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Écrit par : Euripide
Titre :  Héraclès -
Les Suppliantes - Ion 
Date de parution : 1976
Éditeur : Les Belles Lettres
 
 
 
 
Euripide, Héraclès, Les Suppliantes, Ion, Les Belles Lettres, Paris, 1976, 250 pp.
 

Dans Héraclès, on peut distinguer deux récits successifs.

Le premier raconte comment à Thèbes, Mégara, épouse d’Héraclès, leurs trois enfants, ainsi qu’Amphitryon, père supposé du héros, voient s’approcher l’heure de la mort. Car Lycos, usurpateur du trône aux dépens de Créon, père de Mégara, veut éliminer toute la famille de son prédécesseur. Quant à Héraclès, descendu vivant dans l’Hadès pour en arracher Cerbère – dernier de ses célèbres douze travaux –, des rumeurs affirment qu’il n’en reviendra plus…

La longue disparition d’Héraclès ressemble beaucoup à celle d’Ulysse dont il est dit : «Le ferment aurifique disparaît entièrement comme avalé par cette terre semblant l’avoir à jamais englouti» (Le Fil de Pénélope, t. I, p. 6).

Il en va de même pour son discret retour dans sa patrie, ainsi que pour la vengeance exercée contre Lycos et ses acolytes, rappelant le massacre des prétendants.

D’autre part, Ulysse est comparé à «l’or dont la nature s’irrite dans les souffrances du Grand Œuvre qui lui sont comme la passion nécessaire à sa résurrection» (ibid., p. 5). Cette résurrection (cf.¢nast»seie, v. 719) est aussi évoquée dans notre pièce :

«Toujours grand, l’ancien roi [ou : seigneur, ¥nax] est revenu vivant de l’Hadès.» (Héraclès, vv. 735 et 736)

Héraclès est aussi assimilé à l’adepte, ce qui s’accorde avec ses propos :

«Pour vaincre, j’ai vu les mystères (t¦ mustîn Ôrgia).» (Héraclès, v. 613)

Peut-être est-il permis de commenter la fin de la première partie en écrivant, avec l’auteur du Fil de Pénélope : «Le conte devrait se terminer ici, mais il y a une seconde partie qui est comme une autre histoire» (t. I, p. 194), d’autant plus qu’Euripide situe dans la seconde moitié des événements qui sont généralement censés se dérouler avant les douze travaux.

En proie à une soudaine rage qui lui a été envoyée par Héra, Héraclès abat de ses flèches son épouse et ses enfants. Une fois ce forfait accompli, il retrouve ses esprits. Il sombre dans le désespoir quand Thésée, roi d’Athènes, vient à Thèbes pour s’y montrer en ami reconnaissant et offrir à Héraclès une possibilité de rachat. En effet, en allant chercher Cerbère, Héraclès avait aussi délivré Thésée de l’enfer où il était plongé.

Citons ici deux petits extraits du commentaire que Dom Pernety a consacré à l’épisode, dans ses Fables égyptiennes et grecques dévoilées :

«Que doit-on penser de Thésée [QhseÚj] ? Son nom seul l’indique parfaitement dans mon système ; car il vient de q»j, “serviteur”, “domestique”, et c’est le nom que les philosophes ont souvent donné à leur mercure ; Philalèthe et bien d’autres le nomment “notre serviteur fugitif”, à cause de sa volatilité. […] Le mercure agit de concert avec l’artiste.» (t. II, pp. 465 et 466)

«Quand il [l’artiste] travaille sur la véritable matière, il sait ramener Thésée au séjour des vivants, c’est-à-dire qu’il sait la faire sortir du noir et la faire passer au blanc, après avoir lié le Cerbère.» (t. II, p. 471)

La tragédie Les Suppliantes n’a pas le même sujet que la pièce homonyme d’Eschyle. Ici, ce sont les femmes d’Argos qui, à Éleusis, viennent supplier les Athéniens de leur obtenir, si nécessaire par les armes, le droit d’ensevelir leurs fils morts à la guerre des Sept contre Thèbes ; les Thébains vainqueurs prétendent les priver de ce droit sacré.

«L’humaine raison prétend être plus forte que la raison divine : et, l’arrogance au cœur, certains se croient vraiment plus sensés que les dieux !» (Les Suppliantes, vv. 216 à 218)

«Comment la masse, incapable d’un raisonnement droit, pourrait-elle conduire la cité dans le droit chemin ?» (Les Suppliantes, vv. 417 et 418)

Ion doit son nom au jeune desservant du temple de Delphes sur les parvis duquel, nouveau-né abandonné, il fut jadis trouvé par la Pythie. Son nom (”Iwn), il le doit au roi d’Athènes qui, venu consulter l’oracle pour remédier à la stérilité de son couple, s’entend désigner comme père du premier venu („èn) qu’il croisera en quittant le sanctuaire. Heureux, le roi s’imagine reconnaître dans ce garçon le fruit d’une union furtive contractée dans sa jeunesse, longtemps avant son mariage. La reine Créuse, d’autant plus jalouse du bonheur de son mari qu’elle-même, jadis, a secrètement exposé et perdu de vue un enfant conçu d’Apollon, craint en Ion un dangereux intrus. En vraie marâtre, elle cherche à empoisonner celui qui, pourtant, est destiné à devenir l’ancêtre éponyme des Ioniens...

«Nous serions fous de croire que nous amènerons les Dieux, contre leur gré, à livrer des secrets qu’ils veulent nous cacher.» (Ion, vv. 374 à 376)

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