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NARCISSE | [Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p. 136] 1 – Narcisse est ici l’emblème du métal dissous. Son nom grec N£rkissoj, vient de la racine N£rkh ou N£rka, engourdissement, torpeur. Or, les métaux réduits, dont la vie est latente, concentrée, somnolente, paraissent de ce fait demeurer dans un état d’inertie analogue à celui des animaux hibernants ou des malades soumis à l’influence d’un narcotique (narkwtikÒj, racine n£rkh). Aussi les dit-on ‘morts’ par comparaison aux métaux alchimiques que l’art a évertués et vitalisés. Quant au soufre extrait par le dissolvant, - l’eau mercurielle du bassin,- il reste le seul représentant de Narcisse, c’est-à-dire du métal dissocié et détruit. Mais de même que l’image réfléchie par le miroir des eaux porte tous les caractères apparents de l’objet réel, de même le soufre garde des propriétés spécifiques et la nature métallique du corps décomposé. De sorte que ce soufre principe, véritable semence du métal, trouvant dans le mercure des éléments nutritifs vivants et vivifiants, peut générer ensuite un être nouveau, semblable à lui, d’essence supérieure toutefois, et capable d’obéir à la volonté du dynamisme évolutif. C’est donc avec raison que Narcisse, métal transformé en fleur, ou soufre, - car le soufre, disent les philosophes, est la fleur de tous les métaux, - espère retrouver l’existence, grâce à la vertu particulière des eaux qui ont provoqué sa mort. S’il ne peut extraire son image de l’onde qui l’emprisonne, celle-ci lui permettra de la matérialiser en un « double » chez lequel il retrouvera conservées ses caractéristiques essentielles. |
NATURE | [Paracelse, La grande astronomie, Dervy, 2000, p. 41-42 (Prologue)] 1 – La nature est un tout parfaitement ordonné. Le mal se produit lorsque son ordre est transgressé. Elle est la mesure de toute chose, que le diable ne fait que fausser. Lucifer s’est lui-même perdu en dépassant la mesure qui lui était assignée. […] Cette quintessence ne renferme pas seulement le bien. Au cœur de la nature, Dieu a mis en concurrence le bien et le mal. Prise dans sa totalité, la nature sert la finalité que Dieu lui a assignée, et en cela elle est parfaite. En fait, lorsqu’elle se manifeste par des forces malfaisantes, la nature obéit à Dieu. [Paracelse, La grande astronomie, Dervy, 2000, p. 47 (Prologue)] 2 – L’homme ne subsisterait pas sans la nature, mais la nature elle-même a besoin de l’homme. La nature et l’homme sont dans un rapport de parfaite réciprocité. Quelle que soit son excellence, la nature ne produit rien qui ne soit inachevé. Toute la création est inachevée. De la part de Dieu, ce n’est nullement une carence. Dieu a voulu qu’il en fût ainsi. C’est le travail de l’homme qui doit mener la création à son terme. L’homme est appelé à transformer la nature pour la porter à son ultime perfection. [Dorn, Gérard, L’artifice chymistique, Beya, 2015, p. 140] 3 – C’est entre ces deux [la matière et la forme] que la nature s’offre en intermédiaire comme artisan. En effet, à partir de la forme universelle du tout, elle ne cesse de rénover chaque jour les formes spécifiques (mais créées d’abord par Dieu), devenues déficientes par corruption. Et elle n’est pas plus oisive, en bas, que ne l’est le mouvement des cieux. On dit qu’elle est l’excitation du ciel avec les éléments en vue de la génération de toutes les choses qui sont. [Maïer, Michael, La table d’or, Beya, 2015, p. 240] 4 – La nature privée de volonté (et d’intellect), procède insensiblement et peu à peu […] [D’Hooghvorst, E., Le Fil de Pénélope, Beya, 2009, p. 196] 5 – Qu’on veuille bien réfléchir à l’adage latin, Homo Homini lupus. Il ne faut pas confondre cette nature, appelons-la vulgaire, qui détruit toutes ses productions, avec la sainte nature dont parlent les maîtres de notre philosophie. C’est à propos de celle-ci, et non de l’autre, qu’ils ont dit, par exemple : « Demeure en la voie simple de la nature, suis-la pas à pas, recherche sa lumière ». |
NECHAMAH | Voir : Joseph 1 |
