Terme | Définitions |
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PIERRE | [d’Ygé, C., Nouvelle assemblée des philosophes, Dervy, 1954, p. 113] 1 – Le terme de pierre philosophale signifie, d’après la langue sacrée, pierre qui porte le signe du soleil. Or, ce signe solaire est caractérisé par la coloration rouge, laquelle peut varier d’intensité. [d’Hooghvorst, E., Le Fil de Pénélope, t. 1, La Table d’émeraude, 1966, p. 120] 2 – Méduse, en effet, dans l’Antiquité, passait pour pétrifier ceux qui la voyaient ; elle les rendait insensibles comme la pierre. Ici, comme l’email, « smalto ». [d’Hooghvorst, E., Le Fil de Pénélope, t. 1, La Table d’émeraude, 1966, p. 310, n°3] 3 – La liqueur d’immortalité ou élixir de longue vie. Elixir, de l’arabe iksir, d’une racine KSR qui signifie casser, briser, fendre. Al iksir est le nom arabe de la Pierre Philosophale. [Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p. 94] 4 – « Notre pierre naît de la destruction de deux corps ». Nous préciserons que, de ces corps, l’un est métallique, l’autre minéral, et qu’ils croissent tous deux dans la même terre. L’opposition tyrannique de leur tempérament contraire les retient de jamais s’accorder, sauf lorsque la volonté de l’artiste les y oblige, en soumettant à l’action violente du feu ces antagonistes résolus. Après un long et rude combat, ils périssent épuisés ; de leur décomposition s’engendre alors un troisième corps, héritier de l’énergie vitale et des qualités mixtionnées de ses parents défunts. Telle est l’origine de notre pierre, pourvue dès sa naissance de la double disposition métallique, laquelle est sèche et ignée, et de la double vertu minérale, dont l’essence est d’être froide et humide. Ainsi réalise-t-elle, en son état d’équilibre parfait, l’union des quatre éléments naturels, que l’on rencontre à la base de toute philosophie expérimentale. La chaleur du feu s’y trouve tempérée par la frigidité de l’air et la sécheresse de la terre neutralisée par l’humidité de l’eau. van Lennep, J., Alchimie, Crédit Communal, 1984, p. 25] 5 – La pierre philosophale (l…qoj filosÒfwn) était au centre des opérations sans qu’il soit possible d’en déterminer exactement la nature. Sa fonction fut de permettre, par sa puissance, la transmutation d’un métal vil en or ou en argent. Au niveau mystique, elle recelait l’âme du monde, transmettait la force cosmique. Au niveau technique, elle était un agent tinctorial des métaux […]. Depuis l’antiquité, la pierre philosophale ultime était rouge et, curieusement, associée au cinabre qui est un sulfure de mercure. À cet intérêt pour le cinabre (ou vermillon) s’ajoute la croyance que tous les métaux avaient un constituant commun, le mercure qui est extrait du cinabre par grillage. L’on était convaincu que de tous les métaux, l’or était celui qui comprenait la plus grande proportion de mercure. Cette conviction fut renforcée par l’importance du mercure de toutes sortes d’amalgames pour imiter l’or, notamment à partir de cuivre. L’autre constituant de la pierre et de l’or fut le soufre qui composait également le cinabre. Soufre, mercure demeurèrent dans toute l’histoire de l’alchimie, les 2 entités fondamentales de la croyance. Il est vraisemblable qu’à l’origine de celle-ci, se trouve une opération chimique commune des Gréco-Égyptiens qui savaient, par sublimation ou distillation, fabriquer du vermillon artificiel (cinabre) ou sulfure de mercure artificiel. Le produit d’origine étant noir, cela expliquerait, l’importance que prirent immédiatement, dans la symbolique alchimique, ces deux couleurs La complication résulte du fait que, rapidement, les termes cinabre, soufre et mercure ne correspondirent plus aux produits réels mais plutôt à des qualités de la matière, à des états de celle-ci en cours d’expérience. Ainsi le mercure (par allusion à la nature de ce métal) correspondit-il à la liquidité, à l’humidité, à la froideur de la matière, tandis que le soufre représenta leurs contraires. Comme celui-ci tirait son nom de « dieu » en grec (qeÒn), toutes sortes de projections symboliques devinrent possibles. Le mercure fut l’ « eau » (la femelle) et le soufre le « feu » (le mâle) des adeptes, l’expression d’une vision dualiste et animiste de l’univers. [Le Rosaire des Philosophes, Librairie de Médicis, 1973, p. 221] 6 – C’est la pierre cachée, ensevelie au fond de la fontaine, rejetée sur les chemins, dans le fumier, recouverte d’excréments. L’unique pierre divine, pierre d’un seul, possède tous les noms. [Dorn, Gérard, L’artifice chymistique, Beya, 2015, p. 471] 7 – Tout ce qui est incorruptible et non diminué au feu et y reste, jubilant comme une salamandre, les philosophes disent que c’est une pierre, comme celle des philosophes qui se rend toujours meilleure et plus puissante dans le feu, sans être vaincue par sa voracité. [Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Pauvert, 1964, p. 195] 8 – Pierre des Philosophes et Pierre Philosophale sont donc deux choses semblables, en espèce et en origine, mais la première est crue, tandis que la seconde, qui en dérive, est parfaitement cuite et digérée. [Philalèthe, E., Bref Manuel pour obtenir le rubis céleste, Revue ARCA n° 1, décembre 2016, p. 38] 9 – La Pierre des Philosophes est une substance céleste, spirituelle, pénétrante, fixe, convertissant tous les corps en véritable or et argent par sa qualité de médecine ; ayant été soumise à toute épreuve, et cela par l’imitation de la nature et de ses opérations, de façon aussi proche que possible. L’art de la Chimie tourne autour de cette substance, il traite et instruit du mode et de la voie de cette conversion. Cette chose se fait, non par diverses choses, mais par une seulement, à laquelle rien n’est à ajouter ni à enlever, mais tout superflu est à écarter. [Khunrath, H., Amphithéâtre de l’éternelle sapience, Hanau, 1609, p. 156 et 157] 10 – La Pierre des Philosophes est ,yhla xvr, Ruach Elohim (qui reposait, incubebat, sur les eaux, Genèse I) conçu par la médiation du Ciel, (hvhy seul, par sa pure bonté le voulant ainsi) et fait corps, vrai et tombant sous les sens, dans l’utérus virginal du monde majeur primogénéré (prwtotokoj) ou du chaos créé, c’est-à-dire la terre, vide et inane, et l’eau ; c’est le fils né dans la lumière du Macrocosme, d’aspect vil (aux yeux des insensés) difforme, et presque infime ; consubstantiel cependant et semblable à son auteur (parens), petit Monde […]. |