmi les artisans et les laboureurs ; si de leur côté  ces derniers ont des fils qui laissent voir de l’or ou de l’argent, de reconnaître leur valeur et de les élever au rang soit de gardiens, soit de guerriers, parce qu’il y a un oracle qui dit que l’État périra, lorsqu’il sera gardé par le fer ou l’airain.» (415a à c)

«On leur dira [aux gardiens de l’État] qu’ils ont toujours dans leur âme de l’or et de l’argent divins et qu’ils n’ont pas besoin de l’or et de l’argent des hommes, qu’il est impie de souiller la possession de l’or divin en l’alliant à celle de l’or terrestre, parce que des crimes sans nombre ont eu pour cause l’or monnayé du vulgaire, tandis que l’or de leur âme est pur.» (416e)

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