NECROMANTIE | [Paracelse, La grande astronomie, Dervy, 2000, p. 54 (Prologue)] 1 – La nécromancie est en premier lieu l’art de découvrir ce que fut la vie secrète d’un défunt en suivant les apparitions de son fantôme, car celui-ci, pour un temps, répète ses allées et venues. En second lieu, la nécromancie vise à capter les esprits et à les rendre dociles pour utiliser leurs services. Il ne s’agit pas seulement des esprits qui apparaissent là où les défunts ont vécu, mais aussi de ceux qui, émanant des étoiles, flottent entre ciel et terre. Ils représentent une réserve inépuisable, car ils meurent, mais, comme chez les hommes, toujours de nouvelles naissances compensent les disparitions. Ils sont différents les uns des autres et, pour se servir d’eux à bon escient, il faut les distinguer, comme le médecin qui choisit ses plantes. |
NECTAR | [Eustathe, « Commentaires sur l’Iliade », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 505-506 note 83 et 86] 1 – Cf. Proclus, Commentaire sur le Parménide, V, 1037, l. 29, à 1038, l. 3 : « Être efficace tout en n’éprouvant aucune difficulté, voilà qui est proprement divin. En effet, la fatigue de l’effort n’existe pas chez ceux pour qui Hébé fait couler le nectar, et leur action providentielle, après qu’ils ont bu le nectar, est libre et sans entrave. » Voir aussi Hermias, Commentaire sur le Phèdre, op. cit., pp. 156 et 157 : « Le nectar (nšktar) correspond à une nourriture liquide. Il signifie la providence divine que les dieux exercent envers les êtres secondaires ». Le nom exprime la privation de funérailles (ktšraj) et de sépulture, le verbe kter…sai signifiant “ensevelir”. Donc, quand les dieux ne permettent pas que ce qu’il y a dans le monde, ou même l’esprit, y soit enseveli, on dit qu’ils le saluent en l’accueillant avec du nectar. De même, quand on veut enseigner l’action providentielle des dieux, on les décrit occupés à se servir du nectar : “Parmi eux, la puissante Hébé verse le nectar ; avec des coupes en or, ils se saluent entre eux, tout en regardant vers la ville des Troyens” [Iliade, IV, 2 à 4]. À ce moment-là, en effet, leur providence veillait sur les Troyens. » Cf. Commentaires sur l’Iliade, t. I, p. 247, ll. 25 à 30 : « Le mot “nectar” (nšktar) s’explique étymologiquement par le verbe kt£w, “acquérir”, et la particule privative ne : le nectar est ce qui est non acquis, c’est-à-dire ce qu’aucun mortel ne peut acquérir. L’ambroisie (¢mbros…a) vient du a privatif et de brotÒj (“mortel”) : il s’agit de ce qu’aucun mortel ne possède [...]. On l’explique aussi comme un écoulement qui surmonte (Øperanaba…nein ·o»n) ou surpasse la corruption. » |
NEIGE | Voir : Brique 1 |
NEPHESH | |
NEPTUNE | [Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 1, Pauvert, 1964, p. 289-290, n°1] 1 – Le baphomet offrait parfois, avons-nous dit, le caractère et l’aspect extérieur des bucrânes. Présenté de la sorte, il s’identifie à la nature aqueuse figurée par Neptune, la plus grande divinité marine de l’Olympe. Poseidîn est, en effet, voilé sous l’icône du bœuf, du taureau ou de la vache, qui sont des symboles lunaires. Le nom grec de Neptune dérive de Boàj, génitif BoÒj, bœuf, taureau, et de e‡dwlon, image, spectre ou simulacre. Voir aussi : Divinité 1 |
NÉRÉE | [Pernety, Les Fables Égyptiennes et grecques, Archè, 2004, tome 1, p. 523-524] 1 – L’embarras est donc premièrement de trouver cette matière, et c’est sur cela qu’Hercule va consulter les Nymphes qui le renvoient à Nérée […]. Homère (Iliade, 18, 36) l’appelle le Vieillard ; et son nom signifie humide. Voilà donc cette matière si commune, si vile, si méprisée. Lorsqu’Hercule se présentait à lui, il ne pouvait le reconnaitre et avoir raison de lui, parce qu’il le trouvait chaque fois sous une nouvelle forme ; mais enfin il le reconnut, et le pressa avec tant d’instances, qu’il l’obligea à lui déclarer tout. Ces métamorphoses sont prises de la nature même de cette matière que Basile Valentin, Haimon et beaucoup d’autres disent n’avoir pas de forme déterminée, mais qu’elle est susceptible de toutes ; qu’elle devient huile dans la noix et l’olive, vin dans le raisin, amère dans l’absinthe, douce dans le sucre, poison dans un sujet, thériaque dans l’autre. Hercule voyait Nérée sous toutes ses formes différentes ; mais ce n’était pas sous celles-là qu’il voulait la voir. Il fit donc tant qu’enfin il le découvrit sous cette forme, qui ne présente rien de gracieux ni de spécifié, telle qu’est la matière philosophique. Il est donc nécessaire d’avoir recours à Nérée ; mais comme ce n’est pas assez d’avoir trouvé la matière vraie et prochaine de l’œuvre, pour parvenir à sa fin, Nérée envoie Hercule à Prométhée, qui avait volé le feu du ciel pour en faire part aux hommes, c’est-à-dire, au feu philosophique, qui donne la vie à cette matière, sans lequel on ne pourrait rien faire. [Cornutus, « De la théologie grecque », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 51] 2 – Nérée (NhreÚj) représente la mer ; son nom s’explique par le fait qu’on la traverse à la nage (ne‹sqai). On le surnomme « le vieux de la mer », parce que l’écume affleure sur les vagues, blanche comme des cheveux qui grisonnent. Le nom de Leucothée (Leukoqša), qu’on dit être fille de Nérée, signifie à peu près la même chose, à savoir la blancheur (leukÒn) de l’écume (¢froà). Voir : Matière 4 |
