Écrit par : Aristophane -
H. Van Daele (trad.)
Titre :  Les Guêpes - La Paix
Date de parution : 1985
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 
 

Aristophane, tome II : Les Guêpes, La Paix, trad. H. Van Daele, Les Belles Lettres, Paris, 1985, 156 pp.

 

Dans les Guêpes, Aristophane dénonce une autre pratique néfaste, courante à Athènes : l’exercice de la justice confié par les démagogues à des citoyens inexpérimentés, payés pour juger et généralement condamner ceux, riches ou rivaux, que ces chefs politiques accusaient et traînaient devant les tribunaux. Le poète déteste d’autant plus cette manie qu’elle profite aux partisans de la guerre.

Le vieux Philocléon, maladivement enclin à siéger au tribunal dans l’unique souci de gagner sa vie, est enfermé chez lui par son fils Bdélycléon qui veut le guérir. Le père fait plusieurs vaines tentatives d’évasion, encouragé par une troupe de collègues, vieillards munis de poinçons qui servent traditionnellement à tracer le trait marquant la condamnation de l’accusé, et qui les font ressembler à un essaim de guêpes enragées. Bdélycléon parvient enfin à convaincre son père et ses compères qu’ils sont victimes de manipulateurs corrompus et dépourvus de scrupules. Toutefois, pour soulager les pulsions judiciaires invétérées de Philocléon, il lui permet d’instruire le procès du chien de la maison, accusé d’avoir dérobé et dévoré un fromage !

La Paix est une pièce remarquable pour la profondeur à peine déguisée de son sujet. Dégoûté par la guerre qui ravage la Grèce, le vigneron Trygée, chevauchant un énorme escarbot, monte au ciel pour demander des comptes à Zeus : pourquoi a-t-il abandonné le pays qui l’honore ? Arrivé au ciel, il rencontre Hermès, porte-parole du Père des dieux et des hommes, qui lui explique que Zeus est exaspéré par l’attitude des Athéniens. N’ont-ils pas à plusieurs reprises refusé la paix proposée par les Spartiates ? Aussi le dieu suprême a-t-il abandonné la Grèce entre les mains de Polémos, l’horrible Guerre personnifiée ! Cependant, Hermès montre une grotte dont l’entrée est bouchée de nombreuses pierres, et où Polémos a enfermé la douce et belle déesse Paix. Aidé par le chœur composé de laboureurs, Trygée parvient à la libérer. Revenu sur terre, il célèbre son mariage avec Opôra, déesse des fruits, compagne de Paix, et est salué par ses camarades comme le sauveur du pays.

Peu de jours après la représentation de la comédie, les belligérants conclurent la paix dite «de Nicias» (en 421 avant J.-C.).

Quelques extraits des deux comédies :

«[Le poète] lâcha les muses d’autrui pour mener par la bride ses propres muses.» (Guêpes, 1022)

«Il a un sentiment des convenances qui l’empêche de faire de sa muse une entremetteuse.» (Guêpes, 1028)

«À l’avenir, ô bizarres gens, quand vous aurez des poètes qui chercheront à dire et à inventer quelque chose de neuf, chérissez-les davantage et soignez-les : conservez-leurs pensées et mettez-les dans vos coffres avec les coings.» (Guêpes, 1051 à 1057)

«Il faut que je me fasse initier avant d’être mort.» (Paix, 375)

«Tu seras digne d’envie, vieillard, une fois redevenu jeune et frotté de parfums.» (Paix, 860 à 862)

«Qui donc refuserait ses louanges à un pareil homme, qui, au prix de tant d’épreuves, a sauvé la sainte cité ? Aussi, jamais ne cesseras-tu d’être envié par tous.» (Paix, 1034 à 1038)

«Aux dieux bienheureux il ne plaît pas encore de mettre fin aux cris de guerre avant qu’un loup n’épouse une brebis.» (Paix, 1075 et 1076a)

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