Écrit par : Sophocle
Titre :  Les Trachiniennes,
Antigone
Date de parution : 1955
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 
 
SophocleLes Trachiniennes, Antigone, Les Belles Lettres, Paris, 1955, 125 pp.
 .

Sophocle est, après Eschyle, le deuxième grand tragédien grec du Ve siècle avant J.-C. (496-406). Il semble avoir connu une existence à peu près paisible, et son talent poétique a toujours été honoré : auteur de plus de cent-vingt pièces, il n’aurait récolté dans toute sa carrière de compétiteur, que des victoires ou, au pire, des secondes places !

La tradition manuscrite nous a préservé seulement sept tragédies. Comparé à son prédécesseur, le poète introduit davantage de personnages sur scène et rend l’intrigue plus mouvementée, tout en visant une grande clarté dans l’exposé des faits.

Le théâtre européen en général doit tout à Sophocle qui, de son côté, n’a rien à envier à ses successeurs.

La pièce Les Trachiniennes emprunte son nom aux servantes de Déjanire, épouse d’Héraclès, installée à Trachis, ville de Thessalie, où elle se ronge d’inquiétude pour son mari absent depuis quinze mois, dans l’accomplissement d’un de ces exploits héroïques qui ont fait sa renommée. Aussi est-elle toute heureuse d’apprendre d’un messager son prochain retour, avant de céder de nouveau à l’appréhension, en entendant qu’Héraclès brûle d’amour pour une des esclaves ramenées de son expédition. Elle applique alors le conseil que lui avait jadis donné le centaure Nessus ; mortellement blessé par une flèche empoisonnée du héros, le monstre eut le temps d’indiquer discrètement à Déjanire que le sang s’écoulant de sa blessure constituerait un puissant philtre d’amour. C’est ainsi que Déjanire envoie au-devant de son mari une belle tunique imbibée du sang soigneusement gardé depuis des années, sans se douter que le poison qu’il contient agira comme un feu consumant chairs et os d’Héraclès…

On trouvera un enseignement intéressant sur la «tunique de Nessus» dans Le Fil de Pénélope d’Emmanuel d’Hooghvorst (Beya, Grez-Doiceau, 2009, p. 163), dans son commentaire sur le passage où le marquis de Carabas se baigne dans la rivière et perd ainsi ses habits :

«Ô l’humide nature déliant ta tunique, Nessus, où l’Hercule exilé se saoûla d’amertume ! Quelle douce rivière d’exquise santé ! Ainsi-soit-il à qui Tout est feu !»

Dans Antigone, l’héroïne brave sans hésiter l’ordre émanant du roi de Thèbes, Créon. Ce dernier avait formellement interdit, au mépris des lois divines, d’accorder des funérailles à Polynice, frère d’Antigone mais ennemi de la cité. Malgré les prières de son fiancé et de tout le peuple thébain, formulées en faveur de la jeune femme condamnée à mort, Créon s’obstine d’abord dans son jugement sévère, même devant les avertissements du devin Tirésias. Quand il change enfin d’avis, il est trop tard : le malheur retombe multiplié sur sa propre maison.

« – J’ai des raisons de croire, mais n’ai pas encore passé à l’épreuve.                   
– Pour être sûr, il faut agir. Même si tu crois posséder une certitude, tu ne la possèderas pas avant d’avoir tenté l’épreuve.» (Les Trachiniennes, 590 à 593)

«Il n’est rien sans doute au-dessus de l’homme qui possède en tout la science innée.» (Antigone, 720 et 721)

«La sagesse est de beaucoup la première des conditions du bonheur. Il ne faut jamais commettre d’impiété envers les dieux. Les orgueilleux voient leurs grands mots payés par les grands coups du sort, et ce n’est qu’avec les années qu’ils apprennent à être sages.» (Antigone, 1347 à 1353)

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