Le goût amer

Merci cher Fou pour ces références précises !
Je lis dans mes notes concernant le fameux Livre des Morts des Égyptiens que la récitation du chapitre XC permet au défunt de recracher le goût du mal.

Amusant, la récitation du chapitre XC du Livre des Morts égyptien permet au défunt de recracher le goût du mal.

Ailleurs, au chapitre CII, l'acte de cracher est une image de la création.

Suggestif...

"Devant le Très haut je suis cousu de dettes", voilà une vérité bien amère et pourtant c'est par elle que tout commence.

L'Amande amère m'amène à m'amender, Amen.

Le Bon Pasteur nous a ouvert la voie,
crucifié, c'est du vin-aigre qu'il boit.
Juste après avoir confié sa mère,
au disciple qu'il a fait son frère.

Que Dieu nous sauve,
LeMat

De rien !

C'est un réel plaisir pour moi de découvrir et de pouvoir participer à ce forum où s'expriment des lecteurs du message retrouvé. Je me sens moins seul !

On peut dire que c'est de moi, je préfère dire avoir été inspiré.

Retour sur l'amertume !
Dans les Oracles chaldaïques (p. 61 Kroll ou fr. 129 des Places), on peut voir un parallèle entre l'amertume et la matière. C'est une image qui vient naturellement à l'esprit, souligne Pierre Hadot (art. "Bilans et perspectives sur les Oracles chaldaïques") à partir du moment où l'on considère la mer comme le symbole de la matière. Porphyre, dans l'"Antre des Nymphes" (34), fait d'ailleurs remonter cette métaphore à Homère. Dans la "Vie de Plotin" (22), le même écrit :
"Lorsque jadis tu t'efforçais d'échapper aux vagues amères et à la pénible agitation de cette vie cruelle, au milieu des flots et des sombres tempêtes..."
Et on trouve peut-être une amorce de cela dans Plotin (Enneades II, livre 3, §17) :
"Elle (l'âme inférieure) produit sans doute un être vivant [l’univers], mais un être vivant qui est moins parfait, qui jouit moins bien de la vie, parce qu’il occupe le dernier rang, qu’il est grossier et difficile à gouverner, que la matière qui le compose est en quelque sorte la lie amère des principes supérieurs, qu’elle répand son amertume autour d’elle et en communique quelque chose à l’univers."

Tous les commentaires cités ici prouvent bien la matérialité de cette matière amère qui se rapporte autant à la médecine qu'à la théologie.
Très souvent, on pense que les comparaisons physiques servent à démontrer en image des considérations métaphysiques qui, sinon, seraient indicibles. Mais je crois qu'en réalité, c'est l'inverse. La connaissance sensible décrit très fidèlement une chose mesurable, et ce n'est qu'après coup que nous la désincarnons vers des plans supérieurs.
L'amertume dont nous parlons depuis le début de ce forum est décrite trop précisément que pour n'être qu'une impression "psychologique" ou même spirituelle. La colère qui vient du foie, et l'atrabile ou mélancholie s'enflamme réellement chez les poètes, au point d'engendrer un corps prophétique. C'est dans ce sens qu'Homère dit dans l'Iliade:

"Chante, déesse (se trouvant corporellement en lui), la colère (tenace, qui reste en supprimant l'unité, et qui fait qu'Achille est seul), d'Achille."

C'est un phénomène médical, certes! Et on n'imagine pas un mariage sans deux CORPS qui s'unissent.

Merci Thalie pour ce beau passage de Grignion de Montfort, on ne s'en lasse pas!