NEUF | [Sept Instructions aux Frères en saint Jean, Arma Artis, 2004, p. 101] 1 – Et ainsi est-ce par le nombre 9 que l’on désigne l’Assemblée, car elle est semblable à trois colonnes qui supporteraient chacune trois lumières. Et quoi que vous multipliiez à 9, l’addition des nombres obtenus sera toujours 9, car en l’Assemblée comme en ce nombre, il n’est rien qui puisse être changé ou altéré, ce en quoi l’Assemblée est vierge et le restera à jamais, bien que par le baptême elle ne cesse d’enfanter. Voir : Carré 1 |
NIL | |
NITRE | |
NOÉ | [Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p.340-341] 1 – Notons simplement que Noé, qui a la même valeur cabalistique que Noël (en grec Nîe), est une contraction de Nšoj-`Hlioj, le nouveau soleil. L’arche, ¢rc», indique le commencement d’une ère nouvelle. L’arc-en-ciel marque l’alliance que Dieu fait avec l’homme dans le cycle qui s’ouvre ; c’est la symphonie renaissante et renouvelée : Sumfwn…a, consentement, accord, union, pacte. C’est aussi la Ceinture d’Iris (Zènh), la zone privilégiée […]. |
NOËL | Voir : Noé 1 |
NOIR | [Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Pauvert, 1964, p. 108-109] 1 – La couleur noire fut donnée à Saturne qui devint, en spagyrie, l’hiéroglyphe du plomb, en astrologie une planète maléfique, en hermétique le dragon noir ou Plomb des Philosophes, en magie la Poule noire, etc. Dans les temples d’Égypte, lorsque le récipiendaire était sur le point de passer les épreuves initiatiques, un prêtre s’approchait de lui et lui glissait à l’oreille cette phrase mystérieuse : « Souviens-toi qu’Osiris est un dieu noir ! ». C’est la couleur symbolique des Ténèbres et des Ombres cimmériennes, celle de Satan, à qui l’on offrait des roses noires, et aussi celle du Chaos primitif, où les semences de toutes choses sont confuses et mélangées ; c’est le sable de la science héraldique et l’emblème de l’élément terre, de la nuit et de la mort. [Mallinger J., Pythagore et les mystères, Planquart, 1974, p. 72] 2 – La peau d’un agneau noir […] symbolise la nature animale, les passions violentes, les appétits grossiers dont le sage doit se dépouiller, pour arriver à la lumière. La couleur noire de cette peau rituelle est le symbole de l’aveuglement profane, dont le myste doit parvenir à se libérer. [van Kasteel, Hans (éd.), Oracles et Prophétie, Beya, 2011, p. 46] 3 – Selon l’exégèse hébraïque recueillie dans le « Commentaire multiple » ou Midrache rabbah, la femme « noire et belle » du cantique de Salomon serait la Knesset Israel, la « communauté d’Israël ». Les extraits du Midrache traitent des deux aspects de la Knesset Israel, selon qu’elle est objet de colère ou d’amour de la part de son Seigneur, c’est-à-dire selon qu’elle est séparée d’Israël ou réunie à lui. [van Kasteel, Hans (éd.), Oracles et Prophétie, Beya, 2011, p. 46] 4 – Comme le souligne le commentaire du Zohar, il n’y a pas de plus excellente restauration que celle qui inclut les êtres d’en bas, au point que même les anges la jalousent. C’est pour cette raison qu’Origène insiste, dans l’extrait suivant, sur l’importance de ne pas mépriser le premier aspect de noirceur, c’est-à-dire d’incarnation, car c’est précisément grâce à cela que Moïse obtint la grâce de contempler Dieu face à face. [Eustathe, « Commentaires sur l’Iliade », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 573] 5 – La « pierre noire » pourrait signifier ici la solidité de la prudence. Elle serait « noire » en raison de la profondeur et de la difficulté de voir et de comprendre ; « rude », puisque telle est la vertu d’après Hésiode ; « grande », à cause du sommet de la vertu ; enfin, elle gît là comme « délimitation du champ », puisqu’elle différencie les hommes, en ce sens que les vertueux se distinguent ainsi des médiocres. Voir aussi : Putréfaction 1, Saturne 3, Soleil 5, Mercure des Philosophes 1, Rose 1, Moly 5 |