Écrit par : Sébastien Moureau
Titre : Le De anima alchimique
du pseudo-Avicenne
Date de parution : 2016
Éditeur : Sismel - Edizioni
del Galluzo
 
 
 

S. Moureau, Le De anima alchimique du pseudo-Avicenne, Sismel - Edizioni del Galluzo, Florence, 2016, vol. 1 (Étude), 451 pp. + vol. 2 (Édition critique et traduction annotée), 971 pp.

Le traité De l’Âme est un long traité alchimique attribué (faussement) à Avicenne, traduit de l'arabe en latin. Son influence est considérable dans la tradition hermétique, comme l’illustre la place prépondérante qui lui est accordée par Maïer, au début du cinquième livre de sa Table d’or des douze nations.

Nous devons à Monsieur Moureau une magnifique édition critique du texte, accompagné d’une traduction impeccable (vol. 2), et précédé d’une étude substantielle consacrée à l’auteur supposé du De Anima, à la doctrine et aux sources du traité, ainsi que d’un important glossaire, d’une bibliographie et de plusieurs index (vol. 1).

Le traité contient un très grand nombre de recettes, mais aussi, éparpillées dans la masse, de petites perles ; nous en citerons quelques-unes.

Permettons-nous une modeste observation sur la phrase suivante, dont les chiffres posent des problèmes d’interprétation aux commentateurs :

«Le petit cercle du Soleil est de 1 an moins 3 jours et ¼ de jour, sa course moyenne est de 28 ans, sa grande de 69 ans et ½, et sa très grande de 1500 ans.» (p. 420)

Nous nous demandons simplement si cette «très grande course du Soleil», qui est «de 1500 ans», ne peut pas être rapprochée du «long circuit des siècles» qui marque le retour du phénix, et dont la durée précise serait de 1461 ans, d’après les renseignements fournis par l’historien Tacite (Annales, VI, 28).

Voici plusieurs autres extraits du De Anima :

«La chose dont la tête est rouge, les pieds blancs et les yeux noirs, qu’est-ce ? C’est le magistère. L’aigle qui vole dans les airs et le sapo, c’est-à-dire le crapaud, qui se déplace sur la terre, c’est le magistère.» (p. 30)

«Ils n’ont dit cela que pour cacher le magistère. Et ceux qui disent “prends la pierre qui n’est pas une pierre, le soufre qui n’est pas un soufre, et l’orpiment qui n’est pas l’orpiment” ne le disent que pour cacher le magistère. Aucun d’entre eux n’a aimé son fils plus que moi je t’aime, car ils ne se préoccupent pas des noms parce que leur pierre est une. Et les idiots de venir, de faire l’œuvre comme ils le trouvent dans leurs livres, de ne pouvoir atteindre l’achèvement de l’œuvre et de dire que le magistère n’est pas vrai. Et c’est parce qu’ils ont dit que les philosophes étaient des menteurs et que le magistère n’était pas vrai que j’ai composé ce livre, et j’ai éclairé les aveugles, délivré les enchaînés, rendu intelligible ce qu’ils ne comprenaient pas, délié leurs liens, et je t’ai dit avec la puissance du Seigneur le secret des philosophes ainsi que leur intention.» (p. 346)

«Qui est le philosophe ? Celui qui aime la sagesse. Qu’est-ce que la sagesse ? Ce magistère.» (p. 622)

«Quand [le mercure] descend-il du ciel ? Aux heures où il se fait une grande chaleur et où le plomb se dissout, la fumée de plomb monte, descend et tombe sur les hautes montagnes, et ainsi le mercure peut être fait à partir du plomb.» (p. 672)

«Que Dieu te fasse du bien. Moi, tout ce que j’ai vu, je l’ai appris en lisant fréquemment, en dormant peu, en mangeant peu et en buvant moins encore. Et toute l’huile que mes amis ont dépensée en lumière pour boire du vin la nuit, moi je l’ai dépensée pour veiller et lire la nuit, et tout ce qu’ils dépensaient en nourriture, moi j’ai dépensé encore plus en lumière pour veiller et apprendre la nuit. Et si je n’avais pas fait cela, je ne connaîtrais pas le magistère.» (p. 624)

«Nous ne disons cette recette qu’aux médecins, qui sont des philosophes, qui connaissent toutes les sortes, toutes les matières et toutes les natures. Nous ne disons pas cela à l’homme ignorant, qui viendrait, trouverait cette recette, en donnerait à des hommes auxquels il ne faut pas en donner et les tuerait, car il ne connaît pas la matière de la médecine ni la matière de l’homme.» (p. 750)

«Donne à boire à ceux qui ont soif, rassasie ceux qui meurent de faim, habille les nus, chausse les déchaussés, et toi, n’aie pas faim, et tu auras le magistère.» (p. 858)

«Si quelqu’un veut te tuer, supporte d’être tué.» (p. 860)

Imprimer